«Dans les champs de l'observation, le hasard ne favorise que les esprits préparés.» Louis Pasteur Louis Pasteur est né le 27 décembre 1822 à Dole (dans le Jura). Son père, après avoir été sergent dans l'armée napoléonienne, reprit la profession familiale de tanneur. Une formation solide En 1825, la famille Pasteur quitte Dole pour, enfin, s'installer à Arbois en 1830. Le jeune Pasteur y suit les cours d'enseignement mutuel puis entre au collège de la ville. C'est à cette époque qu'il se fait connaître pour ses talents de peintre ; il a, d'ailleurs, fait de nombreux portraits de membres de sa famille et des habitants de la petite ville. En octobre 1838, il quitte Arbois pour Paris afin de se préparer au baccalauréat puis aux concours. Cependant, déprimé par cette nouvelle vie, il abandonne cette idée, quitte Paris et termine son année scolaire 1838-1839. A la rentrée 1839, il poursuit ses études au collège royal de Franche-Comté, à Besançon. En 1840, il obtient le baccalauréat en lettres puis, en 1842, après un échec, le baccalauréat en sciences mathématiques. Pasteur retourne de nouveau à Paris et est finalement admis à l'Ecole normale en 1843. Plus tard, il sera élève au Conservatoire national des arts et métiers. Louis Pasteur se marie, en 1849, avec la fille du recteur de la faculté de Strasbourg dont il aura quatre enfants. Une carrière exemplaire A l'Ecole normale, Pasteur étudie la chimie et la physique, ainsi que la cristallographie. Il devient agrégé-préparateur de chimie et soutient en 1847 à la faculté des sciences de Paris ses thèses pour le doctorat en sciences physiques. Ses travaux lui vaudront, déjà, la médaille Rumford en 1856. Il est, ensuite, professeur à Dijon puis à Strasbourg de 1848 à 1853. En 1849, il épouse Marie Laurent, fille du recteur de la faculté de Strasbourg. En 1853, Pasteur devient chevalier de la Légion d'honneur. En février 1854, pour avoir le temps de mener à bien des travaux qui puissent lui valoir le titre de correspondant de l'Institut, il se fait octroyer un congé rémunéré de trois mois à l'aide d'un certificat médical de complaisance. Il fait prolonger le congé jusqu'au 1er août, date du début des examens. «Je dis au ministre que j'irai faire les examens, afin de ne pas augmenter les embarras du service. C'est aussi pour ne pas laisser à un autre une somme de 6 ou 700 francs.» Il est, ensuite, nommé professeur de chimie et doyen de la faculté des sciences de Lille nouvellement créée en 1854. C'est à cette occasion qu'il prononce la phrase souvent citée : «Dans les champs de l'observation, le hasard ne favorise que les esprits préparés.». Pasteur, qui s'intéressait à la fermentation depuis 1849, est stimulé dans ces travaux par les demandes des brasseurs lillois concernant la conservation de la bière. Après Frédéric Kuhlmann et Charles Delezenne, Pasteur est, ainsi, un des premiers en France à établir des relations fructueuses entre l'enseignement supérieur et l'industrie chimique. Les travaux qu'il réalise à Lille entre 1854 et 1857 conduisent à la présentation de son Mémoire sur la fermentation appelée lactique dans le cadre de la Société des sciences, de l'agriculture et des arts de Lille le 8 août 1857. En 1857, il est nommé administrateur chargé de la direction des études à l'Ecole normale supérieure. Des travaux passionnants En 1861, Pasteur publie ses travaux réfutant la théorie de la génération spontanée. L'Académie des sciences lui décerne le prix Jecker pour ses recherches sur les fermentations. En 1862, il est élu à l'Académie des sciences. En 1865, Dumas le nomme membre, avec Claude Bernard et Sainte-Claire Deville, d'une commission chargée d'étudier l'étiologie du choléra. Les trois savants, qui cherchent le principe de la contagion dans l'air (alors que Snow, dans un travail publié en 1855, avait montré qu'il était dans l'eau), ne trouvent pas le microbe, que Pacini avait, pourtant, fait connaître en 1854. A l'Ecole normale supérieure, Pasteur est jugé autoritaire aussi bien par ses collègues que par les élèves et se heurte à de nombreuses contestations, ce qui le pousse à démissionner, en 1867, de ses fonctions d'administrateur. Il reçoit une chaire en Sorbonne et on crée, à l'Ecole normale même, un laboratoire de chimie physiologique dont la direction lui est confiée. Ses études sur les maladies des vers à soie, menées de 1865 à 1869, triomphent de la pébrine mais non de la flacherie et ne permettent pas vraiment d'endiguer le déclin de la sériciculture. Durant cette période il subit une attaque cérébrale, et une hémiplégie dont il se remet. En 1868, il devient commandeur de la Légion d'honneur. La défaite de la France devant la Prusse, en 1870, et la chute de Napoléon III sont un coup terrible pour Pasteur, grand patriote et très attaché à la dynastie impériale. Par ailleurs, il est malade. L'Assemblée nationale lui vote une récompense pour le remercier de ses travaux dont les conséquences économiques sont considérables. En 1874, ses recherches sur la fermentation lui valent la médaille Copley, décernée par la Royal Society, de Londres. La passion de la recherche scientifique En 1876, Louis Pasteur se présente aux élections sénatoriales, mais c'est un échec. Ses amis croient qu'il va, enfin, s'arrêter et jouir de sa retraite, mais il reprend ses recherches. Il gagne Clermont-Ferrand où il étudie les maladies de la bière avec son ancien préparateur Émile Duclaux, et conclut ses études sur la fermentation par la publication d'un livre : les Études sur la bière (1876). En 1881, l'équipe de Pasteur met au point le vaccin contre le charbon des moutons. En 1882, il est reçu à l'Académie française. Dans son discours de réception, il accepte pour la science expérimentale l'épithète «positiviste», en ce sens qu'elle a pour domaine les causes secondes et s'abstient donc de spéculer sur les causes premières et sur l'essence des choses, mais il reproche à Auguste Comte et à Littré d'avoir voulu imposer cette abstention à toute la pensée humaine. Il plaide pour le spiritualisme et célèbre « les deux saintetés de l'Homme-Dieu », qu'il voit réunies dans le couple que l'agnostique Littré formait avec sa femme chrétienne. C'est dans ce discours que Pasteur prononce la phrase souvent citée : «Les Grecs [...] nous ont légué un des plus beaux mots de notre langue, le mot enthousiasme [...].» En 1885, Pasteur refusa de poser sa candidature aux élections législatives, alors que les paysans de la Beauce, dont il avait sauvé les troupeaux grâce au vaccin contre le charbon, l'auraient sans doute porté à la Chambre des députés. La découverte du vaccin antirabique (1885) vaudra à Pasteur sa consécration dans le monde : il recevra de nombreuses distinctions. L'Académie des sciences propose la création d'un établissement destiné à traiter la rage : l'Institut Pasteur naît, ainsi, en 1888. Le grand savant meurt le 28 septembre 1895. Sa famille décida de l'enterrer dans une crypte de l'institut qui porte son nom.