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Une fable terriblement contemporaine
Film Garagouz d'Abdenour Zahzah
Publié dans La Nouvelle République le 31 - 10 - 2010

Un mois après sa première projection à Beyrouth à l'occasion de «Ayam Beirut Cinima'îa» ; Garagouz a été montré à Moncton au Canada à l'occasion du Festival international du film francophone et à Namur en Belgique. Il sera, ensuite, présenté encore une fois au Canada pour le Festival de cinéma international en Abitibi-Témiscamingue, à Montpellier pour le festival de cinéma méditerranéen, à Kiev pour le 40e Festival international de cinéma, en Pologne où il est nominé pour la meilleur mise en scène par l'Académie des arts de l'Europe, aux Tous courts le sympathique Festival International du Court Métrage d'Aix-en-Provence et à Dubaï pour le prestigieux Dubai International Film Festival, il est actuellement en présentation à Montpellier et en Espagne.
Ce film a été réalisé avec le précieux soutien du Fonds d'aide aux techniques et à l'industrie cinématographique (FDATIC) en compagnie du ministère de la Culture. Ainsi qu'avec le concours de l'Institut culturel Italien d'Alger. Dans une projection en avant-première qui a eu lieu le mercredi 20 octobre 2010 à 18h à la salle Mohamed-Zinet à Riadh- El-Feth. Le film Garagouz a constitué un bien bel hommage à la jeune création cinématographique algérienne qui se renouvelle de bien belle manière. Le film offert aux regards par Abdenour Zahzah est un court métrage de 24 minutes produit par Yacine Laloui en septembre 2010, réalisé par Abdenour Zahzah sur une direction photo de Sofiane El Fani et une prise de son d'Omar Zitouni.
Le montage étant réalisé par Franssou Prenant et les décors et accessoire signés par Djamel Zourane et Amar Nouri. Avec aux mixages Samy Gharbi sur une distribution subtile des comédiens Mahmed Irki, Farouk Irki, Youcef Abbas et Tahar Benayachi. Quant à la musique du film, elle a été créée par Toti Basso. Sur une sorte de mini road-movie poétisé à l'extrême, Garagouz raconte la belle histoire d'un père marionnettiste avec son fils qui tend à suivre le même chemin artistique. De par leurs fonction artistiques et leur passion partagée, ils essayent contre vents et marées d'apporter un peu de baume aux cœurs des enfants des régions reculées du pays en allant par monts et par vaux présenter leur spectacle de marionnettes. Seulement voilà, un jour, l'aventure de leurs virées vicinales prend un tour différent, ils sont confrontés à une réalité amère qui laissera de lourdes traces dans leur vécu. La route continuera malgré tout, mais elle exigera une reconstruction de leur être sur de nouvelles bases…
Cette fable des temps modernes laisse pantois et rêveur par la qualité filmique de son auteur, les prises de vue sont faites au plus près des personnages qui apparaissent au fil du film. D'abord, un camion bleu, bleu comme le ciel, comme l'azur, ensuite un voyage au fond des cœurs, ensuite une rencontre, des rencontres, avec la vieillesse, avec la prime enfance, entre temps.
Le camion continue sa route, il mène à bon port deux personnes passionnées. Le père, le fils, la figure maternelle est absente, mais elle offre son ombre bienveillante dans les belles paroles du rêve cauchemar d'un enfant pur qui trouve la force de rêver. Puis, la gendarmerie, malgré des airs revêches, se fait sensible, des hommes en vert sous un ciel gris, devant un camion bleu, s'amusent à la poupée, dans un barrage routier… Quelle belle image, d'Abdenour Zahzah qui, malgré son temps court, nous laisse du baume au cœur en filmant les yeux et les regards comme pas un autre le fait, on sent dans les images quelques notes de cinéma italien dans l'aspect relationnel père-fils et quelques clins d'œil au cinéma japonais dont le réalisateur reste un féru.
Ce que l'on constate dans les longueurs instillées à bon escient. L'acmé de cette œuvre réside dans la présence vénéneuse d'oiseaux de mauvais augures, pris dans des virages dangereux de cette route synonyme du temps qui passe et de mœurs nouvelles.
L'élan de vie reprendra ses droits par une superbe pirouette du destin et, surtout, de la portée imaginaire du père et du fils mais nous ne dirons point par quel artifice scénaristique dont nous a fait plaisir ce créateur de talent qui nous livre ici en 24 minutes chrono une œuvre inscrite dans une stylistique très classique, sur des plans larges et, souvent, fixes mais qui ne sont jamais ennuyants grâce à une caméra complice dont le généreux Zahzah se fait l'ami et qui nous offre un film attachant qui ne tardera pas à être cultissime. Il ne nous restera qu'à entrer dans ce camion magique et de porter cette délicieuse fable appelée Garagouz au plus profond de nos cœurs, là ou elle mérite d'être portée aux nues.


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