Les derniers développements du dossier nucléaire iranien ne laissent d'inquiéter alors que les bruits de bottes deviennent assourdissants. La publication, jeudi, d'un rapport de l'Aiea (Agence internationale de l'énergie atomique) qui accable Téhéran et dans lequel il est constaté que l'Iran «n'a pas cessé son enrichissement d'uranium» semble avoir sonné le branle-bas de combat du côté de Washington et de Tel-Aviv notamment, l'un affirmant que «toutes les options (y compris militaires) sont sur la table» alors que le second semble se préparer à «frapper» les installations nucléaire iraniennes. Le Conseil de sécurité avait adopté, en décembre, une résolution qui, outre de sanctionner l'Iran, lui donne 60 jours pour mettre un terme à l'enrichissement de l'uranium, procédé, rappelle-t-on, qui peut à la fois être utilisé à des fins civiles et militaires. Cette nouvelle donne semble apporter des raisons aux faucons américains et israéliens de franchir le Rubicon faisant sonner l'hallali et rameuter le monde contre ce qui serait la «menace» iranienne pour mieux faire oublier que le seul risque sérieux pour la paix dans le monde vient aujourd'hui des oukases d'Israël et des Etats-Unis qui se sont armés à outrance ces dernières années, multipliant leurs armes de destruction massives (ADM) qu'aucun organisme onusien ou autre ne peut contrôler et encore moins neutraliser. Or, l'Iran, selon le protocole même du TNP, a le «droit absolu et légitime» de procéder à un tel enrichissement, d'autant plus qu'il n'existe aucune preuve montrant que le programme nucléaire iranien est destiné à un autre emploi que celui civil, position réitérée par les autorités iraniennes. En tout état de cause, sûr de ses droits et malgré les menaces, l'Iran a encore réaffirmé, par la voix du président Mahmoud Ahmadinejad, sa volonté de poursuivre son programme d'enrichissement de l'uranium qui a affirmé, vendredi, que l'Iran «défendrait ses droits jusqu'au bout», au lendemain de la publication du rapport de l'Aiea. «Le peuple iranien est vigilant et défendra tous ses droits jusqu'au bout», a déclaré le président Ahmadinejad. «Le grand peuple iranien résiste aux oppresseurs et ne reculera pas d'un iota», a-t-il souligné selon Isna. Ce bras de fer à donné lieu à de nouveaux bruits de bottes du côté d'Israël devenu, en réalité, le bras armé des Etats-Unis et la véritable menace pour la paix dans la région du Moyen-Orient. Ainsi, Israël a démenti, hier, les informations d'un quotidien britannique, non pas du fait que l'Etat hébreu se prépare à attaquer les installations nucléaires iraniennes, mais qu'il attendrait un feu vert des Etats-Unis pour survoler l'Irak. Le vice-ministre israélien de la Défense, Ephraïm Sneh, ne démentait pas hier l'éventualité d'une attaque contre l'Iran, mais qu'Israël ait demandé un «corridor aérien» en Irak aux Américains, indiquant «il n'y a jamais eu une telle demande, c'est évident». Ce qui est en soit un aveu qu'Israël est prêt à l'apocalypse en attaquant l'Iran et en voulant rééditer la destruction en 1981 de la centrale nucléaire irakienne Osirak à Tamuz (près de Baghdad). Mais, outre le fait que le contexte n'est plus le même, l'Iran semble préparé à une telle éventualité et semble aussi prêt à y répondre et faire face. Il n'en reste pas moins que le belliqueux Israël veut provoquer l'irréparable dans la région. Un haut responsable de la défense israélienne a indiqué au quotidien conservateur de Londres Daily Telegraph, paru hier, que des «négociations se tenaient» sur l'opportunité pour la coalition menée par les Etats-Unis en Irak de fournir un «corridor aérien» au-dessus de l'Irak si Israël décidait une action unilatérale. «Nous nous préparons à toute éventualité. Si nous ne nous mettons pas d'accord sur certaines questions vitales, nous pourrions être dans la situation où des avions américains et israéliens pourraient s'attaquer mutuelle-ment», a indiqué ce responsable, sous le couvert de l'anonymat. Mais tout cela c'est du cinéma et les rôles de chaque pays est distribué qui se partagent la tâche comme on l'a vu en juillet et août de l'an dernier au Liban lorsque Israël sous-traitait pour les Etats-Unis, la mise «hors d'état de nuire» du Hezbollah libanais. De fait, un officier israélien à déclaré au Daily Telegraph que «l'effort fourni autour de cette question (iranienne) était sans précédent dans l'histoire de l'Etat d'Israël». Justement, c'est pour cette raison que la coordination avec Washington est vitale. Cela d'autant plus que les Etats-Unis ne cachent pas non plus leurs inclinaisons à en découdre avec l'Iran comme vient encore de le réaffirmer le vice-président américain, Dick Cheney, qui a averti hier que «toutes les options restaient sur la table» afin d'empêcher «l'erreur grave» qui serait de laisser l'Iran se doter de l'arme atomique. «Nous estimons que cela serait une grave erreur si un pays comme l'Iran devenait une puissance nucléaire», a déclaré Dick Cheney à Sydney lors d'une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre australien, John Howard. Vendredi, lors d'un entretien à la chaîne de télévision américaine ABC, M.Cheney avait, à trois reprises, dit «n'écarter aucune option», en référence à une éventuelle opération militaire. Par ailleurs, les Etats-Unis qui n'ont aucune considération pour les Nations unies indiquaient, vendredi, que le Conseil de sécurité de l'ONU doit se tenir «prêt» à prendre «de nouvelles mesures» contre l'Iran pour son attitude «inacceptable» dans le dossier nucléaire, a déclaré une diplomate américaine à l'ONU. «La menace posée par les armes de destruction massive (ADM) aux mains de terroristes ou d'Etats voyous est un des plus grands dangers auxquels fait face la planète», a dit la diplomate américaine, Jackie Sanders, lors d'un débat public au Conseil de sécurité. On sait ce qu'a été la réalité des armes de destruction massive que les Etats-Unis affirmaient mordicus être détenues par l'Irak. Mais en Iran, qui semble moins vulnérable que l'Irak, le monde court à une conflagration généralisée qui ne laissera aucun pays indemne. Aussi, qui osera arrêter les Etats-Unis et Israël, dans leur course folle vers l'apocalypse, et dire enfin que trop c'est trop?