Des séparatistes kurdes présumés ont fait exploser une bombe, hier, à Istanbul, tuant quatre personnes et blessant douze autres dans un bus transportant des militaires et leurs familles, a-t-on appris auprès du gouverneur. Huseyin Avni Mutlu a précisé que deux des blessés se trouvaient dans un état grave après l'attaque, qui s'est produite tôt hier. Selon l'agence de presse officielle Anatolia, la fille d'un officier, âgée de 17 ans, figure parmi les personnes tuées. Les militants kurdes ont mené plusieurs attentats à Istanbul par le passé, mais la dernière attaque importante remonte à 2007. Dix-sept personnes avaient alors été tuées. Les séparatistes kurdes basés dans le nord de l'Irak ont intensifié leurs attaques contre des cibles turques au mois de juin, après les propos tenus par leur leader incarcéré Abdullah Ocalan, qui a accusé Ankara de ne pas établir de dialogue avec sa formation, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Mardi, la bombe a été déclenchée à distance dans une rue habituellement calme. Le bus venait de quitter un complexe de logements militaires, selon la chaîne de télévision NTV. La chaîne CNN-Turk a rapporté que l'attaque n'avait pas été revendiquée mais les soupçons se portent sur l'insurrection kurde. Par ailleurs, des soldats turcs ont tué sept rebelles kurdes dans le nord et le sud-est du pays pendant la nuit, selon Anatolie. Les combattants kurdes ont tué au moins 13 militaires dans la région depuis vendredi. En raison du regain d'activité de la guérilla kurde depuis le début du mois, le ministre de l'Energie, Taner Yildiz, a d'ailleurs annoncé, hier, le renforcement des dispositifs de surveillance le long de deux oléoducs majeurs, l'un venant d'Irak l'autre d'Asie centrale, souvent pris pour cible par l'insurrection kurde. Réagissant à la nouvelle attaque d'hier, le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, a promis de ne pas laisser dérailler la situation. Il s'est engagé à «continuer à agir avec responsabilité et courage pour les générations futures. Nous ne ferons aucune concession à la démocratie malgré le terrorisme, les sabotages». «Si nous reculons sur l'ouverture, le terrorisme, les seigneurs de la guerre et les vampires qui se nourrissent du sang de la jeunesse vont gagner», a-t-il lancé, s'engageant à accorder plus de droits culturels à la minorité kurdes. Le gouvernement a déjà autorisé des cours de langue kurde et autorisé les émissions en kurde sur la chaîne de télévision publique, a-t-il dit. Mais l'escalade en cours menace le processus de réconciliation, en exacerbant les positions et le nationalisme. Hier, des dizaines de membres d'un parti pro-kurdes ont été arrêtés pour liens présumés avec les séparatistes.