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Crise du nucléaire iranien : El Baradeï et la boule de feu
Publié dans El Watan le 22 - 06 - 2008

Que peut-il bien se passer actuellement en ce qui concerne le dossier du nucléaire iranien, marqué par un blocage total des positions aussi bien du groupe des six, que du principal concerné, c'est à dire l'Iran qui ne cesse de réaffirmer que tout est négociable sauf la suspension et encore moins l'arrêt du processus d'enrichissement de l'uranium ?
Ce sont d'abord des informations parues dans la presse américaine, faisant état d'un plan d'attaque et même de préparatifs israéliens en ce sens. De telles informations paraissaient tellement sérieuses et dangereuses qu'elles ont suscité des réactions alarmistes de la part du directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Mohamed El Baradeï est, en effet, monté au créneau en estimant qu' « une frappe militaire (contre l'Iran) serait à mon avis pire que toute autre chose (...). Elle transformerait la région du Moyen-Orient en une boule de feu », a-t-il estimé, sur une chaîne de télévision arabe. Il a ajouté qu'il serait incapable dans ce cas de continuer à diriger l'AIEA. Toujours selon M. El Baradeï : « une frappe militaire provoquerait le lancement d'un plan d'urgence pour la fabrication d'une arme atomique avec le consentement de tous les Iraniens, y compris ceux qui vivent en Occident. » Déclarant ne pas voir dans l'état d'avancement actuel du programme nucléaire iranien « un risque imminent » de prolifération, Mohamed El Baradeï a indiqué qu'il n'aurait pas sa « place (à la tête de l'AIEA) en cas de frappe militaire contre l'Iran ». Les Etats-Unis ont, quant à eux, affirmé, le même jour, qu'ils privilégiaient toujours la voie diplomatique dans le dossier nucléaire iranien, suite aux informations selon lesquelles Israël préparerait son armée à une éventuelle attaque contre les installations nucléaires iraniennes. « Nous voulons une solution diplomatique à ce problème », a déclaré l'ambassadeur des Etats-Unis à l'ONU, Zalmay Khalilzad. « J'ai vu l'article dans le journal. Notre point de vue est connu, il serait inacceptable que l'Iran se dote d'armes nucléaires (...) mais maintenant nous sommes dans la phase de diplomatie », a précisé l'ambassadeur. M. Khalilzad qui répondait à une question sur des informations de presse selon lesquelles des manœuvres militaires israéliennes lancées, au début du mois, semblaient destinées à préparer l'armée à une éventuelle attaque contre les installations nucléaires iraniennes, selon des responsables américains. Un responsable du Pentagone, cité par le New York Times, a estimé qu'un des objectifs de cet exercice était d'adresser un message montrant qu'Israël était prêt à une action militaire si les efforts diplomatiques échouaient à obtenir de Téhéran qu'il renonce à produire des armes nucléaires. Le 6 juin, le vice-Premier ministre israélien, Shaoul Mofaz, déclarait que : « si l'Iran poursuit son programme d'armement nucléaire, nous l'attaquerons. » M. Mofaz avait cependant souligné qu'une telle opération ne pourrait se faire qu'avec le soutien des Etats-Unis. Interrogé sur un éventuel succès de la voie diplomatique, le porte-parole du département d'Etat, Sean McCormack, a reconnu vendredi qu'un succès n'était pas encore à l'ordre du jour. « On n'en est pas encore arrivés au point où l'Iran — et ce régime — a changé de comportement », a-t-il affirmé. Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a mis en garde de son côté contre un risque de répétition avec l'Iran, de l'intervention américaine en Irak, qui avait été justifiée par de « soi-disant » preuves de l'existence d'un programme nucléaire irakien. La politique de chaque Etat « doit être fondée sur des faits. Vous vous souvenez des faits, ces soi-disant faits qui ont été présentés avant que l'Irak ne soit attaqué », a-t-il ironisé, lors d'une conférence à Moscou. « Nous avons demandé à de nombreuses reprises à nos collègues américains et israéliens, qui se disent parfaitement certains que l'Iran est en train de se doter de la bombe atomique, de fournir des informations factuelles soutenant cette assertion. Pour l'heure, nous n'en avons pas vues », a ajouté M. Lavrov. Un important dignitaire religieux iranien a aussitôt mis en garde Israël contre une éventuelle attaque contre son pays, affirmant que la riposte de l'Iran serait « terrible ». Hier pourtant, le porte-parole du gouvernement iranien, jugeait tout simplement « impossible » une éventuelle attaque israélienne. Gholamhossein Elham a affirmé, par ailleurs, que son pays refusait toute négociation avec les grandes puissances sur son programme nucléaire basée sur la suspension (la suspicion) de l'enrichissement d'uranium. La boucle est ainsi bouclée, si bien entendu on s'en tenait strictement à ce dialogue de sourds, où le seul élément vérifiable c'est que si Israël est une puissance nucléaire, elle ne doit ce statut qu'à la complicité de l'occident.

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