Jubilations ! Le monde jubile depuis que le site Wikileaks a fait «exploser» les dessous de la diplomatie internationale. Difficile de parcourir une source d'information, ces jours-ci, sans que le mot «Wikileaks» ne vous saute aux yeux au moins une fois, révélant quelque combine scandaleuse de coulisses, accord secret ou relation cachée embarrassante entre gouvernements qui, en surface, semblent être diamétralement opposés les uns des autres dans le paysage politique. Depuis que la liste des pays confrontés à ces embarras inclut les Etats-Unis d'Obama, beaucoup d'activistes anti-impérialistes du monde entier attendent anxieusement les dernières fuites, et se lancent maintenant dans des discussions sur les implications de nombre de ces révélations prétendument fracassantes. Julian Assange est salué dans le monde entier par des gens qui critiquent leurs gouvernements comme l'activiste qui a été capable d'embarrasser des gouvernements, seulement aidé par un petit groupe de supporters indépendants. Son étoile s'élève rapidement, et bien qu'on puisse entendre çà et là quelques notes cyniques, le bruit retentissant omniprésent dans les cercles progressistes est celui d'applaudissements fournis pour ce «champion de l'homme ordinaire» tant attendu. Et pratiquement aucun pays au monde activement impliqué au Moyen-Orient et autres affaires internationales, soit par choix soit par situation géographique, n'a été épargné par les dernières ouvertures de la boîte de Pandore de révélations d'Assange. Ce que beaucoup semblent ne pas remarquer cependant, c'est que bien que la liste des pays qui ont été douloureusement embarrassés par la publication de leurs câbles secrets et notes de réunions, comprenne l'Autorité palestinienne, l'Arabie Saoudite et autres Etats du Golfe, l'Egypte et les Etats-Unis – où Obama souffre de graves problèmes à cause d'une réunion du «Tea Party» où il n'a pas été invité – un des principaux acteurs du jeu politique peu ragoûtant des animosités et alliances du Moyen-Orient reste complètement indemne : Israël. Réfléchissons un instant, les informations fuient des conduites secrètes où elles s'écoulaient avant. Cependant, ce qui est étrange au sujet du «Wikileaking», c'est qu'Israël, pays bien connu pour ses tractations secrètes et son service de renseignement rusé, parvient à garder les pieds au sec, en dépit de l'inondation politique massive soi-disant provoquée par le père fondateur de Wikileaks, Julian Assange. La perte de contrôle qui est si typique des autres formes de «fuites» ne semble pas s'appliquer au Wikileaking – au lieu de cela, les fuites semblent être sous contrôle parfait, et soigneusement guidées de telle façon qu'elles ne servent les intérêts que d'un seul «Etat», à savoir celui d'Israël. Alors ? Gardons les pieds sur terre et appréhendons avec lucidité ce torrent d'informations qui, en fait, constitue beaucoup de bruit pour de vieilles nouvelles.