De part et d'autre des deux signataires du contrat à Alger, au niveau de la chefferie du gouvernement, et au Luxembourg, siège du groupe leader mondial de l'acier, on se prépare à imaginer de nouvelles formes d'action. Elles devraient, précisent nos sources, être plus efficaces, mobilisatrices et réalistes. Pour la direction générale du complexe sidérurgique d'El-Hadjar, cette préparation n'exclut pas la lucidité. Cette dernière s'est déjà exprimée dans les propos de Vincent Legouic, le premier responsable de la société algéro-indienne de sidérurgie. A chaque fois qu'il en a eu l'opportunité, il estimait que l'avenir de son entreprise ne se joue pas à l'extérieur mais à l'intérieur de ses unités de production. Implicitement, le DG d'ArcelorMittal Annaba envoie les couleurs à ses interlocuteurs algériens. De leur côté, ces derniers auront un grand nombre de reproches à faire à leur partenaire indien. Deux en sont les plus évidents parce que très importants : celui du non-respect du niveau annuel de la production prévu pour atteindre un million de tonnes à l'issue de la première étape de la période de partenariat étalée sur 99 ans, ce qui n'est pas le cas, et ces deux dernières années ont été les plus mauvaises. En 2010, l'on ne doit pas s'attendre à une amélioration et il est certain qu'elle ne pourra en aucun cas dépasser les 700 000 tonnes. Un déficit que Vincent Legouïc a imputé aux difficultés d'exploitation générées par la crise mondiale. Le second reproche porte sur le retard mis dans la réalisation des investissements planifiés et ce, malgré le prêt de 140 millions de dollars consenti par l'Etat algérien au démarrage du partenariat. D'autres reproches pourraient être exprimés à l'occasion de la prochaine rencontre entre le big boss du groupe franco-indien et le chef du gouvernement dans un avenir très proche. Il est, en effet, question qu'elle soit programmée à Alger courant janvier 2011 et réunira le chef du gouvernement algérien et le P-DG du groupe leader mondial de l'acier. Elle serait porteuse de questions s'inscrivant dans la continuité du partenariat sur la base d'une approche globale et cohérente des problèmes de fond. Ce qui appelle, de part et d'autre, une volonté s'inscrivant dans la durée. Pour le partenaire indien, il y a nécessité de reconduire les avantages qui lui ont été accordés en 2001 tels que l'exonération des charges fiscales, parafiscales et de l'énergie. Des sources crédibles affirment que pour le gouvernement algérien, il ne serait pas question de les maintenir à moins que… Cette dernière allusion va dans le sens d'une révision des parts d'actifs énoncés sur le contrat de partenariat 2001. Même si les nouvelles dispositions en matière de partenariat ou de création de sociétés mixtes n'impliquent pas les anciens contrats signés à l'image de celui du groupe ArcelorMittal/groupe algérien Sider, les responsables algériens auraient d'autres cordes à leur arc. Il faut croire que l'on n'aura pas besoin d'une boule de cristal ou des institutions inspirées d'économistes pour dessiner le profil vraisemblable des relations entre les deux partenaires pour l'après-octobre 2011. Il faut dire que si le complexe sidérurgique s'est ébroué les premières années de partenariat avec une production en constante hausse, il n'en était plus de même après. Il était même question d'atteindre les 1,3 million de tonnes à l'horizon 2015. La situation s'aggravera dès 2008 pour devenir véritablement intenable en 2009 et 2010. Ce constat éclaire d'autant plus que tout porte à croire qu'une réelle reprise n'est toujours pas à l'ordre du jour. Et pour cause l'arrêt temporaire ou définitif de plusieurs installations de productions dont le HF n°2 et la cokerie ne sont pas des moindres. Le complexe sidérurgique El-Hadjar semble être entré dans une longue phase de décroissance doublée d'un vaste reclassement des positions acquises. C'est pourquoi, en attendant de pouvoir analyser la situation qui y prévaut même si le calme plat est de mise au niveau des structures représentatives des travailleurs, deux orientations pourraient intervenir lors de la prochaine rencontre gouvernement algérien/Groupe ArcelorMittal. D'abord une redistribution des statuts et des pouvoirs, gagnants et perdants à la clé. Ensuite, la mise en place de règles de jeu plus claires et mieux élaborées.