Le jour, l'activité professionnelle tourne au ralenti durant le mois sacré. Dans les administrations par exemple, les horaires de travail vont de 11 à 16 heures. Le matin, les rues sont désertes. L'activité diurne ne commence qu'en début d'après-midi après la prière. Le climat n'arrange pas non plus la situation. Il est presque partout désertique, très chaud et humide le long de la côte ouest. A l'est du pays, c'est le désert. Il fait très chaud et sec. Du coup, le jour devient nuit et vice versa. D'autant plus que les échoppes et les souks restent ouverts jusqu'à l'aube. Au f'tour, les Yéménites se mettent par terre (Qaada arabi). F'tour et dîner sont servis séparément. Des plats copieux sur la meïda Après les dattes et le café pris léger et sans sucre, il faut faire sa prière du Maghreb avant de poursuivre son f'tour. La famille partage les entrées : chorba (soupe aux lentilles ou à l'avoine, soupe aux légumes) et le réputé Shafuut, un pain au yaourt, herbes et viandes. Vient ensuite la Sambousa, un mets à base de viandes et d'oignons ou encore Al-Fatta, délicieux dessert, pris en général en début de repas. Ce dessert est composé de pain, banane écrasée et miel. Peu de temps après ce cérémonial, les Yéménites vaquent aux mosquées pour la prière d'Al-Ichaa et les Tarawihs. Les dix dernières soirées du mois sont dédiées exclusivement aux prières (Al-Qyame). Au Yémen, la religion est omniprésente dans tous les aspects de la vie sociale. Les Yéménites tirent une grande fierté du fait que leur pays soit situé à droite de La Mecque. Ce qui a une forte charge symbolique pour les fidèles qui s'orientent cinq fois par jour vers la Ville sainte lorsqu'ils prient. Au retour à la maison après les Tarawihs, le dîner est servi peu de temps après. Généralement, ce sont des soupes et des pot-au-feu traditionnels. «Al-Assid» et la salta (soupe à base de viande épicée et soupe-sauce à base de légumes, de viande de mouton et surtout de fenugrec) sont particulièrement appréciés. Autre mets local prisé, le lahram Ranan, un plat à base de viande de chèvre cuite au four, dans une feuille de bananier. Sans oublier tiagda, une viande cuisinée avec des légumes, sauce tomate et épices. Comme en Arabie saoudite, le riz à la viande (Al-Kabssa) est incontournable. Au dessert, ce sont les fruits ou la Mahallabia qui dominent. Le thé noir est de mise après le dîner. Des souks bigarrés Après, rebelote dans les souks. Pendant le mois sacré particulièrement, Sanaâ est à son tour gagnée par la société de consommation. Bédouins et citadins préfèrent déambuler dans les labyrinthes de ruelles et des souks : un lieu de socialisation entre les systèmes de valeurs du monde tribal et ceux du monde urbain. Epices, tissus, provisions, encens, provisions… les souks sont très bigarrés. Mis à part la prière et les visites des familles, ce sont les soirées du qat (Al-Maquil) qui rafflent la vedette. Mis à part la prière et les visites des familles, ce sont les soirées du qat (Al-Maquil) qui raflent la vedette. C'est un rite de cohésion sociale. Le qat est une véritable institution au Yémen, un phénomène de société. Hommes, femmes et enfants en consomment sans modération le soir. C'est un pivot de la vie sociale. Sa particularité réside essentiellement dans le rite éminemment convivial qui accompagne sa consommation. La mastication du qat se fait toujours accompagner d'eau fraîche et de la possibilité de fumer le narguilé. En plus du narguilé, les Yéménites fument aussi Al-Madaâ. Un narguilé traditionnel plus grand qui permet de fumer Al-Jirak (tabac noir) ou encore le tabac jaune brut.