Elle a, néanmoins, souligné que Washington ne cherchait pas à perturber les relations de l'Ukraine avec Moscou, qui se sont récemment réchauffées. Ceux qui ont poussé l'Ukraine à choisir entre la Russie et l'Occident lui ont proposé un «faux choix», a-t-elle dit. Elle a, par ailleurs, exhorté le président Viktor Ianoukovitch à suivre la voie démocratique et elle a exprimé en termes voilés son inquiétude à la suite d'informations concernant des atteintes à la liberté de la presse. «Nous aimerions exhorter le gouvernement ukrainien à protéger ces libertés essentielles», a dit la secrétaire d'Etat lors d'une conférence de presse avec Ianoukovitch. Hillary Clinton a, par ailleurs, souhaité à l'Ukraine d'obtenir un nouveau prêt du FMI et encouragé le pays à favoriser les investissements par des réformes économiques et par la protection de la propriété intellectuelle. «Nous savons que vous entreprenez des réformes, ce que nous saluons. Nous espérons que l'Ukraine conclura vite un accord avec le FMI pour faire avancer ce processus», a-t-elle dit. L'Ukraine a besoin de l'aide des bailleurs de fonds internationaux pour redresser une économie qui a beaucoup souffert de la crise financière. Une délégation du FMI est actuellement à Kiev pour négocier les conditions d'octroi d'une aide de près de 19 milliards de dollars. «En ce qui concerne l'Otan, je dirai très clairement que l'Ukraine est un pays souverain et indépendant qui est en droit de choisir ses alliances», a déclaré Hillary Clinton au chef de la diplomatie ukrainienne, Kostiantin Grichtchenko. «La porte de l'Otan demeure ouverte, mais il appartient à l'Ukraine de décider si vous souhaitez poursuivre sur cette voie ou une autre au nom de vos intérêts sur le plan de la sécurité», a ajouté la secrétaire d'Etat américaine. Une politique «pragmatique» Le président Ianoukovitch, élu en février, n'a pas donné suite à l'objectif d'intégration à l'Alliance atlantique poursuivi par son prédécesseur Viktor Iouchtchenko. Dès sa prise de fonctions, il s'est rapproché de Moscou en prolongeant le bail de la flotte russe de la mer Noire à Sébastopol jusqu'en 2042. L'Ukraine est la première étape d'une tournée de Clinton dans cinq anciens Etats du bloc communiste. Contrairement à ses séjours en Pologne, en Azerbaïdjan, en Arménie et en Géorgie, la secrétaire d'Etat américaine n'est pas tenue d'assurer à ses interlocuteurs ukrainiens qu'ils ne feront pas les frais du réchauffement entre Washington et Moscou. La «remise à plat» (reset) des relations américano-russes proposée par le président Barack Obama suscite des doutes persistants dans la région, notamment à Tbilissi, où certains craignent que Washington ne privilégie les relations avec Moscou à leurs dépens. Le président Ianoukovitch n'entend pas couper les ponts avec l'Occident et mène une politique étrangère qui se veut «pragmatique», un œil sur l'Est et l'autre sur l'Ouest. Washington a applaudi en avril la décision du président ukrainien de se débarrasser de son uranium enrichi et n'a pas reproché à Kiev de réduire ses contacts avec l'Otan. Le chef de la diplomatie américaine devait rencontrer en fin de journée, l'ancien Premier ministre Ioulia Timochenko, chef de file de l'opposition. Samedi, Hillary Clinton fera escale à Cracovie pour assister à une réunion de la Communauté des démocraties, avant de se rendre en Azerbaïdjan et en Arménie, deux Etats en conflit au sujet de l'enclave du Haut-Karabakh. Elle achèvera sa tournée lundi en Géorgie pour un entretien avec le président Mikheïl Saakachvili.