Si l'Europe continue sur la voie de l'austérité, elle court au désastre, affirme Joseph Stiglitz, prix Nobel d'économie en 2001. Dans une interview au Monde, samedi dernier, l'ancien chef-économiste de la Banque Mondiale dénonce le manque de solidarité entre les pays membres de la zone euro. Ce dont l'Europe a besoin, ce n'est pas d'une austérité budgétaire qui va faire bondir le chômage et amener la dépression. Joseph Stiglitz s'inscrit à contre-courant du consensus qui s'est instauré entre les gouvernements européens, sur la nécessité de resserrer les boulons financiers. Le prix Nobel d'économie agite même le spectre de la grande dépression des années 1930. Il dénonce l'attitude de l'Allemagne pour laquelle les pays qui vont mal comme la Grèce ou l'Espagne sont responsables et doivent donc se débrouiller tout seuls. Bien au contraire, Joseph Stiglitz impute leurs difficultés à la crise mondiale. Difficultés dont l'Europe ne sortira que si la croissance est soutenue par l'investissement : tout le contraire de la rigueur. D'ailleurs, la baisse de l'euro est, selon lui, la meilleure chose qui puisse arriver, tant à l'Allemagne pour favoriser ses exportations, qu'à la Grèce pour doper le tourisme. En revanche, l'euro serait effectivement en danger si, le chômage explosant, certains pays préféraient s'affranchir de la monnaie unique pour sortir du carcan de l'austérité.