La Maison Blanche est réellement perturbée par les événements en Géorgie. Une vraie fièvre s'est emparée de la diplomatie américaine pour venir au secours de ses relais, la Géorgie dans la Caucase et l'Ukraine. Deux pays farouchement opposés à la Russie et bien " épaulés " par l'oncle Sam. En réalité, le ballet diplomatique effectué ces derniers jours par Condoleezza Rice, secrétaire d'Etat américain dans la région, explique pour le moins, et dissimulent mal l'embarras de Washington, à qui Moscou tient tête dans son action de venir en aide aux populations de l'Ossétie du Sud attaquées par l'armée géorgienne. Le président ukrainien, Viktor Iouchtchenko, soutient sans réserve l'invasion de l'Ossétie du Sud par la Géorgie, en dépit des nombreuses forces politiques du pays hostiles à cette position.Dans ce conflit qui ne dit pas son nom et qui a des relents de rancunes à l'égard de la Russie, l'Ukraine voisine s'est ouvertement positionnée aux côtés de la Géorgie à l'instigation des Etats-Unis. Un moyen bien négocié par le président Viktor Iouchtchenko pour faire taire sur sa personne les critiques intérieures d'une érosion sans précédent du pouvoir. La crise dans ce pays ne trouve toujours pas d'issue. Le processus politique conduit par Viktor Iouchtchenko est en train de mener à une polarisation irréversible et incontrôlable. L'Ukraine n'est pas seulement divisée politiquement. Elle est divisée sur les plans géopolitique et civilisationnel. Mais, pour l'essentiel, l'Ukraine est scindée, en ce sens que la victoire d'une moitié de l'Etat, d'une identité, signifie la défaite totale de l'autre, c'est-à-dire l'écrasement de son identité. Quoi qu'il en soit, l'image du président Ukrainien comme garant des intérêts américains dans la région n'est plus à démontrer. Mieux encore, l'Ukraine vient d'annoncer qu'elle se réservait le droit de bloquer l'accès des ports de Crimée aux bateaux russes. A la recherche du parapluie occidental, Kiev est monté en ligne pour proposer à l'Occident ses radars de défense antimissile. Cette offre intervient après un accord entre Washington et Varsovie sur l'installation en Pologne d'éléments du bouclier antimissile américain. Déjà impliquée dans le conflit depuis que Moscou a ouvertement accusé Kiev d'équiper la Géorgie en armes et en équipements militaires, l'Ukraine, en optant pour cette décision, lance indirectement un avertissement en direction du Kremlin. Le ministre ukrainien des Affaires étrangères a déclaré que ce déploiement pourrait entraîner l'Ukraine dans le conflit et que dans une telle situation, Kiev se réservait le droit d'empêcher les navires russes de regagner leur base. Une façon pour les autorités ukrainiennes d'exprimer leurs hostilités à la Russie. Le vice-chef d'état-major, le général Anatoli Nogovitsine, a déclaré que le gouvernement russe examinait la déclaration du ministre des Affaires étrangères ukrainien. "Cela fait une troisième partie impliquée, c'est très inattendu" a-t-il note lors d'une conférence de presse.Kiev, tout comme Tbilissi, est l'un des principaux points de tension de la diplomatie russe. Le président Iouchtchenko milite depuis des années pour l'adhésion de son pays à l'Otan et, à plus long terme, à l'Union européenne. Ces orientations géopolitiques représenteraient une menace pour la sécurité et l'intégrité de la Fédération de Russie et de toute la région. Moscou continue à clamer que la politique étrangère de la Russie se fait au Kremlin et seulement au Kremlin, ensuite que les relations entre Kiev et Tbilissi se font aux yeux du monde.Moscou, a pris sur lui la très lourde responsabilité d'instaurer depuis quelques années dans le Caucase une politique de paix. Seuls ceux qui ne connaissent pas la réalité de cette région peuvent être "déçus". Comme pour l'invasion de l'Irak, il est constaté que, au fur et à mesure que les autorités russes expliquent les raisons de leur intervention en Géorgie, tout interlocuteur accepte la réalité, exception faite pour les Etats-Unis qui ne veulent pas se laisser surpasser par la Russie. En effet, derrière toutes les tensions que traverse le Caucase et toute la région, se dresse la silhouette de Washington. Les espoirs de paix formulés se sont jusqu'ici invariablement heurté aux contradictions fondamentales de l'ordre mondial actuel imposé par le Pentagone. La théorie de Washington de la défense des intérêts américains dans le monde, leur ingérence brutale dans les affaires des Etats qui veulent choisir librement leur voie, le soutien économique et matériels aux régions qui s'opposent à la volonté d'indépendance, de libération et de progrès des peuples, sont autant de facteurs de déstabilisation dans beaucoup de partie du monde.Le maintien de la Géorgie et de l'Ukraine sous le parapluie des Etats-Unis est une voie menant directement à la militarisation du Caucase, à tel point que cette région est devenue depuis quelques jours l'un des points chauds du globe.Viktor Iouchtchenko taxé de candidat de la sainte alliance Busch-CIA-Union européenne, a été élu dans des conditions douteuses et cela signifie pour les Ukrainiens bradage des entreprises publiques au grand capital occidental, liquidations des mines, de la sidérurgie, des chantiers navals, recrudescence du chômage, atteinte à la protection sociale etc. En ce moment précis, la crise dans ce pays n'a pas de solution. Cela explique l'arrangement de Kiev avec Washington permettant au président ukrainien de détourner l'attention de son peuple en s'impliquant avec la partie géorgienne contre la Russie. De fait et à la lumière du conflit en Ossétie du Sud, Kiev et Washington ont décidé d'intensifier leur coopération euro-atlantique. George W Bush et Viktor Iouchtchenko dans un récent entretien téléphonique, se sont prononcés pour le renforcement du partenariat euro-atlantique et la création de mécanismes de coopération efficace, dans le domaine de la sécurité, à la lumière des récents événements en Géorgie. L'Ukraine a clairement choisi son camp dans le conflit entre Tbilissi et Moscou. Elle fait tout contre la Russie dans la finalité de plaire à ses soutiens occidentaux tant elle aspire à devenir membre de l'Otan, tout comme la Géorgie, et compte sur son intégration au Plan d'action en vue de l'adhésion (MAP) en décembre 2009. Les Européens pensent qu'une entrée de l'Ukraine dans l'UE et à l'Otan serait sans doute, malvenue : l'exemple des Polonais qui se sentent mieux protégés des Russes par les Américains que par les Européens le montre bien. Cela d'autant que l'Ukraine est un pays qui se cherche encore. C'est un pays ciblé par la communauté internationale de marchands d'armes, voire de trafic à grande échelle. L'Ukraine grâce à ce commerce affiche chaque année un chiffre de plusieurs milliards de dollars. Quand l'Ukraine déclara son indépendance, l'armée rouge abandonna ses bases nucléaires comprises, avec un immense arsenal qui au fil des années a été utilisé comme fond de stock par tous les trafiquants d'armes du monde. Il y a à cela de bonnes raisons, les pays pauvres clients de Kiev, font la guerre avec des armes vieilles, non seulement de conception, mais aussi bien souvent de fabrication, car souvent achetées d'occasion sur les vieux arsenaux de l'ex-URSS, détenus par l'Ukraine .Mais, les experts prévoient que la part de bénéficie de l'Ukraine dans le trafic et la vente d'armes démunie, voire s'effondre, dès lors que les stocks de la guerre froide sont dépassés par les nouvelles technologies de fabrication d'armement. La firme ukrainienne Kalachnikov, mondialement connue, a aussi les pires difficultés à développer de nouveaux modèles de fusils d'assaut, l'armée nationale n'ayant pas les moyens de lui en commander, et par la même d'en assurer la promotion auprès d'autres. Aujourd'hui, tout le monde ne peut pas s'offrir, une vitrine publicitaire comme la guerre d'Irak ou les conflits armés en Afrique. Depuis quelques temps, il est reconnu que les mafias bulgare, polonaise, roumaine, géorgienne et Ukrainienne ont le champ libre et sont devenues particulièrement mobiles et brutales ; elles ne montrent aucune inhibition pour en tirer partie dans tous les domaines du crime sur le marché de l'armement, du trafic de drogue et d'êtres humains. Entre course aux armements et marché noir, nombre de pays du Tiers-monde pour s'équiper sont passés par les filières de l'Ukraine avec les risques que cela comporte en matière de pièces de rechange et de renouvellement. L'Ukraine n'a aujourd'hui rien d'autre que des armes et du matériel de l'ancien empire soviétique. Quoi qu'il en soit, s'impliquer dans ce type de coopération ne servirait en aucun cas les intérêts des pays africains.