C'est la naissance du Haut comité d'Etat (HCE). La venue d'un historique et figure charismatique, qui donnera une première lueur d'espoir, présidera à peine une année le HCE avant d'être assassiné et remplacé par un autre membre du HCE, avec parallèlement, un Conseil consultatif faisant oeuvre de Parlement désigné. On rappellera comme chef de gouvernement le père de l'industrie lourde des années I970 qui prônera l'économie de guerre mais ne restera pas son poste du fait de la cessation de paiement. Il lui succédera un Premier ministre membre du HCE artisan du programme de Tripoli qui signera l'accord de rééchelonnement avec le FMI, démissionnant tout juste après, l'Algérie étant en cessation de paiement et n'ayant pas de quoi acheter un kilo de farine, alors que certains responsables politiques clamaient haut et fort à la télévision et dans la presse que l'Algérie n'irait pas au rééchelonnement. Les accords avec le FMI verront une baisse drastique de la valeur du dinar qui sera dévaluée. La période qui suit verra un chef d'Etat avec un parlement de transition, à savoir le Conseil national de transition (CNT), une combinaison d'associations et de partis politiques. Viendrons les élections de ce Président axé sur le rassemblement pour sortir le pays de la crise et une nouvelle Constitution (1996). Elle crée la seconde chambre, dite Conseil de la nation et, par le truchement de l'article 120, lui donne pratiquement le pouvoir de bloquer un texte de loi voté par l'APN. Mais fait nouveau et important, elle limite le mandat présidentiel à deux étalé sur cinq années. Mais nous sommes toujours dans la même ambiguïté politique en maintenant le caractère dual de l'Exécutif (ni régime parlementaire, ni régime présidentiel) tout en consolidant le système de conseils existants dont l'institution d'un Haut Conseil islamique et d'un Haut Conseil de la sécurité qui est présidé par le président de la République. C'est à cette période que naît le Rassemblement national démocratique (RND) dont le fondement du discours est la lutte antiterroriste et raflera presque tous les sièges en huit mois d'existence tant de l'APN que du Sénat au détriment du FLN et qui provoquera par la suite des protestations interminables et une commission sur la fraude électorale dont les conclusions ne verront jamais le jour. Les parlementaires, du fait de la situation sécuritaire de l'époque, auront surtout pour souci de voter pour soi-même des rémunérations dépassant 15 fois le SNMG de l'époque alors que la misère se généralise, oubliant naturellement du fait de la généralisation des emplois-rente, qu'un parlementaire aussitôt sa mission terminée retourne à son travail d'origine et qu'une retraite automatique revient à afficher un mépris total pour une population meurtrie. Dans la foulée, la venue de deux chefs de gouvernement dont le premier pratiquera le statu quo et le second, par l'application des accords du FMI, aura à son actif le cadre macro-économique stabilisé actuellement mais des retombées sociales négatives du fait de la douleur de cet ajustement. 3) De 1999 à 2010 : une économie rentière qui perdure Le Président démissionne et des élections sont programmées le 08 avril I999 avec l'élection d'un nouveau président qui promet de rétablir l'Algérie sur la scène internationale, de mettre fin à l'effusion de sang et de relancer la croissance économique pour atténuer les tensions sociales qui sera matérialisé plus tard par le référendum sur la réconciliation nationale avec un vote massif en faveur de la paix. Un chef de gouvernement est nommé après plus de 8 mois d'attente mais son mandat sera de courte durée (à peine une année) du fait des conflits de compétence. Un second chef de gouvernement est nommé, plus politique qui s'engage également à redresser la situation mais qui démissionne, tout en se présentant candidat à la présidence avec comme conséquence une dualité dans les rangs du FLN dont il est tissu. Il est remplacé par le secrétaire général du RND. Viennent ensuite les élections du 08 avril 2004 qui sont largement remportées par le précédent Président avec trois chefs de gouvernement successifs : premièrement le secrétaire général du RND qui a été chargé des élections de 2004, puis le secrétaire général du FLN au courant de 2007, ce parti avec les élections successives étant devenu majoritaire tant au niveau de l'APN que du Sénat, avec peu de modification dans la composante ministérielle puisque l'ancien chef de gouvernement n'a pu nommer aucun ministre entre mai 2006 et juin 2008 (assistant d'ailleurs de 1999 à 2010 à la même composante à quelques variantes idem pour les walis et les postes clefs de l'Etat) puis à nouveau au courant de 2008 le retour du secrétaire général du RND qui a été chargé des élections d'avril 2009. C'est également durant cette période qu'est signé l'Accord avec l'Europe (1er septembre 2005) pour une zone de libre-échange constituant un acte politique de première importance depuis l'indépendance politique et, au courant de novembre 2008, est amendée la Constitution, non pas par référendum mais à la majorité des deux chambres. Les députes et sénateurs se feront, comme leurs prédécesseurs, voter un salaire de plus de 300.000 dinars par mois, plus de quatre fois le salaire d'un professeur d'université en fin de carrière. Cet amendement ne limite plus les mandats présidentiels, tout en supprimant le poste de chef de gouvernement en le remplaçant par celui de Premier ministre consacrant un régime présidentiel. Dans la foulée, l'élection présidentielle s'est tenue le 09 avril 2009 où l'ancien président est réélu pour un nouveau mandat de cinq années (2009-2014) en promettant la création de trois millions d'emplois durant cette période et d'augmenter le pouvoir d'achat des Algériens. La période de 2004 à 2009 devait être consacrée à asseoir un Etat de droit avec la réforme des institutions, du système financier poumon des réformes, du secteur agricole et l'accélération des privatisations 4) L'Algérie de 2010 : une transition inachevée L'objectif était une dynamisation de la production et des exportations hors hydrocarbures. Le préprogramme de soutien à la relance économique reposant sur les dépenses publiques (plus de 7 milliards de dollars) ayant eu lieu avant 2004, celui programmé entre 2004 et 2009 clôturé à plus de 200 milliards de dollars dont aucun bilan n'a été réalisé : a-t-on dépensé l'intégralité de ces 200 milliards de dollars ? Mais durant cette période, comme durant la période 1980-1985, du fait de la compression de la demande sociale durant la période du terrorisme, demande qui a explosé depuis 2000, la priorité a été accordée aux infrastructures qui ne sont qu'un moyen du développement et non au management stratégique de l'entreprise seule source permanente de la richesse. D'autant plus que l'on se rendit compte du fait de la mauvaise gestion à tous les niveaux, les effets escomptés ne sont pas proportionnels aux dépenses avec une corruption socialisée de la BADR, de Khalifa, de la BCIA, de la BNA, de la BEA, de la BDL, bon nombre d'agences du CPA et d'autres banques et entreprises publiques dont Sonatrach, le projet autoroute est-ouest et, bien entendu, tout ce qui touche tous les autres secteurs de l'économie nationale, ce qui a fait dire aux observateurs que le risque est de passer de l'ancien terrorisme à un autre — entendre la corruption — plus mortel pour le pays. (A suivre)