Beaucoup d'encre a coulé sur le travail de la FIFA, certains osent en parler d'autres pas. Certains osent parce qu'ils réclament une mobilisation pour que cette instance qui décide, annule, corrige, bloque et provoque mais aussi séduit pour que l'intérêt que l'on sait puisse améliorer son image. Elle en a tellement besoin, à l'image de son secrétaire général, M. Urs Linsi, qui voyait en M. Jerôme Lechamps (voir article de jeudi), un homme électrique, d'une inspiration parfaite menant d'une main de maître sa mission dont il était investie, le dénonce non seulement pour «son incompétence» mais aussi pour «refus de coopération avec ses pairs, les chefs de département». Drôle d'excuse naissante ! M. Blatter, pris au piège de ces motifs décida de lui «retirer le poste de secrétaire-adjoint pour le rattacher au cabinet présidentiel avant de le nommer directeur des relations internationales». Ce qui serait intéressant de comprendre dans le limogeage de Jérôme Lechamps, c'est plutôt le son donné à l'architecture des motifs pour l'effacer de l'organigramme de l'instance sportive internationale. Ce n'est pas facile, nous le savons et d'ailleurs nous ne cherchons pas à comprendre. Mais, nous savons que «le comité exécutif de la Fifa se réunit le 5 décembre 2009 à Robben Island. Les présidents de confédération profitent pour tirer à vue sur M. J. Champagne Issa Hayatou, président de la CAF, Mohamed Bin Hammam (confédération asiatique de football) et Michel Platini de l'Union européenne de football. Leur principal argument : l'activisme sans frein de Champagne et ses initiatives intempestives», l'on pouvait lire dans le document d'Afrique Asie. Bref, poursuit le journaliste, M. Jérôme Champagne est accusé de n'en faire qu'à sa tête et il ne respecterait pas la prééminence des décideurs élus». L'histoire retiendra que le président de la CAF Hayatou, Bin Hammam et Platini avaient en 2004, tourné le dos à la candidature de l'Afrique du Sud pour le Mondial-2010 «et ils n'avaient pas tu leur préférence pour le Maroc». Drôle de stratégie, Hayatou, Mohamed Bin Hammam et Platini ambitionnent de succéder à… Joseph Blatter à la tête de la Fifa. Ils sont déjà en campagne, même s'ils ne le proclament pas haut et fort. En exigeant le renvoi de Champagne, les trois coalisés de Robben Island visent sans doute l'isolement politique de Blatter, son affaiblissement et celui de la Fifa. Ils cherchent à donner plus de pouvoir sportif et économique à leurs confédérations. Ils rejoignent ainsi les objectifs des projets Vision I et II, établis en 2005 par l'ancien président de l'UEFA, Lennart Johannsson. Projets qui voulaient transformer la Fifa en une institution émanant directement des confédérations continentales qui formerait un comité exécutif composé uniquement de leurs présidents. «A l'époque, souligne le journaliste, seul Hayatou avait soutenu Vision I et II. Blatter (Jérôme Champagne évidemment) et Platini les avaient combattus. L'échec du 6+5 Si Mohamed Bin Hammam, un homme d'affaires parachuté dans le football par l'émir du Qatar, affiche des ambitions tous azimuts, dont celle d'accueillir dans son pays la Coupe du monde en… 2022. (Il a signé avec la CAF un pacte qui interdit à celle-ci de recevoir les autres candidats !) et fait preuve de générosité en Asie et en Afrique, la présidence de la Fifa est un objectif irréaliste pour lui. Il ne le sera pas pour Platini en 2015. En 2007, il faut le rappeler aux amateurs du foot que Platini, le Français a été élu à la présidence de l'UEFA que grâce aux suffrages des anciens pays de l'Est. «Et dans sa quête du pouvoir, il n'a pas hésité pas à tirer profit de l'activisme de son compagnon de route, Jérôme Champagne. Mais voilà qu'il le rejette. D'aucuns pensent qu'il lui reproche d'avoir concocté la fameuse règle du 6+5. La réintroduction des quotas de joueurs a été rejetée par le Parlement européen. C'est peut-être cet échec politique qui a fragilisé Champagne et précipité sa disgrâce». D'ailleurs, Joseph Blatter, président de la Fifa, s'est dit «heureux» pour Michel Platini, lui qui vient d'annoncer en marge du Congrès de l'UEFA tenu cette semaine à Tel-Aviv qu'il briguerait un deuxième mandat à la tête de l'UEFA, «la suite normale de sa carrière», selon M. Blatter. «Vous avez vu la réception de son annonce dans la salle». Il y a eu une standing ovation. «On travaille ensemble depuis 1998 et je me vois très bien poursuivre avec lui», a ajouté M. Blatter. Ainsi va le monde du sport ! La balle est de nouveau au centre.