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Une longue lutte pour l'émancipation nationale (II)
Les résistances au colonialisme européen
Publié dans La Nouvelle République le 05 - 08 - 2010

, Après une effroyable période faite d'agressions, d'extermination et d'exploitation inhumaine pratiquées à l'encontre des peuples colonisés, les grandes puissances européennes durent, juste retour des choses, affronter ces peuples qui avaient engagé des luttes et des guerres pour obtenir leur émancipation au prix de sacrifices inouïs durant une bonne partie du XXe siècle dernier.
L'Afrique est la principale victime du partage colonial ; n'y ont échappé que le Liberia, sorte de protectorat américain, et le vieil empire d'Ethiopie. Le continent n'est plus, comme un siècle plus tôt, fournisseur d'esclaves. Si la traite est partout en voie d'extinction, l'emploi local de la main-d'œuvre est souvent brutal (la construction du chemin de fer Congo-Océan, demeurée tristement célèbre, a fait de nombreuses victimes). Plus rentable, ce système devait permettre d'obtenir un bon rendement des colonies africaines. Cependant, l'occupation effective du continent est loin d'être achevée en 1914 ; les réactions violentes ne vont cesser, pour un temps, qu'après 1920.
Les empires coloniaux en 1914
Si l'on s'en tient aux seules taches de couleur sur une mappemonde, l'Europe de 1914 domine le monde. Le soleil ne se couche pas sur l'Empire britannique. L'Empire français est moins vaste, surtout en Afrique ; il est fait de colonies, de terres dans l'océan Indien, dans la mer des Caraïbes, de protectorats comme le Maroc ou la Tunisie, de points d'appui comme Djibouti ou les Comores, et d'une terre dont on va penser longtemps qu'elle est devenue partie du territoire national français parce que beaucoup de Français s'y sont installés : l'Algérie. La Belgique doit à un don de son roi (1908) de posséder une part importante et riche de l'Afrique centrale, très difficile à encadrer. L'Allemagne, tard venue dans la course, doit se contenter de terres au Togo, au Cameroun, dans le Sud-Ouest africain, en Afrique orientale, en Nouvelle-Guinée et dans le Pacifique. Après de nombreuses tentatives sans suite, l'Italie n'impose son autorité qu'en Libye, en Erythrée et dans le nord de la Somalie.
L'apogée entre les deux guerres mondiales
Leur victoire de 1918 après la première Guerre mondiale (1914-1918) semble, dans un premier temps, consolider encore les positions de la France et de la Grande-Bretagne, très affaiblies cependant en hommes et en richesses. Au Proche-Orient, d'où les Turcs sont évincés, la France reçoit mandat de la Société des nations (SDN) sur la Syrie et le Liban, la Grande-Bretagne sur l'Iraq, la Palestine – où très vite va commencer une agitation sioniste qui durera jusqu'à la création de l'Etat d'Israël (1948) – la Transjordanie ; les côtes méridionales de l'Arabie sont étroitement surveillées, en particulier par la Grande-Bretagne. A l'issue de la guerre, l'Allemagne est dépossédée de ses colonies ; la SDN en remet la gestion, sous mandat, aux pays victorieux. La France reçoit le Togo et le Cameroun oriental ; la Grande-Bretagne, le Cameroun occidental, le Sud-Ouest et le Sud-Est africains allemands ; la Belgique, les territoires du Rwanda-Urundi, qui deviennent une véritable sous-colonie du Congo belge ; les Australiens, les Néo-Zélandais et les Japonais se partagent les terres allemandes du Pacifique.
A vrai dire, entre 1920 et 1930, «le problème colonial […] semble se conclure en apothéose». Tous les empires paraissent des constructions solides, bien que d'importance et d'ancienneté très différentes.
Parmi ceux dont l'origine remonte à l'époque moderne, certains ne comprennent que des vestiges et d'autres forment d'immenses ensembles. Le Portugal et l'Espagne sont dans le premier cas. Le Portugal ne possède plus que quelques épaves en Asie (Diu et Goa, la moitié de Timor, Macao) et un domaine africain encore notable avec les îles du Cap-Vert, la Guinée et surtout l'Angola et le Mozambique. De son ancienne splendeur, l'Espagne conserve le Rio de Oro, les îles de Fernando Poo et d'Annobón, la Guinée, auxquels elle a ajouté le protectorat du nord du Maroc. On mettra à part le Danemark, qui, outre les îles Féroé, dispose, depuis le début du XVIIIe siècle, des immensités du Groenland et maintient des liens avec l'Islande.
Les grands empires coloniaux après 1918
Trois empires d'origine ancienne en imposent par leur étendue et leur population.
Avec les Indes néerlandaises, qui couvrent 1 900 000 km2 et comptent près de 60 millions d'habitants, les Pays-Bas (qui possèdent aussi la Guyane hollandaise et quelques petites Antilles) sont la troisième puissance coloniale du monde. Le second rang appartient à l'Empire français (12,5 millions de kilomètres carrés et 65 millions d'habitants), dont les cinq sixièmes de la superficie sont en Afrique, mais les deux cinquièmes de la population en Indochine. Quant à l'Empire britannique, partout présent à la surface de la Terre, il vient largement en tête avec 35 millions de kilomètres carrés et plus de 400 millions d'habitants.
Les empires de formation récente sont très disparates. Ainsi, de la Belgique avec le Congo et le Rwanda-Urundi (2 500 000 km2 et plus de 15 millions d'habitants). L'Italie, dépassant les limites de son empire médiocre, brave, en 1935, l'interdit de la SDN, et s'empare de l'Ethiopie. Le Japon, réveillé par l'impérialisme occidental et devenu à son tour impérialiste, dispose d'un empire insulaire (la moitié de Sakhaline, les Kouriles, Ryu kyu, Formose [Taïwan], une partie de la Micronésie) et continental (Corée, Mandchourie). Ses ambitions se portent maintenant sur la Chine elle-même. Compte tenu de leur énorme puissance, les Etats-Unis possèdent un nombre limité de territoires coloniaux mais la plupart des Etats de l'Amérique latine sont pour eux des semi-colonies.
(A suivre)


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