Les spéculateurs ont senti le danger. Ils interviennent sur les cours des marchés pour démobiliser les producteurs du tubercule. Nous avions déjà évoqué la chute des prix et mon confrère El-Ouahed Mohamed avait soulevé cette question dans l'édition de jeudi, où au niveau des marché de gros de la wilaya de Tipasa, les prix ont connu une chute spectaculaire. Ainsi, les mandataires proposaient d'acheter la pomme de terre entre 12 et 14 DA le kilogramme aux producteurs : un prix en deçà de prix de revient. Il est vrai qu'à Azazga et Sétif comme ailleurs la production est telle qu'à 20 DA le kilogramme, la pomme de terre ne trouve preneur que pour de très petites quantités. C'est une partie de bras de fer qui s'est engagée entre les producteurs et les spéculateurs et seul l'Etat peut soulager les maraîchers et mettre hors d'état de nuire les spéculateurs. Qui de nous ne se rappelle que durant la même période de 2009, la patate avait atteint les 100 et 120 DA. Habituellement, les «btaïtias», c'est comme ça qu'on les appelle désormais les cultivateurs de pomme de terre, ne se sont pas découragés parce que l'Etat a gagné leur confiance et la visibilité est pour eux pluriannuelle. Depuis l'automne 2008, tous les agriculteurs voient d'un nouvel œil le ministère de l'Agriculture. Ce sont les sangsues qui sentent le «danger» venir. Certains se sont déjà reconvertis dans d'autres créneaux. D'autres, dont les intérêts sont tellement importants, ne veulent pas se déclarer vaincus, ils jettent toute leur énergie dans un hypothétique espoir de remonter à la surface. Les maraîchers ne doivent pas avoir peur et se plier aux pressions des spéculateurs. «Nous avons démontré notre soutien aux producteurs de pomme de terre. Les décisions sont prises pour réactiver le Syrpalac, système de régulation des produits de large consommation», déclare le chargé de communication du ministère de l'Agriculture, Djamel Barchiche, ajoutant : «Cette baisse sensible des prix s'explique par la production obtenue en arrière-saison qui est évaluée à environ 1 million de tonnes, contre 700 000 à la même période de l'année écoulée. Ce gain est dû principalement à l'augmentation de la productivité passant de 20 tonnes à l'hectare à 26 t/h.» Dans les régions où les maraichages sont sous pivots, on produit jusqu'à 500 quintaux à l'hectare. Cette baisse des prix s'explique également par l'excellente production de pomme de terre de primeur évaluée, à fin mars 2010, à 79 000 tonnes, contre 37 000 à la même période de l'année dernière. Notons que la récolte de la pomme de terre de primeur n'est pas encore terminée, et l'on table sur une production de plus de 90 000 tonnes. Cet écart s'explique, selon Djamel Barchiche chargé de communication au ministère de l'Agriculture, par «l'augmentation des superficies dans les wilayas potentiellement productrices de pomme de terre». Aussi, cette donne s'explique par l'adhésion des agriculteurs à la politique de renouveau agricole mise en place par le ministère pour mieux organiser la filière de la pomme de terre et la professionnaliser. Elle est également le fruit du travail de proximité mené par les instituts techniques relevant du ministère de l'Agriculture en direction des agriculteurs à travers des actions de sensibilisation et des campagnes de vulgarisation. Ces actions ont incité les agriculteurs à utiliser des méthodes modernes tout en suivant les itinéraires techniques de la culture et respectant le calendrier des interventions, ce qui a permis d'améliorer considérablement le rendement. Par ailleurs, si la baisse considérable des prix fait l'affaire des ménages, cela n'est pas le cas des agriculteurs. Justement, pour éviter ce que cette situation ne leur porte préjudice, le ministère de l'Agriculture et du Développement Rural, via la SGP Proda, rachète le surplus de production auprès des agriculteurs pour le stocker dans des entrepôts frigorifiques. «L'Etat n'abandonnera pas à leur sort les producteurs de la pomme de terre», rassure le porte-parole du ministère de l'Agriculture. «Le Syrpalac vise justement à éponger les surplus de production et protéger les revenus des agriculteurs, pour que ces derniers puissent travailler en toute sécurité», indique M. Barchiche. Il assure que «les agriculteurs n'ayant pas les moyens de stocker leur production dans des entrepôts frigorifiques, la SGP Proda se chargera de payer les frais de stockage».