C'est une exposition très originale d'art moderne de l'artiste Tarik Mesli qui est présentée à la galerie Racim jusqu'à la fin de ce mois de mai. D'emblée, on serait tenté de dire que ces toiles et photos sont incompréhensibles et impénétrables, mais plus on les regarde plus on comprend mieux le leitmotiv de l'artiste qui tente par ces apparences de personnages de plaider pour le droit à la parole. Ces œuvres sont sombres décrivant l'époque dans laquelle nous vivons. Des silhouettes évanescentes, furtives, fragmentées, colorées racontent leur histoire personnelle et collective. Ce sont des jeunes filles et jeunes hommes en jeans, sacs en bandoulière, chaussures ou baskets, portant des banderoles colorées en rouge, jaune, orange, vert, bleu, avec la même inscription «Made in Algeria», pour cacher leurs visages. Elles choquent et interpellent tout un chacun. Anonymes, ces personnes, particulièrement des jeunes sans visage, qui sont là, constituent la société actuelle avec ses problèmes et ses préoccupations. Ils délivrent un message de cette société castratrice, où l'individu est emprisonné dans un environnement délétère. Mesli s'engage dans des sentiers nouveaux et fait une incursion dans l'art moderne avec une lecture de la société avec ses inquiétudes et angoisses propres. Si le visiteur n'est pas habitué à ce genre d'art, qu'il ne maîtrise pas de prime abord, il découvre un art sans frontières et sans balises où tout est permis au gré de l'imaginaire de l'artiste. Certes, Tarik Mesli semble contre les codes et classifications, il prône une société libertaire. L'artiste signifie par ses compositions qu'il est réfractaire à toutes formes d'oppression et de censure. A sa manière, et selon son inspiration, il tente de montrer une société en mouvement, non figée ni sclérosée par tant d'interdits. Sa technique semble faire appel au collage et au pigment qui s'intègre bien dans ses compositions. Tarik Mesli est rompu à l'art de l'installation, notamment avec de nombreuses expositions à Berlin, Marseille, Le Mans, Lisbonne et Alger avec «Ressourcement» en 1990. C'est depuis 1989 qu'il participe à d'innombrables manifestations culturelles dans différents pays. Cette exposition permet d'appréhender l'art moderne, que l'on apprécie ou pas. Il permet d'avoir une autre vision de l'art sans contrainte.