Il existe sur la berge ouest de l'oued Isly, au lieu dit El Gour, entre le Djorf el Akhdar et les jardins de Sedd, des ruines qui pourraient bien être celles d'Izli ou Zezil. En ce point, on voit encore trois pans de murs ayant appartenu à une kasba carrée de 60 mètres environ de côté. Ces murs ont 1,10 m d'épaisseur, la maçonnerie en pisé ressemble à celle des anciennes enceintes d'Oujda ; les fondations sont en pierres irrégulières et le fossé a presque complètement disparu. A environ 15 mètres de l'angle sud de la kasba, ainsi que sur la pente descendant vers l'oued, apparaissent des traces de murs, qui ne couvrent qu'une assez faible surface. Les ruines d'El Gour sont moins importantes que celles des ksour situés dans les collines du sud d'Oujda ; elles paraissent également plus récentes. Léon l'Africain rapporte qu'Izli était près d'un gros ruisseau, Marmol ; mais ; si cette localité correspond effectivement aux ruines d'El Gour, la contradiction n'est qu'apparente ; l'eau sourd, en effet, dans l'oued Isly à hauteur de ces ruines. Renou estime que les descriptions de Léon l'Africain et Maromol paraissent convenir aux ruines voisines d'Aïn Mouilah, à quelques kilomètres au nord de Marnia. Il semble pourtant plus logique de supposer qu'Izli était bâti à côté de l'oued Isly, puisque les indigènes de l'Afrique du Nord ont coutume de donner le même nom aux différents accidents géographiques d'un même lieu. C'est ainsi que les oueds changent de désignation sur leur parcours ; l'oued Isly en particulier devient l'oued Bou Naïm en aval de Sedd, puis l'oued Mouilah après avoir pénétré sur le territoire de Marnia. On trouve, en outre, sur le haut oued Isly les ruines de deux anciens ksour de peu d'étendue, les unes sont à côté des jardins de Sidi Moussa, les autres dans le col entre le djebel Metsila et la montagne des Zekara ; il subsiste encore en ces points des fragments de murs en pisé mais il n'y a pas de vestiges de kasba. On n'a conservé dans le pays aucun souvenir relatif aux ruines de Sidi Moussa, et celles du sol sont désignées sous le nom de ksar Aadja. D'après les Zekara, ce ksar aurait été bâti par leurs ancêtres. Les événements qui ont intéressé la région d'Oujda pendant le XV° siècle sont les suivants. En 1411, l'Abdelouadite Abou Malek Abd el Ouahab enleva le trône de Tlemcen à son frère Abou Saïd avec l'appui du souverain de Fez. Abou Malek n'était pas d'un caractère à souffrir la tutelle des Mérinides ; il s'empressa de secouer le joug en portant la guerre dans leurs Etats, et s'étant emparé de Fez, il imposa à ses adversaires un sultan de son choix. A la suite de ces événements, il y eut un relèvement passager du royaume de Tlemcen, ce qui porta ombrage aux Hafsides. Ceux-ci soutenaient alors l'Abdelouadite Abou Abdallah, fils d'Abou Tachefine II, qui, avec leur aide, put se faire reconnaître sultan en 1424. Abou Malek se vit appuyé à son tour par les Hafsides ; il vint assiéger Tlemcen et reprit son trône en 1428, puis son compétiteur le renversa et le tua en 1430. Le souverain hafside, Abou Fares, se décida alors à intervenir directement ; à cette menace, Abou Abdallah prit la fuite et se réfugia chez les Beni Snassen. Abou Fares entra à Tlemcen à la tête d'une armée de 50 000 hommes en 1431, il reçut la soumission des habitants et réussit à attirer à lui Abou Abdallah qu'il fit mettre à mort. Le sultan hafside envahit, ensuite, le territoire mérinide ; le souverain de Fez se soumit sans difficulté, car Abou Fares retourna à Tunis sept mois après arrivée à Tlemcen. L'Abdelouadite Abou Abdallah Mohammed, qui avait fondé à Ténès un royaume indépendant et avait pris le titre d'El Metaoukkel, chassa Abou el Abbas du trône de Tlemcen en 1461 ; il l'exila en Espagne. Abou el Abbas revint en Afrique et recruta une armée chez les Arabes et les Berbères ; il assiègera Tlemcen , mais fut battu et tué le 31 août 1463. Les populations du long de la Sikkak appuyèrent alors les prétentions du prince abdelouadite Mohammed ben Chaleb ; un échec subi devant la capitale les découragea. Mohammed ben Chaleb, renonçant à ses projets sur Tlemcen, alla s'établir à Oujda, de façon à pouvoir rayonner sur les pays voisins et y commettre des hostilités. Pendant une de ses expéditions, El Metaoukkel l'attaqua et s'en débarrassa en le tuant. Les persécutions d'Espagne, commencées en 1391, provoquèrent l'exode en Afrique de nombreux juifs ; une colonie judéo-espagnole se forma de notamment à Tlemcen. Les nouveaux venus furent mal accueillis par leurs coreligionnaires indigènes ; ils furent, d'autre part, molestés par les musulmans. Certains d'entre eux pénétrèrent néanmoins dans l'administration. Vers 1465, le Mérinide Abou Saïd interdit aux juifs de garder leurs chaussures dans les quartiers musulmans, de monter à cheval et de porter des armes. Durant le XV° siècle, les Espagnols et les Portugais prirent pied en Afrique. Au début du XVIe siècle, les Espagnols étaient établis à Oran, d'où ils faisaient des courses dans l'intérieur. Le sultan de Tlemcen, Abou Abdallah Mohammed, était devenu leur vassal, il était méprisé de de tous, sans force et sans autorité dans sa propre capitale. De nombreux ports de l'Atlantique et de la Méditerranée étaient occupés par les chrétiens ; le souverain de Fez assistait impuissant à leurs conquêtes, la majeure partie de l'empire mérinide lui échappait. Les deux dernières dynasties berbères étaient sur le point de disparaître, car la puissance des cheurfas grandissait dans le sud du Maghreb extrême et les Turcs allaient abattre le royaume chancelant de Tlemcen.