andis que le doute s'installe dans l'opinion publique israélienne sur l'opportunité et les risques d'une attaque des installations nucléaires iraniennes, des informations de source militaires montrent que non seulement Israël se prépare à un éventuel conflit armé, mais c'est aussi le cas de Téhéran et de ses affidés, en particulier le hezbollah libanais. Chacun accélère les préparatifs comme si la guerre devait éclater demain. Et l'histoire a prouvé qu'il est rare que les militaires fassent des préparatifs pour rien. Jérusalem s'inquiète notamment du double jeu russe qui consiste d'une part, à se joindre mollement aux Etats-Unis pour le vote éventuel de sanctions contre l'Iran et son programme nucléaire dont personne ne croit qu'il est civil et d'autre part, à participer à la modernisation des armées iranienne et syrienne. Les services de renseignements israéliens affirment que des Gardiens de la Révolution islamique iraniens s'entraînent en secret dans des bases russes, depuis le début du mois de mai, au maniement du système de missiles antiaériens S300 pour être prêts lorsque ce matériel parviendra en Iran. Les russes n'ont pas l'intention de voter des sanctions contraignantes incluant l'interdiction de livraison de ce type de matériel. Ils ont déjà accepté de fournir des avions de combat Mig-29, des missiles de courte portée Pantsyr, des véhicules blindés et d'autres armes conventionnelles. Mises en garde américaines Le président israélien Shimon Pérès, en déplacement à Moscou le 9 mai, a fait part de sa préoccupation au président Medvedev qui a estimé que la Russie était «seule qualifiée pour choisir ses clients». Le conseiller nucléaire de Barack Obama s'est montré menaçant le 11 mai en précisant: «Les Etats-Unis ont fait savoir à la Russie que la livraison d'un système avancé de défense aérienne à l'Iran aurait des conséquences graves sur les relations américano-russes». Le président Medvedev a aussitôt répondu «qu'il n'attendait pas de conseils en provenance de l'autre côté de l'océan». Les Israéliens analysent ces nouveaux faits avec gravité d'autant plus qu'il semble que les Chinois, de leur côté, ne sont pas résolus à accepter des sanctions interdisant le réarmement de l'Iran. Ces évolutions militaires ont poussé Barack Obama à revoir soudain ses relations avec Israël, et avec Benjamin Netanyahou en particulier, qui étaient devenues conflictuelles. Après avoir pris conseil auprès de ses principaux experts, Dennis Ross, conseiller sur l'Iran, Dan Shapiro, chef du bureau Moyen-Orient au Conseil national de sécurité, et Rahm Emanuel son conseiller particulier, il les a envoyés faire une offensive de charme auprès des rabbins américains le 13 mai. La visite de ce dernier est par ailleurs planifiée en Israël pour la fin du mois de mai. Le président américain aurait d'autre part donné des ordres à George Mitchell de cesser de faire pression sur Israël pour obtenir des concessions dans le conflit avec les Palestiniens. En Israël, on explique ce revirement d'abord par l'approche des élections américaines de la mi-mandat et la nécessité pour les démocrates de conserver le soutien des électeurs juifs. Par ailleurs, l'impasse diplomatique et l'incapacité des Etats-Unis à obtenir de la Russie et de la Chine un soutien suffisant à des sanctions significatives contre l'Iran et son programme nucléaire redonne du poids à Israël. Jérusalem apparaît à nouveau comme le seul allié stratégique fiable au Moyen-Orient de Washington. Pour autant, cela ne veut pas dire que Barack Obama s'est soudain pris de sympathie pour Benjamin Netanyahou et ne fera pas à nouveau pression sur Israël pour contraindre son gouvernement à négocier avec les Palestiniens. Mais ce n'est plus la priorité. Renforcement des forces navales Ce changement de politique américain s'accompagne du renforcement de la présence militaire des Etats-Unis notamment naval en Méditerranée et dans le Golfe Persique. Le porte-avions Harry S. Truman, à propulsion nucléaire, a quitté le 21 mai Norfolk en Virginie pour rejoindre le Dwight D. Eisenhower en mer d'Arabie. Jusqu'à 4 ou 5 porte-avions pourraient être visibles des côtes iraniennes d'ici le début du mois d'août.