«1 271 civils ont été tués et 1 997 ont été blessés, la plupart grièvement», a déclaré Staffan de Mistura, le représentant spécial de l'ONU à Kaboul, lors d'une conférence de presse dans la capitale afghane. L'ONU constate ainsi une augmentation de 25 % du nombre de civils tués par les insurgés et par les forces internationales. Sur les 6 premiers mois de 2009, 1 013 Afghans avaient été tués. Au total, le nombre de victimes - morts et blessés - a augmenté de 31 % sur la même période. Les insurgés ont été responsables de trois-quarts des morts et blessés parmi les civils, soit une augmentation de 53 % par rapport à 2009. Les pertes civiles causées par les forces afghanes et par les forces internationales s'élèvent à 12 % du total, soit une baisse de 30 % par rapport à la même période en 2009. «Le coût humain de cette conflit augmente malheureusement, le nombre de civils tués ou blessés augmente», a dit M. Mistura, déplorant une hausse de 55 % du nombre d'enfants tués. Les insurgés tuent sept fois plus que les forces afghanes et internationales, avec 72 % des morts (contre 10 % pour les forces régulières). Les bombes artisanales et les attentats suicide --les deux modes opératoires favoris des taliban -- sont la première cause de mortalité parmi les civils (557 morts, soit plus de 50 % du total) même si elles ne les visent pas directement mais ciblent le plus souvent les soldats étrangers ou afghans, ou des bâtiments officiels. L'ONU souligne que les assassinats ont quasiment doublé, notamment les meurtres de candidats aux élections législatives du 18 septembre. Cette tactique des insurgés, essentiellement à l'œuvre dans le sud, visent également souvent les chefs de tribus afin d'installer un climat de peur en ôtant aux villages et communautés leurs leaders traditionnels. En moyenne, selon l'ONU, un civil est tué chaque jour par les taliban dans le sud du pays. L'ONU s'inquiète aussi de l'augmentation de 136 % des violences dans des zones du nord-est considérées jusque-là comme stables, comme la province de Kunduz, de Baghlan et du Badakhchan. C'est dans le Badakhchan que dix humanitaires, dont huit Occidentaux, ont été tués la semaine dernière. Les frappes aériennes de l'OTAN, longtemps mises en cause par l'ONU et par le gouvernement du président afghan Hamid Karzaï, contribuent au tiers des civils tués par les forces internationales et afghanes, soit une baisse de 64 %. La limitation de ces frappes, décidée en 2009 par le général McChrystal alors commandant des forces américaines et internationales, avait permis une réduction du nombre de civils tués. Les insurgés étaient alors devenus les premiers responsables des pertes civiles. Le général David Petraeus, nouveau commandant des forces internationales en Afghanistan, a édicté le 1er août des directives pour épargner les civils, poursuivant la stratégie de son prédécesseur de limiter le recours aux frappes aériennes. L'intensification du conflit a également provoqué une augmentation radicale des pertes dans le contingent international. Depuis le début de l'année, 426 soldats étrangers ont perdu la vie en Afghanistan, contre 520 pendant toute l'année 2009, selon un décompte du site Internet spécialisé icasualties.org. Et avec 102 morts, le mois de juin avait été de loin le plus meurtrier pour les forces internationales depuis leur arrivée dans le pays fin 2001 pour chasser les taliban du pouvoir à Kaboul. Sur toute l'année 2009, plus de 2 400 civils avaient péri en Afghanistan, soit une augmentation de 14% par rapport à 2008.