Sans culture, règne l'ignorance et son corollaire l'obscurantisme, tel semble dire le message du film qui, pourtant, plaide pour l'innocence, la paix et la culture... Un matin, Mokhtar alias M'hmed Irki (un professeur de dessin à Blida où habite notre réalisateur) s'apprête à aller donner un spectacle de marionnettes dans une école de montagne. Des manifestations issues de notre culture populaire qui, hélas, tendent à disparaître. Sur les routes sinueuses, il répète son spectacle avec son fils Nabil (Farouk Irki) dans leurs vieille camionnette Kikou et Mimia sont les noms de ces attendrissants personnages. A leur façon, père et fils essaient, contre vents et marées, d'apporter un peu de baume au coeur des enfants des régions reculées du pays. Il est question de gentils contre les méchants.. Sur la route qui les mène au village, nos deux héros croisent le visage de l'intolérance, incarné par ce policier et ces haineux personnages barbus. Si l'un lui pique une poupée pour sa fille, les autres lui déchirent carrément les autres au nom de leur hypothétique et sacro-sainte «loi» spirituelle. Des êtres au caractère zélé et moralisateur.. Le comble! La fiction des marionnettes rejoint la réalité de ces sombre individus. Une belle parabole de ce que peut engendrer l'ignorance. «Le sujet fera remarquer le réalisateur Abdenour Zahzah, est la résistance par la culture, que ce soit l'écriture, le théâtre ou le cinéma ou tout autre activité», il rend ainsi hommage à ces gens qui n'ont pas abandonné leur métier malgré des pressions sociales, politique ou autre. Présenté mercredi dernier à la filmothèque Mohamed-Zinet (Riad El feth), ce film intitulé Garagouz est un court métrage de 24 minutes produit par Yacine Laloui en septembre 2010, réalisé par Abdenour Zahzah, photographié par Sofiane El Fani, sonorisé par Omar Zitouni, monté par Franssou Prenant, décoré par Djamel Zourane, accessoirisé par Amar Nouri, mixé par Samy Gharbi. La musique du film a été créée par Toti Basso. Axé sur le plan séquence fixe, le court métrage de Abdenour Zahzah permet au spectateur de respirer, de prendre de la distance pour mieux voir, distance qui le fera paradoxalement entrer dans le cadre du sujet. «Le cinéma ne vient-il pas de la photo?», confiera le réalisateur. Notons que Garagouz a été soutenu par le Fdatic (ministère de la Culture) et encouragé par le Centre culturel italien d'Alger. Un mois après sa première projection à Beyrouth à l'occasion de Ayam Beirut Cinima'îa, Garagouz a été montré à Moncton au Canada à l'occasion du Festival international du film francophone et à Namur en Belgique. Ensuite, il va voyager encore une fois au Canada pour le festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue, à Montpellier pour le Festival du cinéma méditerranéen, à Kiev pour le 40e Festival international du cinéma, en Pologne où il est nominé pour la meilleure mise en scène par l'Académie des arts de l'Europe, aux Tous courts, le sympathique Festival international du court métrage d'Aix en Provence et à Dubaï pour le prestigieux Dubai International Film Festival. Garagouz a été enfin sélectionné, aux dernières nouvelles, au Festival du court métrage d'Aguilar en Espagne. Ayant à son actif plusieurs documentaires dont Frantz Fanon, mémoire d'asile, (avec la collaboration du professeur Bachir Ridouh), Sous le soleil de plomb, un film autour de la ville de Blida et la relation qu'elle entretient avec la littérature est diffusé, sur Metropolis-Arte. Entre autres, Abdenour réalise en 2009, pour le compte du 2e Festival panafricain d'Alger, un film autour du développement de l'Afrique; La longue marche vers le Nepad qui a été tourné dans quatre pays: Algérie, Afrique du Sud, Burkina Faso et Sénégal. Garagouz est sa première fiction. Prochainement, il compte s'attaquer à un nouveau documentaire portant sur l'Algérie.