? «A Ghaza, qu'on ait 1 million ou un 1 dollar, c'est pareil, on subit les mêmes choses (…). On n'a pas le droit de voyager, on ne peut pas être bien soigné», expose Adnan Abou Hasna, porte-parole de la U.N. Relief and Works Agency de Gaza [office de l'ONU de secours et de travaux pour les réfugiés de Palestine]. Matthew Olsen, qui vit en partie à Ghaza et dirige l'ONG nord-américaine de développement Explore Corps, confirme en d'autres termes : «Le fait que l'endroit soit fermé change radicalement l'état d'esprit. Venir à Ghaza, c'est un peu comme rendre une visite dans une prison. La vie n'est pas si terrible, il n'y a pas de famine ni de drame de ce type, mais savoir qu'on ne peut pas partir, c'est vraiment usant.» L'aéroport de Ghaza est hors service, et les passages aux frontières israélienne et égyptienne sont strictement limités. Dans l'une des plus grandes artères de la ville trône pourtant une agence officielle de la compagnie aérienne Royal Jordanian Airlines. Au guichet, Hesham, qui n'a pas souhaité donné son nom de famille, déclare que l'agence, ouverte par son grand-père en 1965, n'a jamais fermé ses portes: «Il faut que les gens gardent la foi. Qu'iraient-ils penser si on pliait boutique ?» Ces jours-ci, cependant, l'agence n'a pas grand-chose à proposer, si ce n'est des billets au départ du Caire pour la Jordanie et, de là, à toutes les destinations desservies par le transporteur jordanien. Les Ghazaouis qui peuvent s'offrir le billet doivent d'abord traverser la frontière égyptienne puis se rendre jusqu'au Caire, ce qui représente six heures de route. Et, comme le précise Hesham, ceux qui n'ont pas de visa pour l'Egypte mais sont pourvus d'un billet Le Caire-Amman, sont transportés en bus spécial depuis le poste-frontière de Rafah jusqu'à l'aéroport cairote. Là, ils sont directement débarqués dans le terminal de départ pour attendre leur vol.