C'est en tous cas l'interprétation à accorder à la correspondance qu'il a transmise mercredi à l'inspecteur du travail de la daïra d'El-Hadjar. Affirmant que sa démarche s'inscrit dans le cadre du dialogue continu avec l'employeur, seul moyen pour la concrétisation des revendications légitimes des travailleurs ainsi que des intérêts économiques et sociaux de l'entreprise, Kouadria estime que «considérant le calendrier de réunions et de négociations autour de notre plateforme de revendications et des procès verbaux des 5 réunions en juillet/août 2010, nous vous demandons d'intervenir auprès de la direction générale pour un retour à la table de négociations dans les délais les plus proches». Cette nouvelle sortie des syndicalistes du complexe sidérurgique El-Hadjar est motivée par plusieurs aspects liés au devenir des travailleurs et de la société. Il y a d'abord le retour au calme après l'interpellation des 12 membres du comité de participation et la mise sous contrôle judiciaire de 2 d'entre eux. La mise en application en toute discrétion d'un volet social par l'employeur qui, selon S. Kouadria, aurait invité les travailleurs des points de vente de Mezloug (M'sila) et Draâ Ben Khada (Tizi Ouzou) à partir «volontairement» ou à déposer leur dossier de retraite dans les plus brefs délais, avec l'éventualité d'appliquer la même démarche aux travailleurs d'autres unités extérieures dont la représentativité syndicale ne pose pas problème. Pour le secrétaire général du conseil syndical, l'employeur a tenté d'exploiter le conflit syndicat/CP pour entraîner, d'une manière ou d'une autre, le maximum de travailleurs vers la porte de sortie. Dans sa correspondance au représentant local du ministère du Travail et de la Protection sociale, Smaïl Kouadria souligne l'exercice du droit syndical que lui confèrent les dispositions de la convention collective de l'entreprise, particulièrement celles ayant trait aux attributions syndicales. En d'autres termes, les syndicalistes semblent vouloir souligner le retard mis dans la concrétisation du droit des travailleurs pour «anticiper toute tentative visant à saper la stabilité et la paix sociale au sein de l'entreprise». En tout état de cause, ArcelorMittal qui entame sa dixième année de gestion de la société algéro-indienne de sidérurgie au titre d'actionnaire majoritaire à hauteur de 70% au capital social paraît bien intéressée par la mise en route d'un volet social. L'application de ce dernier pourrait intervenir très prochainement au niveau de sa filiale des mines de Ouenza et Boukhadra (Tébessa) secouée par un important scandale. Il serait lié à des malversations commises par l'ancien directeur général et son équipe. L'opération de licenciement entamée Apparemment, la direction générale ArcelorMittal El-Hadjar a mal interprété l'appel à la reprise des négociations lancé il y a quarante-huit heures par Smaïn Kouadria. En effet, comme s'il s'agissait de dire à son partenaire social qu'il n'a plus les moyens d'imposer quoi que ce soit en matière de situation des travailleurs, Vincent le Gouïc a instruit son directeur chargé du marketing et des points de vente de procéder aux licenciements sous une forme ou une autre de la totalité des travailleurs encore en activité dans les structures internes de la société algéro-indienne de sidérurgie ArcelorMittal. Aussitôt dit, aussitôt fait, puisque avant la fin de l'année 2010, ces travailleurs seront contraints au départ volontaire ou à la retraite. Particulièrement ceux des points de vente de Sidi Bel-Abbès, Mostaganem, Oran, Blida, Reghaïa, Draâ Ben Khedda, El-Kseur, Mezloug, Centre Skikda, Khroub, Aïn Defla et Pont Bouchet Annaba. Si la question de leur le départ «volontaire» imposé est définitivement réglée, il reste à élaborer la procédure. C'est l'objectif fixé à la réunion d'Oran du 27 au 30 septembre 2010. Y participeront tous les directeurs régionaux sous la présidence de M. Cassou, directeur français chargé du marketing et des points de vente en Algérie. Durant quatre jours, seront débattus tous les détails sur les indemnités de licenciement à verser à ceux contraints de partir volontairement ou à la retraite. Pour les travailleurs qui tenteraient de ruer dans les brancards en avançant les dispositions de leur contrat de travail à durée indéterminée, une affectation dans une wilaya lointaine de leur résidence se chargera de ramener chacun à la raison. «Nous n'avons jamais été avisés de pareille démarche qui cache la mise en route d'un volet social que nous avons à maintes reprises rejeté. C'est parce qu'elle a cru avoir terrassé totalement le syndicat des travailleurs avec la complicité des membres du comité de participation, que la direction générale cherche à imposer son diktat sur les travailleurs. Nous ne laisserons pas faire. Comme nous l'avons démontré à plusieurs reprises, nous réagirons conformément aux dispositions légales. D'autant plus que nous sommes sortis revigorés et renforcés par le secrétaire général de l'UGTA qui apporte tout son soutien aux travailleurs.» Pour le secrétaire général du conseil syndical ArcelorMittal, si elle venait à être matérialisée, cette démarche sera élargie aux autres filiales et structures externes de ArcelorMittal El-Hadjar et mines de l'Ouenza et de Boukhadra.