, A moins d'une réaction positive à la plainte qu'ils ont adressée au président de la République, les 45 000 praticiens inscrits au conseil de l'Ordre national des médecins (CONM), dont 26 700 du secteur public, menacent d'aller vers une démarche extrême. Plusieurs centaines de praticiens venus de différentes régions d'Algérie dans le cadre du 2e Colloque algéro-canadien de déontologie médicale sur la formation médicale continue obligatoire, organisé jeudi à Annaba, se sont clairement exprimés sur l'éventualité d'une grève générale de protestation à travers toutes les structures publiques et privées de santé du pays. Le motif est l'immixtion de Djamel Ould Abbès, ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, dans la démarche démocratique et conforme aux lois du pays, que le CONM a appliquée le 7 octobre 2010 en organisant les élections des conseils de l'ordre dans les 12 régions du pays. Le fait que le même ministre ait, par le SMS transmis individuellement à chacun d'eux la veille, interdit aux praticiens d'y participer a été considéré comme étant un abus de pouvoir, d'autorité et un dépassement de Ould Abbès. Profitant de la présence à Annaba des membres du bureau exécutif, les praticiens ont appelé leur conseil à une réaction urgente pour mettre un terme à cette atteinte aux règles fondamentales de la démocratie et une ingérence dans les activités de leur organisation. Une position extrême qu'excluent pour le moment les membres du bureau exécutif du Conseil national des médecins, également présents à Annaba. Mohamed Bekkat Berkani, le président de ce conseil, a estimé que «président de l'UMA, le ministre a certainement cru qu'il avait également des prérogatives pour décider des activités de notre conseil. Le fait d'envoyer des SMS aux praticiens est une aberration. C'est même une insulte à l'adresse des praticiens. C'est pourquoi nous avons saisi le président de la République à l'effet de mettre un terme à ce qui semble être une tentative de ce ministre de bâillonner toute forme d'expression autre que celle de son Union. Nous sommes un conseil totalement souverain. Il n'obéit qu'aux membres de son assemblée générale». L'information portant sur l'éventualité d'un débrayage des praticiens tous secteurs confondus a atteint le grand public. Bon nombre de citoyens ayant assisté au colloque se sont intéressés à ce qu'ils affirment être un retour vers les années du parti unique. Tous ont stigmatisé la démarche du ministre qui, président de l'UMA, n'a pas organisé une seule assemblée générale depuis son élection à la tête de cette institution, il y a 25 ans. Ministre de la Solidarité nationale, M. Ould Abbès avait été réellement dépassé dans sa mission. Il en fut ainsi dans le dossier des 4 enfants irakiens pris en charge médicalement par le CONM et financièrement par l'UGTA. Comme il ne démontrera aucune «solidarité» avec le conseil de l'Ordre national des médecins algériens à l'origine de la décision des médecins arabes d'exclure de la présidence de leur conseil, l'Egyptien Abdelmounaïm Abou El-Fatouh et du transfert du Caire vers Beyrouth du siège de ce même conseil arabe. Forts de la mobilisation de l'opinion et de la réussite des élections dans neuf conseils régionaux du pays sur les 12 (Oran, Tlemcen et Blida ayant obéi au SMS), le conseil de l'Ordre des médecins se prépare à lancer une contre-offensive. Plusieurs de ses membres ont estimé que les hiérarchies fondées sur le haut lieu ou sur le privilège constituent le pire désordre. La profusion d'affaires judiciaires avec la comparution dans les prétoires de hauts cadres du ministère de la Santé, l'affaire du vaccin contre la grippe A, les relations floues entretenues avec certains gérants de laboratoires à la vénalité notoire, le récent dossier de l'ancien directeur de la santé et de la population d'une wilaya de l'Est, poussé vers la porte de sortie pour avoir refusé de se soumettre à la compromission et à la corruption, l'utilisation des moyens humains (anesthésistes, infirmiers…) et matériels (Scanners, laboratoires, radiologies, blocs chirurgicaux) des structures hospitalières publiques (à l'exemple du CHU Annaba) par des cliniques privées, les agressions quotidiennes des praticiens et du corps paramédical dans les services des urgences, sont autant d'actes préjudiciables qui caractérisent la gestion de la santé publique dans notre pays. N'est-ce pas là tant de désordres qui auraient dû être la préoccupation majeure du ministre. Tous ces faits figureront certainement dans le point des divers de l'assemblée générale que le conseil de l'Ordre des médecins algériens envisage d'organiser avant la fin de l'année 2010. Ils ont été déjà abordés lors de la réunion des membres du bureau exécutif réunis à Annaba avec à l'ordre du jour la préparation de cette même AG et l'élaboration d'un calendrier électoral pour les praticiens électeurs des régions de Blida, Oran et Tlemcen. Rappelons que grâce à ses activités inlassables, les relations étroites qu'il a réussi à tisser et son aura imposé à ses pairs, le conseil de l'Ordre des médecins algériens assure la présidence de la Conférence euro-méditerranéenne des ordres médicaux du Bassin méditerranéen regroupant 30 pays. Comme il a réussi à bénéficier de nombreux projets, dont ceux liés à la formation de médecins algériens, totalement financés par l'Union européenne.