Depuis 2004, les commerçants de la wilaya de Bouira font face à une situation éminemment préjudiciable : les quinzaines commerciales qui, installées en principe pour 15 jours, restent ouvertes pendant des mois, voire un an. Les initiateurs de ces foires, qui sont souvent des trabendistes ou des commerçants d'autres wilayas, selon Hamid et Mohamed, deux commerçants établis à la rue Bouabdallah, profitent du laxisme des autorités et des services concernés pour faire la promotion de leurs produits et mener leur offensive contre les commerçants locaux. En effet, selon nos deux commerçants, de telles foires ne sont pas soumises à autorisation. Il suffit, selon eux, que le propriétaire d'une villa fasse connaître son intention de la louer pour en amortir le coût de réalisation, pour que le lendemain s'ouvre une foire à cette même villa. « Il y aura deux villas qui vont proposer prochainement leur espace pour la tenue de deux quinzaines commerciales », déclarait Hamid, qui commentait ainsi l'événement commercial : « Avant, il y avait une quinzaine commerciale par an. Maintenant, il y a la quinzaine annuelle (entendre elle dure un an). » Forcément, aux dires du même commerçant, le préjudice financier, qui résulte de ces pratiques déloyales et illégales, est énorme pour le commerce local. Certains commerçants, confrontés à des charges écrasantes (locaux fort chers, impôts écrasants...) et à une concurrence déloyale aurait, selon notre interlocuteur, mis la clef sous la porte. D'autres ne tarderaient pas à les initier si le problème perdure. Mohamed dénonçait, lui, l'effet foire qui ameute la clientèle autour de ces quinzaines commerciales et qui fait vendre des produits plus chers que ceux que l'on trouve à des prix plus bas dans les magasins de la ville. Nos deux commerçants citaient entre autres exemples celui de Draâ El Bordj où une foire installée depuis plusieurs mois contraint les commerçants du coin à se tourner pratiquement les pouces. En signe de protestation, une pétition signée par 159 commerçants et adressée aux services concernés (APC, registre du commerce, DCP, chambre du commerce, direction des impôts) a permis d'obtenir une décision de fermeture à l'encontre de la foire de Draâ El Bordj. Mais datant du 31 décembre 2005, la décision, émanant des autorités de la wilaya, n'a pas fait à ce jour l'objet d'une quelconque exécution. C'est dire que les perspectives sont sombres devant les commerçants à Bouira.