Dans une lettre adressée à l'Union européenne, à la Banque centrale européenne (BCE) et au FMI, le ministre grec des Finances, Georges Papaconstantinou, a proposé d'engager des discussions sur «un programme pluriannuel de politiques économiques». Ce programme, a-t-il ajouté, «pourrait être soutenu par une assistance financière de la part des Etats membres de la zone euro et du FMI si les autorités grecques décident de demander un tel soutien». Le Fonds monétaire international (FMI) a annoncé peu après l'envoi d'une équipe à Athènes dès lundi et un porte-parole du gouvernement grec a précisé que cette équipe serait accompagnée de représentants de la Commission européenne et de la BCE. La Grèce et le FMI ont souligné qu'Athènes n'avait pas encore pris de décision sur une activation du mécanisme d'aide urgence annoncé dimanche dernier par les gouvernements de la zone euro. Caroline Atkinson, porte-parole du FMI, a précisé que l'équipe dépêchée par l'organisation multilatérale concentrerait son travail sur les politiques susceptibles de servir de base à des prêts. «Quand nous discuterons avec eux des politiques qui pourraient former la base, à un moment donné, cela pourrait se transformer en discussion sur l'arrangement (financier)», a-t-elle ajouté. Elle a assuré que le FMI pourrait travailler rapidement, sans toutefois donner un calendrier précis. L'activation du plan semble se rapprcher Un haut responsable du FMI qui a requis l'anonymat a déclaré que la Grèce avait exprimé, lors de discussions préparatoires, son intérêt pour un accord de prêt temporaire préventif de trois ans, auquel elle pourrait avoir recours uniquement en cas de nécessité. Il a ajouté que les financements apportés par l'UE à un plan d'aide conjoint devraient être assurés pour permettre le déblocage de crédits du FMI. Les responsables européens, de leur côté, ont souligné que les financements du FMI ne devraient pas dépasser le tiers du montant global d'un plan éventuel. La mission conjointe FMI-UE-BCE qui débutera lundi pourrait durer une quinzaine de jours et un accord éventuel serait finalisé peu après par le conseil d'administration du FMI, a précisé son haut responsable. L'accord dévoilé dimanche prévoit que les Etats de la zone euro prêtent jusqu'à 30 milliards d'euros à Athènes la première année et le FMI une dizaine de milliards. Pour les analystes, la Grèce, actuellement contrainte de payer des taux très élevés pour se financer sur les marchés et qui doit refinancer pour 8,5 milliards d'euros d'obligations arrivant à échéance en mai, semble se rapprocher d'une demande de prêts d'urgence. «Le fait qu'elle demande des éclaircissements sur différents points du mécanisme laisse penser qu'elle envisage sérieusement d'activer le plan», a déclaré Ben May, économiste de Capital Economics à Londres. Pause sur les marchés grecs L'annonce de l'ouverture des discussions avec l'UE, le FMI et la BCE a interrompu la baisse des actifs financiers grecs sur les marchés jeudi. L'indice des valeurs bancaires helléniques a fini la journée en hausse de plus de 4 % et l'écart de rendement entre l'obligation d'Etat grecque à 10 ans et son équivalent allemand, référence pour la zone euro, est revenu à 407 points de base contre 435 un peu auparavant. Il n'est, toutefois, pas très éloigné de son plus haut historique de 463 points inscrit la semaine dernière. Les gouvernements de la zone euro ont expliqué dimanche qu'ils pourraient accorder à Athènes des prêts d'urgence sur trois ans à un taux d'environ 5 %, inférieur au rendement actuel proche de 7% des émissions grecques à trois ans. Caroline Atkinson a dit pour sa part qu'une aide du FMI à la Grèce au-delà d'environ trois milliards d'euros serait accordée à un taux d'environ 3,26 %. Les prêts seraient assortis de conditions strictes en matière de réduction du déficit budgétaire au cours des prochaines années. Mais toute décision de la zone euro devrait obtenir un feu vert unanime des 16 gouvernements, et certains investisseurs craignent que l'Allemagne bloque ou retarde le vote, le gouvernement de la chancelière Angela Merkel devant tenir compte d'une opinion publique hostile à toute aide aux Grecs. Les ministres des Finances de la zone euro entament, hier, une réunion à Madrid durant laquelle le dossier grec devrait être largement débattu. Dans l'attente d'un éventuel déclenchement du mécanisme d'urgence, Athènes continue de préparer une émission obligataire en dollars, dont le montant pourrait se situer entre deux et trois milliards. Morgan Stanley sera chef de file de l'opération, dont les présentations pourraient débuter après le 20 avril, a précisé à Reuters une source proche du projet. Le parlement grec a par ailleurs adopté jeudi un projet de loi durcissant la lutte contre l'évasion fiscale et alourdissant l'imposition des hauts revenus.