Négociée en vue du sommet européen de jeudi et de vendredi prochains, celle-ci pourrait impliquer, selon plusieurs sources diplomatiques, un mécanisme de court terme prévoyant un rôle du FMI couplé avec une réforme à plus long terme des instruments de gouvernance économique européens. «Le gouvernement allemand n'exclut pas un soutien du FMI», a déclaré vendredi matin un porte-parole d'Angela Merkel, confirmant ainsi le changement d'approche de la chancelière allemande sur ce dossier. Cette hypothèse ne fait cependant l'unanimité ni à Berlin, où le ministère des Finances s'est dit «réservé», ni au sein du reste des Vingt-Sept, où l'on souligne que cette solution présente autant d'inconvénients que d'avantages. La Banque centrale européenne, la Commission européenne, le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, ou les autorités françaises soulignent qu'aucune garantie n'existe sur le fait qu'une intervention de l'institution dirigée par Dominique Strauss Kahn serait suffisante. Ils estiment aussi que le diagnostic du FMI pourrait aller jusqu'à impliquer une sortie de la zone euro pour la Grèce ou encore que cela donnerait un droit de regard inacceptable aux Etats-Unis et à la Chine sur les affaires européennes, sans parler des dégâts causés à la crédibilité de la zone euro. Dans une interview accordée à France 24, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a, toutefois, amorcé un virage en insistant sur le fait que «la Grèce et tous les Etats membres de l'UE sont membres du FMI». «Donc, ce n'est pas une question de prestige, c'est une question de voir quel est le meilleur moyen de répondre à la situation», a-t-il dit. Question des conditions Selon plusieurs sources diplomatiques européennes, les pays parmi les Vingt-Sept réticents à faire appel au FMI pourraient se ranger derrière cette solution si l'UE s'y voit reconnaître et respecter un rôle politique clé. «Il est essentiel que, lorsque nous nous occupons d'un pays de la zone euro, il y ait une direction européenne et une responsabilité européenne», a déclaré, vendredi matin, le commissaire aux Affaires économiques et monétaires Olli Rehn, sans exclure aucune option. Son porte-parole a, ensuite, dit que l'exécutif communautaire souhaitait «travailler très étroitement avec le FMI» même si jusqu'à maintenant le champ de cette collaboration s'est limité à des questions d'expertise technique. Dominique Strauss Kahn, en visite à Bruxelles cette semaine, a eu, jeudi, des entretiens avec Olli Rehn et avec le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy. Un diplomate appartenant à l'un des principaux pays de la zone euro a de son côté expliqué que «si le FMI intervenait, il ne le ferait pas nécessairement seul. On peut imaginer une combinaison entre plusieurs solutions». «Cela s'est déjà fait en Hongrie et en Lettonie. Ce n'est pas un scandale», dit un autre diplomate de haut rang participant aux négociations qui souligne que la question centrale reste celle des conditions associés à la formule des prêts bilatéraux privilégiée par les ministres des Finances. Pression sur Berlin Ce débat reste, cependant, conditionné à la capacité et la volonté allemande de donner un feu vert politique aux options techniques «clarifiées», lundi soir, par l'Eurogroupe. L'entourage d'Angela Merkel souligne avec insistance que Berlin ne peut pas s'engager sur cette voie pour des questions juridiques, même si ses partenaires minimisent cet argument et pointent les élections régionales d'avril comme raison centrale. Surtout que l'Allemagne reste très fermement attachée à la clause de «non-renflouement» d'un Etat par un autre -- l'un des piliers de la monnaie unique -- et juge qu'il faut préférer une solution de long terme plutôt qu'un mécanisme d'urgence.