Si l'Algérie exporte de l'orge, et c'est une bonne nouvelle, il y a lieu pourtant d'éviter l'euphorie représentant moins de 0,001 % du total des exportations tendant vers zéro en valeurs monétaires. Cette présente contribution se propose d'analyser quelques points fondamentaux concernant la problématique de l'importation de biens alimentaires en Algérie en quelques axes directeurs. 1) Problématique L'Algérie a exporté pour 43,68 milliards de dollars, cette baisse des exportations par rapport à 2008 s'étant répercutée sur l'excédent de la balance commerciale qui est passé de 39,81 milliards de dollars en 2008 à seulement 4,5 milliards en 2009, assurant ainsi un taux de couverture des importations par les exportations de 112 %, les hydrocarbures continuant à représenter l'essentiel des exportations avec un taux de 97,6 % du volume global, en recul de 44,88 % par rapport à 2008. Quant aux exportations hors hydrocarbures, elles demeurent très marginales avec seulement 2,4 % des exportations globales, soit l'équivalent de 1,05 milliard de dollars, enregistrant ainsi une diminution de 46 % en 2009. Concernant justement les importations, le Centre national de l'informatique et des statistiques (CNIS) relevant des Douanes algériennes estime le 22 janvier 2010, une légère diminution de 0,95 % des importations, celles-ci ayant atteint 39,10 milliards de dollars contre 39,47 milliards en 2008, montrant clairement que les mesures édictées dans le cadre de la loi de finances complémentaire pour 2009 n'ont finalement qu'un impact plus que limité sur l'évolution de la valeur de nos importations, le gonflement étant du essentiellement à la dépense publique non maîtrisée amplifiée par la mauvaise gestion (pour ne pas parler de surfacturations), la hausse vertigineuse qu'a connue la facture des importations passant de 24 milliards de dollars en 2006 à presque 40 milliards en quatre années, soulevant moult interrogations. 2) Facture alimentaire et le pourquoi de la baisse en 2009 ? Selon les statistiques douanières, en cinq ans, la facture alimentaire de l'Algérie a plus que triplé, passant de 2,5 milliards de dollars en 2003 à 8 milliards en 2008, les produits agricoles constituant 30 % du total des importations du pays. Cependant, la facture des importations algériennes des produits alimentaires a atteint 5,8 milliards de dollars en 2009 contre 7,8 milliards en 2008. Cette baisse concerne tous les produits alimentaires à l'exception des importations des sucres et sucreries, qui ont connu une hausse de 29,57 %, passant de 439,15 millions de dollars en 2008 à 568,99 millions . Les viandes ont connu également une légère hausse de 0,71 % pour totaliser 172,21 millions de dollars. D'autres produits de large consommation ont connu une baisse, notamment les céréales, semoules, farine, produits laitiers et légumes secs. Les céréales, les semoules et la farine ont enregistré une baisse de 42,35 %, chutant de 4,05 milliards de dollars en 2008 à 2,34 milliards en 2009. La facture des laits et produits laitiers s'est établie à 862,76 millions de dollars en 2009, contre 1,28 milliard en 2008, soit une baisse de l'ordre de 32,9 %. La facture des légumes secs a également diminué puisqu'elle est passée à 256,26 millions de dollars contre 299,81 millions, soit une baisse de 14,53 %. La baisse de la facture alimentaire a touché aussi le café et le thé (-21,17 %), puisque le montant est passé de 329,2 millions de dollars à 259,5 millions. Cependant, il faudra attendre le bilan de 2010 pour se faire une idée de la baisse de 25 % des biens alimentaires entre 2008 et 2009. Une des raisons de cette baisse, selon mon point de vue, est la dégringolade des cours de ces produits sur les marchés boursiers dans le sillage de la crise financière et économique mondiale et non à une performance de l'agriculture et de l'industrie agroalimentaire nationale. Certes, la récolte céréalière a été exceptionnelle la saison dernière, mais la production étant inconstante, les importations restent toujours élevées. La deuxième explication plus fondamentale de cette baisse se trouve dans le difficile passage du remdoc au crédoc du fait que beaucoup de dossiers n'ont pas été traités en 2009, les banques n'étant pas préparées. Face à cette situation où des milliers de petits importateurs n'ayant pas la couverture financière nécessaire, l'on devrait assister nécessairement à une tendance de plus en plus monopoliste des opérateurs-importateurs de ces biens, ce qui risque d'amplifier la hausse des prix faute d'une concurrence saine et loyale, amplifiée également par la dévaluation du dinar dont les taxes s'appliquent sur le cours en dinars, le tout au niveau local, supporté par les consommateurs. Aussi, les prévisions optimistes du FMI, reprenant les arguments du gouvernement algérien loin des réalités, de baisse des prix de détail en 2010 pour l'Algérie, risquent de ne pas se vérifier. 3) Secteur agricole, marché des produits alimentaires et sphère informelle dominante En amont des industries agroalimentaires, on recense en Algérie plus d'un million d'exploitations agricoles couvrant plus de 8,5 millions d'hectares de terres arables, exploitées par l'arboriculture (41 %), les cultures maraîchères (26 %) et les grandes cultures (33 %), principalement céréalières. Le problème de ces importations est intimement lié à la faible productivité agricole, certes due à la pluviosité, posant toute la problématique de la politique de l'eau, mais également à des problèmes techniques (prédominance de la gestion traditionnelle alors que s'impose une gestion moderne), au problème du foncier agricole, les meilleures terres dans le Nord sont urbanisées (construction) et la parcellisation excessive qui gonfle les coûts de production. Le PNDA (programme agricole), qui a occasionné des dépenses de plusieurs dizaines de milliards de dollars, a eu un impact très mitigé (et dont le bilan n'a jamais été fait). L'effacement récent de certaines dettes des agriculteurs ne résoudra aucunement le problème de fond. (A suivre)