En effet, durant plus d'une heure l'assistance, composée principalement de familles des six mis en cause, a retenu son souffle, le temps que le juge prononce le verdict final. Un moment plein d'émotion qualifié par la fille de l'un des prévenus de «délivrance». Les accusations qui pesaient sur les accusés étaient très lourdes. Ils ont été poursuivis pour «la mise à la disposition du capitaine d'un navire en mauvais état et insuffisamment équipé et la navigation d'un navire dont la validité du titre de sécurité avait expiré», une situation qui a causé le naufrage du navire et coûté la vie à 16 des 18 membres de son équipage. A cette problématique, le tribunal criminel près la cour d'Alger était unanime, les mis en cause sont disculpés. En mai 2006, cette affaire avait été déjà traitée par le tribunal criminel d'Alger qui avait condamné cinq parmi les principaux mis en cause à 15 ans de réclusion. Quant au 6e prévenu, l'ingénieur technique chargé du suivi des navires, il avait écopé d'une peine d'une année de prison avec sursis. Selon l'arrêt de renvoi, rappelons-le, les faits remontent au 13 novembre 2004 lorsque le capitaine du navire Béchar avait lancé par radio des appels de sauvetage vers 17h et insisté auprès de la capitainerie, des gardes-côtes et du centre chargé des secours pour l'envoi d'hélicoptères afin de sauver les membres de l'équipage. «Les promesses qui lui avaient été faites n'ont été tenues qu'aux environs de 04h00, le 14 novembre 2004 lorsqu'un hélicoptère était arrivé en provenance de Palma, mais le navire avait déjà fait naufrage», précise la même source. Le même document précise que le «mauvais» état du navire était l'une des causes de son naufrage, sachant que «tous les certificats de validité du navire étaient périmés et n'ont pas été renouvelés car ce dernier n'avait pas subi les travaux de maintenance périodiques». A cela vient s'ajouter, selon la même source, l'état «défectueux» d'un des trois générateurs du navire, de même que d'autres failles techniques au niveau de certains équipements. 10 membres d'équipage étaient absents ce jour-là dont cinq relevant du «staff de sécurité» libérés par le capitaine du navire à l'instar du mécanicien en chef, selon le même document. Durant son audition par le tribunal criminel d'Alger, l'ex-P-DG de la CNAN a indiqué que les inculpations qui pèsent sur lui et ses collègues sont fondées sur «une vengeance» de la part du principal témoin, «relevé de ses fonctions quelques mois avant la catastrophe», a-t-il dit. A ce titre, l'ex-P-DG avait démenti l'hypothèse «d'une incompétence professionnelle» de l'équipage de sécurité du navire. Pour lui, le Béchar, lors de son naufrage n'était pas en situation de navigation. Il était à l'arrêt au port depuis 10 mois de même que le navire Batna qui stationnait au port depuis trois ans. Sur sa lancée, l'ex-P-DG a indiqué qu'un arrêt technique avait été signé le 11 novembre 2004 avec l'entreprise nationale de réparation navale (ERENAV) de Béjaïa dont l'entrée en vigueur était prévue le 25 novembre du même mois, mais le navire a fait naufrage le 13 novembre, a-t-il précisé. Concernant l'aspect technique du navire qui, selon l'arrêt de renvoi, est l'une des causes principales du naufrage, l'ex-P-DG a affirmé que le groupe électrogène ainsi que le moteur du bateau étaient en bon état. Selon lui, «aucune défaillance technique n'est à l'origine de ce naufrage». L'ex-P-DG a également évoqué les conditions climatiques comme cause principale du naufrage notamment la tempête du 13 novembre 2004 où la vitesse du vent avait atteint les 100 km/h, selon les bulletins météorologiques. Dans cette affaire, rappelons-le, le procureur général avait requis, vendredi dernier, la prison à perpétuité à l'encontre de cinq accusés, dont l'ex-P-DG de la CNAN et deux ans de prison ferme contre le sixième accusé, l'ingénieur technique chargé du suivi des navires.