Les fouilles archéologiques, entamées depuis quelques semaines sur ce site historique par les équipes du centre national de recherches archéologiques d'Alger (CNRA), sont venues rappeler aux âmes oublieuses l'ingéniosité et le savoir-faire de ces grands bâtisseurs que furent les Zianides. Initiées dans le but de reconstituer ce palais, elles ont révélé beaucoup de traces de diverses époques (almoravide, almohade, zyanide, ottomane...), à en croire le responsable de ce chantier, M. Deriess Mohamed. Des structures entières enfouies sous des tonnes de terre ont été mises au jour laissant apparaître les traces d'un des quatre palais d'El-Mechouar, à savoir Dar El-Moulk», Dar Abi Fahr, «Dar Essourour et Dar Erraha. Les recherches effectuées à ce jour ne peuvent démontrer lequel de ces palais a laissé apparaître ce qui restait de ses merveilles mais les structures médiévales prouvent néanmoins toute la richesse de l'ornement et le savoir-faire des Algériens pendant le règne des Zyanides, analyse ce spécialiste. L'entrepreneur en charge de la restauration et de la reconstitution de ce palais, M. Mesmoudi s'est, lui, déclaré impressionné par la beauté et la précision notamment des sols et des murs couverts de petits morceaux de «zellidj» taillés et posés à la main. «C'est exceptionnel, sachant l'absence, à l'époque, de tronçonneuses servant à couper le zellidj», a-t-il dit. En effet, les fragments de poterie, de bouts de colonnes, de zellidj et de stuc ainsi que les épitaphes confirment clairement le génie des constructeurs de l'époque. Les structures du palais qui sont organisées autour d'un grand bassin et leur répartition spatiale prouvent également le goût architectural très développé des concepteurs de cet édifice. Les autres dégâts de la colonisation Ces fouilles ont, par ailleurs, permis, selon le conservateur du patrimoine archéologique, historique et «muséal» de Tlemcen, M. Chenoufi Brahim, de prendre la mesure des dégâts occasionnés par les forces coloniales du fait de la démolition, la juxtaposition et la superposition des structures de leurs bâtiments «dans l'espoir, a-t-il commenté, d'effacer un pan entier de l'histoire de Tlemcen et du pays. Des blocs entiers de cet imposant site situé en plein cúur de la ville de Tlemcen ont été endommagés, à la fois sur la superstructure et sur l'infrastructure. Des pierres tombales musulmanes ont été d'ailleurs découvertes utilisées comme dalots pour les réseaux d'eaux usées, a encore fait remarquer ce spécialiste. Les fouilles, qui se poursuivent à un rythme soutenu, ont également révélé des passages souterrains allant au delà des limites connues du palais, jusqu'à l'actuel restaurant traditionnel «Assila», près la porte principale du Mechouar, et à l'est, jusqu'au dessous de l'école d'arts culinaires de Tlemcen, une bâtisse post-coloniale qui «ne colle pas» avec le mode architectural de ce site considéré comme un haut-lieu de l'histoire de Tlemcen et du Maghreb, de l'avis des spécialistes du secteur de la culture. Une solution «définitive et appropriée», suggère-t-on, devrait être dégagée afin de rectifier les erreurs du passé et redonner à ce site sa vocation d'origine, c'est-à-dire historique, culturelle et touristique, surtout que la manifestation «Tlemcen, capitale de la culture islamique», en 2011, n'est plus si loin. Le site du Mechouar, chargé d'histoire et témoin vivant de diverses civilisations, pourrait, si des fouilles de grande envergure y sont menées, dévoiler tous les trésors (et les mystères ?) qui s'y cachent, selon les archéologues et les historiens.