Bien qu'elle ne soit pas la première affaire de contrefaçon de produits détergents enregistrée dans la wilaya de Bordj Bou-Arreridj, les produits chimiques découverts dans un niveau de villa sise à la cité des 1008-Logements au centre-ville, renseignent sur la gravité de la situation, si ces produits dangereux sont écoulés sur le marché de la consommation, notamment que les malfaiteurs semblent exercer dans cette activité depuis près de six mois. La situation est encore plus sensible quand il s'agit de marques connues sur le marché et très prisées par les consommateurs. Selon notre constat sur place, il s'agit, entre autres, du lave vaisselle «Isis», du lave-sol «Galaxy», des détergents de marques «Extra force magique», «Polich», des couches-culottes «Lilas Bébé» et même du smen «El-Badia». Selon le lieutenant-colonel Abdelkader Laârabi, commandant de groupement de gendarmerie de Bordj Bou-Arreridj, c'est suite à des renseignements que les gendarmes ont ouvert une enquête et perquisitionné, samedi soir, la villa en question. Une perquisition ayant permis la découverte dans un premier lieu de milliers de bouteilles et de cartons de produits contrefaits, des produits chimiques de toutes sortes (acides, colorants, épices et autres mélanges), des bouteilles vides, des emballages, des milliers d'étiquettes de marques contrefaites et du matériel informatique et scanner utilisés pour l'imitation des étiquettes, des cachets ronds d'entreprises, de faux registres du commerce et de fausses factures servant à couvrir le déplacement et la commercialisation de la marchandise douteuse sur tout le territoire national. Il s'agit, entre autres, de près de 6 000 bouteilles vides en plastique avec des étiquettes prêtes à être remplies de détergents, 37 cartons de bouteilles de savon liquide pour main et visage, plus de 400 de bouteilles de détergents, des cartons de couches-culottes, des jerricans de produits chimiques liquides et des quantités importantes d'acide, d'épices et de colorants. L'enquête préliminaire des services de sécurité a mis, d'abord, en cause la clandestinité de l'activité et le non-respect des conditions d'hygiène et des normes de fabrication des produits ainsi que la contrefaçon de marques connues de large consommation. Le lieutenant-colonel Laârabi a indiqué, concernant la suite de cette affaire, qu'un prélèvement de chaque produit sera transmis à l'Institut national de criminologie et de criminalistique de Bouchaoui (Alger) pour analyse. Pour le colonel Abderrahmane Ayoub, responsable de la communication au commandement de la Gendarmerie nationale, l'institut spécialisé communiquera, après analyse, son rapport d'expertise définissant les composants de chaque produit, sa nocivité et son degré d'atteinte à la santé publique. «En cas de confirmation de cette nocivité, un message urgent sera transmis à toutes les unités sur le territoire national afin de renforcer les contrôles et détecter la présence de ces produits douteux sur le marché de consommation. D'autre part, les entreprises victimes d'imitation seront avisées pour déposer plainte et se constituer partie civile», a-t-il expliqué. L'enquête se poursuit en attendant le rapport d'expertise du laboratoire d'analyse et l'interpellation d'éventuels complices dans l'affaire de contrefaçon dangereuse de produits de large consommation. La mafia du ciment sévit et gagne des centaines de milliards A noter que le démantèlement de l'atelier clandestin de la contrefaçon a eu lieu lors d'une opération de grande envergure planifiée par le groupement de gendarmerie de Bordj-Bou-Arreridj durant toute la journée et la soirée de samedi. Dans cette même opération, plus de 20 tonnes de ciment circulant sans factures ont été saisies à bord d'un camion, dans un point de contrôle routier sur la RN45 reliant Bordj Bou-Arreridj à M'sila où se trouve l'une des grandes cimenteries du pays. Dans le même sillage, les gendarmes ont démantelé, il y a deux mois, un réseau de malfaiteurs spécialisés dans le commerce illicite du ciment, la spéculation, l'évasion fiscale, l'escroquerie, le faux et usage de faux et la création d'une entreprise fictive de transports. Parmi les mis en cause remarquables dans cette affaire, une femme âgée de 35 ans appelée Garmia dont le chiffre d'affaires a atteint en cinq mois d'activité illicite, les 22 milliards de centimes dans le trafic de plus de 18 300 tonnes de ciments et une évasion fiscale de huit milliards. La jeune femme a été utilisée par les barons du ciment qui ont mis des registres du commerce, des bons de ciment et des factures en son nom. D'autres affaires juteuses du réseau ont été réussies grâce à l'utilisation d'un jeune homme de 34 ans, permettant un chiffre d'affaire de 381 milliards et une évasion fiscale de 122 milliards, suite au trafic illicite de 300 000 tonnes de ciments en quatre ans. Intervenant à ce sujet, le lieutenant colonel Laârabi a indiqué l'arrestation récemment de 30 malfaiteurs et la saisie lors de leur arrestation de 99 tonnes de ciment. Selon les investigations des services de sécurité, les quantités de marchandise étaient destinées au marché noir, à savoir, que les malfaiteurs bénéficiaient de factures fictives, délivrées par des commerçants en matériaux de construction à des sommes variant de quatre à cinq millions de centimes pour la facture. Cette marchandise qui fait toujours parler d'elle est acquise de l'usine par des bons d'une valeur de 12 millions de centimes pour être revendue à 24 millions de centimes et ce, sans compter la spéculation qui augmente davantage le prix du produit sur le marché. 16 personnes recherchées arrêtées dans la 11e opération coup-de-poing Par ailleurs, les gendarmes de Bordj Bou-Arreridj ont traité, durant les quatre premiers mois de l'année, quelques affaires importantes en matière de crime organisé essentiellement de trafic de monnaie, de mercure et d'or. En effet, la surveillance durant quatre mois d'un groupe de malfaiteurs suspect de trafic de monnaie et d'or de et vers des pays du Moyen-Orient ainsi que l'exploitation des renseignements ont permis le démantèlement de l'association de malfaiteurs et la récupération de plus de huit kilogrammes d'or d'une valeur estimée à plus de deux milliards de centimes. Une autre affaire du même genre s'est soldée par l'arrestation de cinq personnes et la saisie de plus de 300 faux billets de banque d'une valeur fictive de 22 000 DA et un billet de 200 dirhams marocains. D'autres renseignements sur un malfaiteur qui détenait et commercialisait des produits chimiques prohibés, ont permis l'arrestation de deux personnes en possession de 4 219 kg de mercure, utilisé essentiellement dans des activités de sorcellerie, à savoir, qu'une goutte de cette substance coûte près de 1 000 DA. Par ailleurs, onze opérations coup-de-poing ont été planifiées par les gendarmes depuis le début de l'année permettant l'identification de milliers de personnes et l'arrestation de plusieurs dizaines de personnes recherchées en vertu de mandats de justice. La dernière opération qui remonte à samedi dernier s'est soldée par l'identification de 175 personnes dont 16 se sont avérées recherchées et de plusieurs véhicules suspects dont une Renault Clio et une Peugeot 504 circulant avec de faux numéros de châssis et de faux documents. L'enquête est en cours. Il s'agit, également, de la saisie de près de cinq tonnes de produits alimentaires transportés ou commercialisés sans respect des conditions d'hygiène. De notre envoyée spéciale à Bordj Bou-Arreridj, Radia Zerrouki