«Il devrait y avoir, toutes choses égales par ailleurs, des motifs pour agir de nouveau», a-t-il dit dans un discours préparé pour une conférence organisée par la Banque de réserve fédérale de Boston. Ben Bernanke a souligné qu'une période prolongée de chômage élevé pourrait menacer la viabilité de la reprise, et que le faible niveau de l'inflation impliquait un risque de baisse des prix plus important que souhaitable. Il a, toutefois, ajouté que les membres du comité de politique monétaire de la Fed devaient encore évaluer l'ampleur des mesures d'assouplissement à mettre en oeuvre. Le dollar a reculé, notamment, contre l'euro et le yen, après ces déclarations, et les contrats à terme sur indices boursiers se sont retournés à la hausse, tandis que les rendements des emprunts d'Etat américains ont enregistré une baisse temporaire. Avec la multiplication des signes d'un affaiblissement de la reprise aux Etats-Unis dans le courant de l'été, la Fed a activement nourri les anticipations des marchés sur une reprise de ses rachats massifs d'actifs pour soutenir la croissance. La plupart des économistes s'attendent à un programme de rachats de titres à long terme d'environ 500 milliards de dollars d'ici la fin de l'année, selon une enquête Reuters publiée jeudi. La Fed, qui maintient son principal taux directeur à des niveaux proches de zéro, dispose encore de moyens d'assouplir les conditions financières, a déclaré Ben Bernanke en ajoutant qu'elle devait faire preuve de prudence. «Les politiques non conventionnelles ont des coûts et des limites qui doivent être pris en compte lorsqu'il s'agit d'apprécier si et avec quel degré d'agressivité il convient d'y recourir», a-t-il dit. Le précédent programme de rachat d'obligations conduit par la Fed a permis de faire baisser les coûts de financement, mais accroître encore son bilan présente des risques, et il est difficile de déterminer l'ampleur appropriée de nouveaux achats de titres, a-t-il poursuivi. Les anticipations d'une nouvelle phase d'assouplissement quantitatif aux Etats-Unis ont poussé le dollar à ses plus bas niveaux de l'année contre un large panier de devises. Elles ont aussi suscité la colère de nombreux responsables de pays émergents confrontés à des afflux massifs de capitaux à la recherche de rendements plus rémunérateurs et à une forte appréciation de leur monnaie. De nombreux pays, inquiets des conséquences de ces mouvements de changes sur leurs exportations, ont pris des mesures pour tenter d'enrayer la hausse de leur monnaie, au risque d'enclencher un processus de dévaluations compétitives. La récession est finie mais le chômage persiste L'économie américaine est, certes, sortie en juin 2009 de la récession la plus dure qu'elle ait connue depuis la Seconde Guerre mondiale mais le taux de chômage se situe toujours à 9,6 %. L'inflation sous-jacente, mesurée par le déflateur du PIB, l'indicateur de référence de la Fed, est tombée à 1,4 % en rythme annuel alors que la Fed cherche à la maintenir dans une fourchette de 1,7 % à 2 %. Les prix à la consommation aux Etats-Unis ont augmenté de 0,1 % en septembre par rapport au mois précédent, moins que prévu, selon les statistiques officielles publiées vendredi. L'indice des prix de détail sous-jacent, hors prix de l'énergie et de l'alimentation, est resté inchangé en septembre pour le deuxième mois consécutif, sa progression sur un an ne ressortant qu'à 0,8 %. Lors de la réunion du comité de politique monétaire de la Fed du 21 septembre, nombre de ses membres ont jugé que les évolutions sur le front de l'emploi comme des prix n'étaient pas satisfaisantes. Plusieurs d'entre eux ont estimé qu'un nouvel assouplissement de la politique monétaire s'avérerait nécessaire en l'absence d'une soudaine amélioration de la conjoncture. La communication sur la politique monétaire peut contribuer puissamment à l'amélioration des conditions financières, a souligné Ben Bernanke. Il a ajouté que la Fed pourrait indiquer dans ses comptes rendus de comité de politique monétaire qu'elle entend garder son principal taux directeur à des niveaux très faibles pour une période plus longue que ne s'y attendent les marchés.