Du 15 au 29 avril, soit durant deux semaines, durant une ambiance toute particulière règne dans la cité. Les autorités locales ont procédé à l'inauguration de la fête annuelle de la tomate, très attendue par la population, et à la quinzaine commerciale. L'entrée à la foire est gratuite et les stands sont vite pris d'assaut. Et on achète de tout et de rien. Les vendeurs vous harcèlent par des mégaphones, brandissant une marchandise variée que des mains arrachent. Les prix raisonnables et abordables favorisent amplement cet échange. D'autres vendeurs étalent des objets hétéroclites à même le sol. Les stands pleins à craquer vous proposent des ustensiles de cuisine, des outils, de la boiserie, des chaussures, de l'électroménager. D'autres, bout à bout, dans un alignement irréprochable, vous attirent par la couleur et les tissus accrochés à des cintres ou à des cordes. Cet endroit est carrément monopolisé par les femmes qui passent des heures entières à palper les étoffes, à questionner les vendeurs et souvent le marchandage revient à la charge et chacune tente de faire la bonne affaire. Il est à rappeler que l'ouverture de cette foire débute à 8 h du matin et on recense encore des visiteurs tard dans la soirée jusqu'à 22 h. Une façon comme une autre de changer d'air, de se défouler, de sortir, de prendre un bain de foule. Ustensils de cuisine jouissent d'une attention particulière; assiettes, tasses, verres, thermos, que de nouveautés qui font craquer ces ménagères qui ne savent plus où donner de la tête et dont le seul souci est de penser à épater la voisine par des achats souvent excentriques et exagérés. De toute façon, on trouvera toujours un prétexte. Et puis… Des stands énormes entièrement remplis de friperie connaissent un engouement de la part des visiteurs. On fouille, on cherche, on essaie de dénicher le joli tricot, la belle paire de sandales dont le prix satisfait tout le monde. Bradées comme elles le sont, ces affaires trouveront toujours preneurs. L'espace réservé à cette foire est vaste et arpenter ainsi les allées réservées au passage vous épuisent et le soir, de retour à la maison, vos jambes sont carrément en compote. On ne se rend pas compte mais on marche sans cesse. Cette année, les mangues et les ananas sont très attendus. L'année dernière, les mangues se vendaient comme de petits pains à partir de 80 DA le kilo : une vraie aubaine pour les amateurs ! Les cacahuètes très appréciées et très prisées trouvent beaucoup de demandeurs. Des camions, bleus pour la plupart, forment un carré, et perchés sur leurs véhicules, ces marchands venus de loin, munis de hauts-parleurs, bradent chemises, pantalons, robes à des prix qui défient toute concurrence : les prix varient entre 50 et 200 DA. Et chacun trouve son compte. La sécurité à l'intérieur est assurée par les services de Sûreté qui sont omniprésents et le corps des sapeurs-pompiers est également représenté. Un halo de poussière enveloppe cette enceinte dont l'écho résonne et où foisonnent femmes, hommes et enfants. Des petits vendeurs de thé et d'œufs bouillis ne manquent pas et le pop corn crépite sous les flammes, faisant la joie des enfants et des adultes. En fin d'après-midi, la fête règne sur la grande place et des troupes folkloriques, où le blanc domine, défilent à tour de rôle. Chacune représente un ksar et dans un tourbillon de fumée, c'est la foudre qui parle, le karkabou et la grosse derbouka sous un rythme effréné vous font chavirer et vous emballent et ne vous empêchent pas. Tôt avant le crépuscule, la place est prise d'assaut d'abord par ces petits vendeurs de thé, d'œufs et de cacahuètes. Des tapis sont étalés à même le sol et les premiers clients n'hésitent pas à s'allonger autour d'un thé mousseux. Les habitants commencent à affluer et des familles entières viennent agrandir ce flot incessant. Les troupes laissent place à un groupe de musiciens qui animent la soirée. On bavarde, on écoute, on se laisse bercer. Chacun trouve refuge dans cette arène car dans la journée, le mercure n'est guère clément et la température gravite entre 30 et 38°. Heureusement, une brise vous rafraîchit faisant ainsi le bonheur de tous. Et c'est comme ça durant deux semaines, le seul inconvénient à retenir, c'est la programmation. Cette quinzaine aurait dû se tenir durant les vacances scolaires. Maintenant difficile à contenir et à confiner nos enfants. On aura parlé de tout mais pas de la tomate parce qu'elle est la grande absente et son prix varie entre 120 et 160 DA le kilo. Aucune exposition, aucun concours, aucune information sur la tomate.