Mais, contrairement à beaucoup d'autres innovations liées aux moyens de transport, les progrès marquants des véhicules «plus lourds que l'air» ont attendu le XXe siècle pour se concrétiser. L'essor fut rapide ; en un siècle, l'avion est devenu, avec l'hélicoptère, l'un des éléments de base d'une nouvelle industrie : l'aéronautique. Les premières tentatives de vol En Chine, peu avant notre ère, des hommes essayent de s'envoler au moyen d'énormes cerfs-volants. Au Moyen-Age, d'autres se jettent du haut des tours, des ailes de fortune fixées à leurs membres. C'est l'oiseau qui, au XVIe siècle, inspire à Léonard de Vinci l'étude d'ornithoptères, appareils à voilure battante actionnée par la force des bras et des jambes ou par un dispositif à ressort. Il établit les plans d'autres machines volantes, du type parachute ou hélicoptère, et a, vers la fin de sa vie, l'intuition de la possibilité du vol plané au moyen d'une voilure fixe. De ses projets, aucun ne voit le jour, et son œuvre, méconnue jusqu'à la fin du XIXe siècle, n'aura guère d'influence sur l'histoire de l'aviation. Au XVIIe siècle, l'Anglais Robert Hook et l'Italien Giovanni Borelli démontrent, chacun de leur côté, qu'un homme ne peut voler en utilisant sa seule force musculaire et qu'une source additionnelle de puissance est nécessaire. Cependant, les «sauteurs de tours» poursuivent leurs dangereuses expériences. En 1742, le marquis de Bacqueville aurait traversé la Seine en s'élançant du toit de son hôtel parisien. L'invention de l'aérostat A la fin du XVIIIe siècle, pour la première fois, on s'élève dans les airs, grâce à Joseph Montgolfier, qui découvre le principe du «plus léger que l'air» et invente le ballon à air chaud. Aidé de son frère Étienne, il mène avec succès une série d'essais qui permettent à Pilâtre de Rozier et au marquis d'Arlandes d'effectuer, au-dessus de Paris, le 21 novembre 1783, le premier voyage aérien. L'histoire des aérostats va suivre son cours, ralliant, tout au long du XIXe siècle, toujours plus d'adeptes ; elle va aussi participer, grâce aux nombreux essais d'appareils effectués en vol, et en particulier des hélices, à l'aventure des «plus lourds que l'air». Le «plus lourd que l'air» C'est Sir George Cayley qui, le premier, présente le concept d'aéroplane. Dans son ?uvre, où il aborde de façon scientifique l'aérodynamique appliquée au «plus lourd que l'air», il différencie nettement la sustentation et la propulsion, ouvrant ainsi la voie au vol au moyen d'ailes fixes. En 1857, Jean-Marie Le Bris s'envole à bord d'un planeur inspiré de l'albatros. La même année, Félix du Temple construit un modèle réduit qui s'élève et atterrit par ses propres moyens. Cet appareil est mû par un petit moteur à mouvement d'horlogerie que l'inventeur remplacera ensuite par une petite machine à vapeur. Du planeur à l'aéroplane Poursuivant les recherches de Cayley, William Samuel Henson dépose en 1842 un brevet de machine volante à vapeur, l'Ariel. Aidé de son associé John Stringfellow, il en réalise une maquette qui, trop lourde, ne parvient pas à voler ; quelques années plus tard, Stringfellow présente à Londres le modèle réduit d'un triplan propulsé par deux hélices qui, cette fois, s'envolera. Cette démonstration suffit à révéler, au monde entier, ce que doit être un aéroplane avec ses plans de sustentation fixes et sa propulsion par hélices. Il construit, en 1804, le premier planeur ayant vraiment volé : un modèle réduit long de 1,50 m. Quelques lacunes rédhibitoires L'aviation, mot lancé en 1863 par l'écrivain et inventeur Gabriel de La Landelle, se heurte, néanmoins, à trois difficultés majeures : l'absence de moteur léger suffisamment puissant, une définition encore imprécise des propriétés sustentatrices de l'aile et l'incontrôlabilité du vol. Parmi ceux qui travaillent à surmonter ces écueils, il faut mentionner Alphonse Pénaud pour ses recherches sur la stabilité et la manœuvrabilité des appareils, Francis Wenham et Horatio Phillips pour leurs études dans le domaine de l'aérodynamique, Louis-Pierre Mouillard pour ses écrits sur l'ornithologie appliquée à l'aviation et sur le vol sans battement. Vers la maîtrise du vol Le 9 octobre 1890, Clément Ader, que l'on considère – en France – comme le père de l'aviation, effectue, sur 50 m, le premier vol en aéroplane à bord de l'Eole, engin en forme de chauve-souris muni de deux hélices entraînées par un moteur à vapeur. L'expérience qu'il tentera quelques années plus tard avec l'Avion III sera un échec. Cependant, c'est en hommage à Ader que l'on retiendra le terme d'avion pour désigner ce nouvel engin. Le vol plané a son pionnier en la personne d'Otto Lilienthal. Cet Allemand, s'inspirant des œuvres de Mouillard, expérimente entre 1890 et 1896 plusieurs types de planeurs monoplans et biplans de son invention ; il réalise ainsi plus de 2000 vols, dont le dernier lui coûte la vie. (A suivre)