1) La crise grecque — car que représente cette somme modique de 150 milliards de dollars de réserves de changes dues aux hydrocarbures ? — nous interpelle si l'on veut éviter la faillite du pays et des tensions sociales explosives à l'horizon 2020. La question de la sécurité nationale se pose donc car,en Algérie, tout est tiré par la dépense publique qui a montré ses limites sous d'autres cieux. La nouvelle orientation économique depuis 2009 du retour au tout-Etat, l'Etat propriétaire gestionnaire étant le principal investisseur par la dépense publique via les hydrocarbures, avec une corruption généralisée inégalée depuis l'indépendance politique accentuant le divorce Etat-citoyens, le fondement du fonctionnement de l'économie algérienne étant la logique rentière, des liens dialectiques entre bureaucratisation et extension de la sphère informelle avec des institutions et une intermédiation informelle, une redistribution passive de la rente pour une paix sociale éphémère, une véritable politique salariale n'existant pas, un dépérissement tant de l'entreprise privée que publique, l'assainissement de plusieurs dizaines de milliards de dollars entre 1991 et 2010 sans résultats probants, les infrastructures n'étant qu'un moyen montrant une allocation financière non optimale et donc un gaspillage des ressources, l'ADEM se pose cette question stratégique vitale : continuer dans cette voie pour le pays est-elle la solution au vu de l'expérience de la crise mondiale de l'endettement par la dépense publique ? 2) En effet, la crise économique mondiale n'étant toujours pas réglée, la récente crise tant immobilière d'Abu Dhabi que grecque, une crise qui a des répercussions sur l'économie algérienne indirectement du fait de la déconnection du système bancaire algérien des réseaux mondiaux — et il ne faut pas s'en réjouir — devrait faire réfléchir le gouvernement algérien, permettant par la seule dépense publique des taux de croissance artificiels, autant que celui du taux de chômage, une crise qui risque de s'étendre à des pays fragiles comme le Portugal, l'Espagne, avec un effet domino sur la France, l'Angleterre et les Etats-Unis du fait des interdépendances des économies et donc sur les pays d'Asie dépendants des exportations de ces pays. Pour l'ADEM, cela n'est que le reflet de la crise de l'endettement excessif des Etats, montrant clairement que la crise financière déclenchée en août 2007 par les prêts hypothécaires touche maintenant la sphère réelle et sociale, les plans de relance publics à travers le déficit budgétaire ayant permis une croissance artificielle, car l'économie mondiale toujours dominée par la sphère financière au détriment de la sphère réelle, une distorsion entre les salaires en baisse et les profits spéculatifs en hausse et, donc que le keynésianisme à travers le déficit budgétaire et la dépense publique a ses propres limites d'où le retour en force inévitable entre 2010 et 2014 de la rigueur budgétaire encadrée par une régulation plus forte des Etats avec objectif plus de moralité du capitalisme. Se pose donc cette question lancinante : les Etats qui ont essayé de sauver le système financier mondial risquant la faillite, qui les sauvera sinon une austérité de la population préfigurant de vives tensions sociales si celle-ci n'est pas partagée ? 3) Pour le cas Algérie, l'endettement extérieur — il reste 4 milliards de dollars avec un service de la dette inférieur à 1 milliard de dollars — et la dette publique intérieure (moins de 1 milliard de dollars) ont été épongés artificiellement par les recettes des hydrocarbures et non par le travail. Nous avons assisté à des taux de croissance en hausse et des taux de chômage en baisse mais artificiellement. Pour preuve, il n'existe pas de corrélation entre les dépenses publiques (200 milliards de dollars entre 2004 et 2009), malgré la dévaluation du dinar moins de 3 % d'exportation hors hydrocarbures, montrant que le blocage est d'ordre systémique, et le taux de croissance inférieur à 3 % pour cette période montrant un gaspillage des ressources rares car ces dépenses auraient dû occasionner un taux de croissance supérieur à 9 % comparé à des pays similaires, s'agissant d'éviter de vendre des illusions de 5/6 % de taux de croissance hors hydrocarbures car plus de 80 % de ces segments sont irrigués par la dépense publique via la rente des hydrocarbures ( secteurs privé et public) ne restant que 20 % d'entreprises véritables créatrices de richesses. Qu'en sera-t-il des dépenses monétaires prévues dépassant 250 milliards de dollars, alors qu'il était prévu 150 milliards entre 2010 et 2013 sans vision stratégique et mécanismes de régulation où la corruption risque d'être multiplié par deux ? L'avenir dépend donc fondamentalement d'une vision dynamique à moyen et à long terme et non statique suicidaire pour le pays comme cette vision : nous avons les recettes des hydrocarbures, nous n'avons besoin de personne et en 2015/2020 nous verrons. 4) Faute de quoi, pour l'ADEM, à travers cette vision statique, on assistera inévitablement à la marginalisation de l'entreprise y compris les services qui, en ce XXIe siècle, sont créateurs de valeur ajoutée, dont l'épanouissement de l'entreprise est tributaire de l'avancée de la réforme globale, la stabilisation macro-économique étant éphémère sans de profondes réformes micro- économiques et institutionnelles. Pour cela, il faudra éviter l'instabilité juridique comme ce passage sans transition du Remdoc au Crédoc pénalisant la majorité des PMI/PME risquant d'aller gonfler la sphère informelle de cette anomalie des 49 % privé international-51 % national pour l'industrie et les services et les 30 % étrangers et 70 % national pour le commerce alors que la notion de secteur stratégique ou non stratégique est historiquement datée, l'Etat devant éviter de pondre chaque fois des lois que contredisent les pratiques quotidiennes, devant se limiter à son rôle de régulateur, pouvant détenir des minorités de blocage posant la problématique de l'Etat de droit basé sur la non-rétroactivité des lois, sauf si elles sont plus avantageuses que les précédentes, atténuer le terrorisme bureaucratique, posant la problématique de la refonte de l'Etat sur des bases démocratiques, réformer le système financier sclérosé (lieu de distribution de la rente des hydrocarbures), adopter un système socio- éducatif mieux adapté aux bouleversements mondiaux et résoudre l'épineux problème du foncier. Tous ces facteurs non résolus pour l'ADEM constituent un frein essentiel à l'épanouissement de l'entreprise privée nationale et internationale et publique devant évoluer dans un environnement concurrentiel (couple prix compétitif/qualité), l'espace socio- économique de l'Algérie étant un espace euro-méditerranéen d'où, d'ailleurs, l'intégration maghrébine (cette non-intégration faisant perdre plusieurs points de croissance au Maghreb) et arabo-africaine, l'Algérie étant liée à un accord avec l'Europe pour une zone de libre-échange applicable depuis le 1er septembre 2005 et aspirant adhérer à l'OMC, ce qui, avec l'actuelle politique économique, constitue une utopie, cette adhésion ne pouvant se faire actuellement. 5) Il s'agit donc pour l'ADEM d'entrevoir l'après-hydrocarbures du fait de l'épuisement inévitable des ressources d'hydrocarbures, qui, selon la majorité des experts, est de 16 ans pour le pétrole et 25/30 ans pour le gaz tenant compte de la forte consommation intérieure à l'horizon 2015, 85 milliards étant destinées à l'exportation et 70/75 au marché intérieur, selon le CREG, sous réserve d'une part que les coûts soient compétitifs (des réserves selon les estimations internationales de 2006/2007 de 4500 milliards de mètres cubes gazeux, le problème du gaz étant posé pour l'Algérie supposant un nouveau modèle de consommation énergétique inexistant) et que l'introduction du gaz non conventionnel (supposant beaucoup d'eau) ne bouleverse pas la carte géostratégique gazière mondiale. D'où l'urgence pour l'ADEM d'un débat national sur ce secteur propriété de toute la collectivité, dont la gestion doit être démocratisée, sur la gestion des réserves de changes et sur le devenir de l'économie algérienne. Aussi, l'Algérie ayant d'importantes potentialités surtout humaines, richesse bien plus importante que toutes les ressources d'hydrocarbures, face à ces mutations mondiales, 2020 étant demain, s'agit-il de réorienter la politique socio-économique à travers un dialogue soutenu et une gouvernance rénovée entre les différentes forces économiques et sociales, car continuer dans la voie actuelle est suicidaire.