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Endettement public croissant en Algérie et baisse vertigineuse du Fonds de régulation des recettes
Effet de la crise mondiale et de la gouvernance interne
Publié dans La Nouvelle République le 01 - 09 - 2010

, La nouvelle la plus importante et inquiétante du Conseil des ministres du 25 août 2010 est que le déficit du Trésor pourrait atteindre 3 615 milliards de dinars, un déficit qui ne pourra être couvert que grâce au recours du Fonds de régulation des recettes, estimé à 4 280 milliards de dinars, ce qui réduit ses réserves à 665 milliards de dinars, fondant ainsi comme une glace au soleil.
I) Au rythme des dépenses actuelles en cas de non-redressement des cours des hydrocarbures surtout du gaz, représentant un tiers des recettes en devises, avec une mauvaise gestion presque à tous les niveaux, le Fonds de régulation devrait tendre vers zéro en 2011/2012, d'autant plus que ce montant est sous-estimé si l'on prend en compte les dévaluations successives en 2008/2009 de 20 % par rapport à l'euro et de 15 % par rapport au dollar, en précisant que cela constitue un dumping pour les entreprises locales. Malgré cela, il a été impossible de dynamiser les exportations hors hydrocarbures (moins de 3 % du total), ce qui montre que le blocage est d'ordre systémique : faiblesse d'un environnement sain des affaires (bureaucratie, système financier sclérosé, le foncier, l'adaptation du système socio-éducatif). En effet, le Fonds de régulation, qui constitue la différence entre le prix international et le prix fixé par la loi de finances (37 dollars) est calculé en dinars algériens. Exemple : le fonds de régulation de 100 dinars au 31/12/2008, pondéré appliqué par une dévaluation de 20 %, donne un fonds de régulation en dinars de 120 ; il en est de même pour la fiscalité pétrolière. Le montant de 665 milliards de dinars après avoir épongé le déficit du Trésor représentant, en fait, la proportion de la dévaluation du dinar par rapport au dollar dont sont libellées les exportations des hydrocarbures. Si la Banque d'Algérie n'avait pas pratiqué une dévaluation du dinar de 15 % en une année par rapport au dollar, ce taux appliqué au 4.280 milliards de dinars de fonds donnerait un montant 642 milliards et le solde au 31/12/2009 serait de 23 milliards de dinars. Avec une dévaluation de 20 % le solde serait négatif et abaisserait également le montant de la fiscalité pétrolière, toute dévaluation gonflant les recettes fiscales, voilant l'importance d'ailleurs du déficit budgétaire et la mauvaise gestion des finances publiques. Cela renvoie à l'approfondissement de la réforme globale, les infrastructures certes nécessaires n'étant qu'un moyen alors qu'elles ont absorbé plus de 70 % de la dépense publique entre 2004 et 2009 avec des résultats mitigés : surcoûts exorbitants, réévaluations permanentes,, dévalorisation du savoir au profit des rentes, le montant poste assistance technique étrangère étant passé de 4 milliards de dollars en 2004 à 11 milliards en 2008/2009, soit 825 milliards de dinars.
II) Ainsi, en misant uniquement sur la dépense publique sur fonds propres via les hydrocarbures, via la mauvaise gestion presque à tous les niveaux, pour ne pas parler de la corruption qui s'est socialisée, et en limitant tout apport extérieur, à moins d'un relèvement substantiel des prix internationaux du gaz (chute de plus de 50 % en 2009/2010 sur le marché spot, la bulle gazière allant au minimum vers 2016/2017) et du pétrole, l'Algérie ferait face à d'énormes difficultés pour continuer à ce rythme dans la dépense publique avec des surcoûts amplifiés surtout par la réévaluation des projets et très accessoirement par le relèvement des salaires. Comme j'ai eu à le démontrer récemment dans le quotidien financier international les Afriques (27 août 2010), selon les dernières estimations, l'Algérie a produit 86,5 milliards de m3/an en 2008 contre 49 milliards en 1990 et avec les nouveaux projets devant atteindre 100 milliards de mètres cubes gazeux. Les exportations prévues entre 2014 et 2016 seraient de 85 milliards de mètres cubes gazeux et 40 pour la consommation intérieure, selon les dernières estimations d'août 2010 dont le CREG a revu à la baisse la consommation par rapport à son précédent rapport, soit 125, donnant un déficit de 25 milliards de mètres cubes gazeux. Pour l'horizon 2020, les prévisions d'exportations seront de 100 milliards de mètres cubes gazeux et 60 milliards de mètres cubes gazeux de consommation intérieure (hypothèse d'abandons de plusieurs projets de Sonatrach), ce qui donnera un déficit de 60 milliards de mètres cubes gazeux nécessitant des investissements nouveaux colossaux absorbant une fraction croissante des recettes de Sonatrach et, donc, des découvertes additionnelles rentables durant cette période d'un volume de 70 % de la production actuelle. En cas d'un développement interne plus intensif pour l'Algérie, ce qui est hautement souhaitable, le déficit irait vers 70/80 milliards de mètres cubes gazeux à l'horizon 2020. En prenant par hypothèse une stabilisation des coûts, toute augmentation des coûts réduisant également la durée de vie des réserves en termes de rentabilisé financière, les nouveaux gisements ayant des coûts plus importants, compte tenu de l'évolution du vecteur prix au niveau international, le prix devrait être entre 14/15 dollars le million de BTU pour le gaz naturel liquéfié (coût et transport) et 10/11 dollars pour le gaz naturel par canalisation (Medgaz - Galsi) donnant entre 25 à 30 ans de durée de vie (exportation plus consommation). Si le vecteur prix est de 6/7 dollars le million de BTU, la durée de vie est à diviser par deux, soit environ 15/16 ans. Si le prix est de 4/5 dollars comme cela se passe sur le marché spot, la durée de vie serait entre 10 et 12 ans, c'est-à-dire en 2020. Ainsi, l'Algérie pourrait faire face à une grave crise interne de gaz si le prix international se maintient à son niveau actuel ainsi que les actuelles prévisions d'exportation. Cette inquiétude est d'autant plus justifiée que les exportations de gaz algérien n'ont pas dépassé 54,5 milliards de mètres cubes en 2009, fort loin de l'objectif de 85 milliards pour 2012. La concurrence du marché spot et des retards dans certains projets dont celui Gassi Touil, qui devait entrer en production justement en 2009, expliqueraient le recul de 2009.
III) Cela devrait inciter à une réorientation de l'actuelle politique économique pour la période 2010-2014 par une rationalisation des choix budgétaires tout en évitant des remous sociaux, car assistant à une distribution de rentes et non à une véritable politique salariale récompensant le travail et l'intelligence, le retour à l'économie administrée étant suicidaire pour le pays, où seront injectés 286 milliards de dollars dont 130 de restes à réaliser du programme 2004/2009. Tous les pays protègent leur production nationale comme le montrent les décisions récentes de bon nombre de pays développés, tout en ne confondant pas l'Etat propriétaire gestionnaire et l'Etat régulateur stratégique en économie de marché, mais d'une manière ciblée et ne décourageant pas l'acte d'investissement, y compris étranger où, selon le rapport de la CEE (FEMISE) de juin 2010, les IDE, déjà faibles, ont chuté de près de 70 % en 2009 en référence aux années 2007/2008 en Algérie, les 30 % restants étant surtout concentrés dans les hydrocarbures. Doit-on continuer toujours d'assainir ces entreprises publiques qui ont coûté au Trésor public plus de 40 milliards de dollars entre 2001 et 2009, plus de 70 % étant revenus à la case départ ? N'est-il pas préférable de projeter des investissements nouveaux, qu'ils soient publics ou privés,, pouvant tenir tête à la concurrence internationale. D'une manière générale, la question tant de la gouvernance centrale et locale (efficacité des instituions) que celle économique des entreprises en Algérie reste pendante, Cela implique une lutte concrète contre la mauvaise gestion et la corruption, par de véritables mécanismes démocratiques et non des mesures autoritaires administratives sans dialogue et concertation qui produisent l'effet inverse.


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