, Après plusieurs années d'absence, Tarik Mesli est de retour. L'enfant terrible de la peinture algérienne expose à nouveau à Alger, au grand plaisir des nombreux passionnés d'art contemporain. Dès que nous franchissons les portes de la galerie Racim, dont il a investi les cimaises, voire l'espace, y compris la vitrine donnant sur la rue, nous nous retrouvons happés dans une dimension artistique atypique. Tarik Mesli présente, à la fois, peintures, collages, vidéo, diaporama, avec un lien récurrent, cependant : la quête ou l'affirmation identitaire. Sous le titre générique Cadre d'identités, le plasticien nous surprend avec une exposition tout ce qu'il y a de plus original. C'est un peu le propre de ces artistes qui, refusant de se laisser enfermer dans un carcan, donnent libre cours à leur génie créatif. L'inspiration s'abreuve alors aux sources de toutes les libertés. Pour se lancer dans ce «Voyage au-delà des frontières», l'artiste nous invite à découvrir d'abord une série de tableaux, aux couleurs chamarrées. Tarik Mesli, après avoir dessiné des personnages sans têtes, dans différentes postures, les a ensuite découpés. En contemplant cette œuvre, le visiteur se plonge alors dans son propre reflet, renvoyé par le miroir utilisé comme fond de toile. Et les mêmes personnages découpés sont recollés sur un second panneau. Comme dans une sorte de jeu de l'ombre, tous les éléments singuliers, puisés dans la première œuvre se retrouvent ainsi ensemble. Le troisième panneau représente une peinture à l'état classique. Dans l'installation se trouvant dans la deuxième salle, une projection de diaporama nous fait découvrir cette performance réalisée par Tarik Mesli à Berlin. Il se balade dans le quartier des galeries avec un dressing ambulant avant de trouver un endroit pour s'installer. Les passants sont, à la fois, dubitatifs et curieux. Mesli qui s'approprie l'espace n'hésite pas à changer de peau via le vêtement, sous l'œil incrédule des promeneurs. Dans l'un des coins de cette seconde salle, Tarik Mesli a suspendu un fil sur lequel il a étendu son linge d'un blanc immaculé. Pour lui, «le vêtement, c'est cette deuxième peau qui nous habite. L'habit nous représente». Réalisée dans une galerie à Paris, cette installation met en avant des anonymes, toutes races, couleurs et confondues. Chacun vient raconter l'histoire d'un vêtement qui lui tient à cœur. «C'est pour montrer que nous donnons tous une valeur sentimentale à quelque chose qui peut paraître futile aux yeux des autres. Et comme ces histoires se projettent sur mes propres vêtements - ma seconde peau -, je me réapproprie, en quelque sorte, leur histoire», nous a expliqué le plasticien. Sorti de là, nous pouvons admirer une série de tableaux, regroupée sous l'intitulé «Made in Algeria». Les œuvres représentent des personnages brandissant des pancartes portant ladite inscription juste au niveau de la tête afin de préserver l'anonymat. L'idée tourne autour de l'identité et de tous les questionnements suscités par l'envie d'aller à la rencontre de l'autre. Quant aux autoportraits accrochés sur une des cimaises de la galerie, ils sont une sorte d'«exercice égocentrique». Ayant longtemps côtoyé les Asselah, père et fils, Tarik Mesli a tenu à leur rendre un hommage à la fois discret et sincère. Discret parce qu'il ne voulait pas qu'on en parle, sincère parce que la simplicité de Black in box, son intitulé, nous pousse à la méditation. Cette Pensée bleue représente donc une lampe éclairant un amas de pigment bleu à l'état brut, entraînant le visiteur dans un moment de recueillement. Né à Alger le 14 juin 1968, fils du grand artiste Choukri Mesli, Tarik est diplômé de l'ESBA. Il a à son actif un grand nombre d'expositions et de performances artistiques, depuis le début des années 1990 Alger, Tipasa, Turin, Le Mans, Marseille, Paris, Orléans, Lille, Lisbonne, Berlin…). Visible jusqu'à la fin de ce mois de mai, l'exposition de Tarik Mesli mérite vraiment le détour.