Ne pas parler des vestiges romains, ce serait effacer d'un revers de la main les événements historiques qui ont jadis jalonné les pavés de la cité rusicadienne. Ne pas vanter les plages envoûtantes et enchanteresses de Skikda (Ben M'hidi-Oued Bibi – Guerbes – La carrière – La grande plage, etc.) véritables «sources» d'eau cristallines bénies des dieux, ce serait porter un coup fatal à la santé touristique de la région. Ne pas parler de l'importance que revêt le pôle industriel de la ville de Skikda (avec ses joies et ses peines), ce serait occulter voire renier la place prépondérante qu'occupe ce secteur dans la réussite économique du pays. Ne pas s'arrêter sur la baie de Stora en attendant le coucher du soleil, ce serait assurément ne pas voir le nez camard du patron de pêche et le balustre ventru des chalutiers à peine sortis du radoub déversant toute une cargaison de poissons frais et variés (pageot – merlan – faux merlan – sar – crevette rouge et crevette blanche). Ne pas s'extasier devant les exploits sportifs d'antan des joueurs de football (les regrettés frères Bouchache, Oudjani, Draoui et autres Naïm, Saheb, Hanniche, Tabet, Babouche) et de handball (Sayad, Grief, Tsabet, les frères Bouzidi, Khiati, Mokhnache, Djeffel) qui avaient porté haut les couleurs nationales, ce serait faire preuve d'hypertrophie aiguë de l'ego. Goethe avait raison quand il maugréait, pince-sans-rire : «tout s'arrangera, et si le ciel tombe, il se sauvera bien une alouette». L'association «les amis de Skikda» sera peut-être cette alouette si elle continue, malgré les énormes difficultés, l'œuvre de bienfaisance que lui confère son statut de tutrice, en quelque sorte, de la population locale. Créée le 5 janvier 1990, mitoyenne de la Chambre de commerce de la wilaya de Skikda, son siège social se trouve au 12, rue Mahmoud- Nafir. Les anciennes caves de vin des établissements Abadie datant de l'ère coloniale ont été transformées en grande salle dans laquelle l'association se réunit. La construction d'une soupente a permis l'aménagement de deux salles, avec chaises et tables, l'installation d'un photocopieur, de deux micro-ordinateurs avec imprimante, d'une bibliothèque avec ouvrage et des bureaux. Ces aménagements et équipements ont permis en outre : - la formation de plus de 1 800 couturières dans différents ateliers, - la formation de 150 déclarant en douanes en parfaites symbioses avec la chambre de commerce, - d'organiser des cours de rattrapage pour l'examen du bac pour plus de 800 élèves, - de distribuer des cours de français à une certaine catégorie de personnes, - la mise à disposition de salles à diverses associations, - des rencontres interassociations (discussions portant sur le problème de l'eau, de l'explosion du glik, etc.), - des réunions avec la société civile où des ateliers ont été installés (environnement, santé publique, urbanisme, sport et culture). Des réceptions et remises des prix ont également été organisées pour des journalistes, pour la JSES (coupe arabe de candball) pour les élus APC et APW, pour des délégations étrangères sous l'égide du Syndicat d'initiative du tourisme, aux lauréats des concours d'architecture, de poésie de beauté à l'hôtel de ville. Parmi les actions de bienfaisance que l'on peut relever : - Habillement de tous les résidents du centre d'accueil pour personnes âgées et handicapées avec réception et soirée musicale au niveau du centre. - Prise en charge d'une fillette avec un bec de lièvre pour une opération chirurgicale dans une clinique à Annaba - Distribution en collaboration avec des bienfaiteurs à plus de 150 écoliers nécessiteux d'habits vestimentaires et d'affaires scolaires. - Remise de bourses, avec la collaboration de l'association ACEDA à des lycéennes en difficulté. - Distribution en parfaite harmonie avec un bienfaiteur de couffins du ramadan à des familles démunies. L'association les Amis de Skikda est un organisme apolitique qui se distingue par le bénévolat de l'ensemble de ses membres. Elle n'a de cesse d'œuvrer à améliorer la qualité de vie du citoyen skikdi. Hier encore adulée par des gens curieusement intéressés, aujourd'hui peut-être trop injustement décriée l'association continue, bon an mal an, son petit bonhomme de chemin. Présente sur tous les fronts (hygiène et sécurité, amélioration de la qualité de la vie, défense du patrimoine naturel, historique et civil développement des activités culturelles, sportives et de loisir, amélioration et développement de l'esprit civique, de la solidarité et de l'entraide sociale), elle vit grâce aux cotisations purement symboliques de ses membres adhérents et aux subventions parcimonieusement délivrée par l'APC de Skikda et la Direction de la jeunesse et des sports. Après quelques disettes subventionnelles qui ont duré quelque temps, voilà qu'une somme de 500 000 DA versée à fonds perdu par l'APC vient soulager un tant soit peu la trésorerie de l'organisme, une trésorerie exempte de tout reproche. L'association, consciente des difficultés qu'éprouvent les citoyens à joindre les deux bouts et sachant pertinemment que des prix qui augmentent est un signe profond de déséquilibre sociétal et un risque énorme de désordre économique, reste néanmoins à l'écoute des doléances formulées par les habitants. Mais quand des gens mal intentionnés veulent assombrir son image de marque en traitant, et c'est une métaphore de la noirceur, ses membres d' «ennemis de Skikda», elle se doit de réagir. Ces gens doivent savoir que l'association n'a aucun pouvoir absolu et qu'elle ne peut supporter toute la misère du monde. Ces mêmes gens à l'implacable syllogisme descartien : «Il n'y a pas de travail et de logement à Skikda, nous habitons Skikda donc nous n'avons ni travail ni logement», considèrent que si la ville est une prison pour eux, elle est devenue un sanctuaire pour les autres. Les Amis de Skikda qui ont signalé à maintes reprises les pieds-à-terre inoccupés et opté pour la main- d'œuvre locale en matière d'emploi feront tout pour offrir aux Skikdis un cadre de vie agréable. Pour eux, la solution est toute trouvée : «Il vaut mieux passer les vacances en Corrèze que dans le Zambèze.»