Le ton est encore monté entre Moscou et Kiev à propos du conflit gazier qui les oppose et aucune solution ne semble se profiler pour sortir de l'impasse. En attendant, des perturbations des livraisons de gaz russes à destination de quatre pays de l'Union européenne (Roumanie, Pologne, Hongrie et Bulgarie) se sont faites ressentir samedi. Avec des températures négatives ces jours-ci en Europe, la compagnie bulgare Bulgargaz a fait état samedi d'une baisse des fournitures de gaz russe qui transite par l'Ukraine. Avant Sofia, la Pologne, la Roumanie et la Hongrie avaient signalé le même phénomène. La Roumanie a rapporté une chute de 30 à 40% de son approvisionnement, la Pologne une baisse de 11%. Face à cette situation, l'Union européenne, qui reçoit 20% de son gaz à travers l'Ukraine, a exigé le strict respect des contrats en cours et a exhorté Moscou et Kiev à trouver rapidement un terrain d'entente, tout en soulignant que les réserves européennes étaient pour l'instant suffisantes. La présidence tchèque de l'Union européenne avait, dans un premier temps, appelé les deux parties à résoudre elles-mêmes leur conflit au plus vite. "La Russie et l'Ukraine doivent agir rapidement, il n'y aucune autre façon de résoudre le conflit", avait estimé le vice-Premier ministre tchèque Alexandr Vondra. Cependant, les perspectives d'un règlement rapide semblant bien éloignées, l'EU a décidé de tenir une réunion extraordinaire aujourd'hui à Bruxelles, qui rassemblera les ambassadeurs des Vingt-Sept auprès de l'UE et au cours de laquelle "nous informerons nos partenaires des négociations et proposerons des solutions", avait dit M. Vondra. Par ailleurs, le 9 janvier, la République tchèque, qui assure la présidence de l'UE depuis le 1er janvier, convoquera une réunion urgente à Bruxelles avec la participation de spécialistes de Gazprom et de Naftogaz pour se pencher sur l'approvisionnement de l'UE en gaz russe, a indiqué à l'agence russe RIA Novosti un membre de la Commission européenne. Depuis que la crise a éclaté avec la coupure de l'approvisionnement en gaz du marché ukrainien dans la matinée du 1er janvier après des négociations infructueuses sur le tarif prévu pour 2009 et sur des arriérés de paiement, Moscou et Kiev s'accusent mutuellement sur la place publique d'être responsables de la coupure de l'approvisionnement de l'EU en gaz naturel russe. Le vice-président de Gazprom s'est montré plus intransigeant en demandant aux Etats européens d'agir en justice contre l'Ukraine, qu'il a accusée de violer un traité européen sur le transit des produits énergétiques. "Il est temps d'agir en justice", a déclaré Alexandre Medvedev lors d'une conférence de presse à Berlin, deuxième étape d'une tournée européenne d'explication. M. Medvedev a déjà visité Prague et devait gagner Paris hier, puis Londres aujourd'hui. Gazprom a par ailleurs annoncé samedi qu'il allait déposer plainte auprès du tribunal international d'arbitrage de Stockholm. Naftogaz a réagi tout de suite en annonçant qu'elle déposerait elle aussi une plainte auprès de ce tribunal, si Gazprom la poursuivait en justice. L'Ukraine, pour sa part, a averti samedi que le conflit du gaz avec la Russie pourrait entraîner de graves problèmes pour le transit du gaz russe vers l'Europe. "Si la partie russe ne livre pas plus de gaz qu'actuellement, dans environ dix jours il peut y avoir des problèmes technologiques très graves" en raison d'une baisse de pression, a déclaré le représentant de la présidence ukrainienne pour la sécurité énergétique, Bogdan Sokolovski. Il y a trois ans, une crise similaire entre la Russie et l'Ukraine avait perturbé l'approvisionnement en gaz des pays européens. Compte tenu du durcissement du conflit, une répétition du scénario de 2006 n'est plus à écarter. Yacine B.