Marie-Madeleine Pioche de La Vergne, la comtesse de La Fayette était issue d'une famille de petite noblesse de robe. En 1649, elle devait perdre son père et le remariage de sa mère avec le chevalier de Sévigné, qui fut un frondeur et opposant au roi de l'époque, Louis XIII, entraîna le départ de la famille de la comtesse dans la province de l'Anjou, en 1652. A la Cour de France En dépit de tout cela, cet exil n'avait pas empêché la carrière mondaine et littéraire de la future Madame de La Fayette. Dès l'année 1651, elle devint, grâce à la protection de sa marraine, la duchesse d'Aiguillon, demoiselle d'honneur de la reine mère Anne d'Autriche, ce qui lui permit d'entrer en relation avec l'aristocratie du temps. Egalement, Madame de La Fayette fut présentée à Henriette de France et à sa fille (Henriette d'Angleterre, qui épousa le frère de Louis XIV en 1661), se lia avec Madame de Sévigné (1657), et fréquenta le salon de Mme du Plessis-Guénégaud. Ayant épousé le comte de La Fayette (1655), elle vécut avec lui sur ses terres d'Auvergne jusqu'en 1660, date à laquelle elle revint finalement à Paris où siégeait la brillante Cour de France. Rencontres mondaines et littéraires Dans le salon qu'elle y tint, Madame de La Fayette reçut Gilles Ménage, qu'elle rencontra en 1651 et qui tomba amoureux d'elle, Pierre Daniel Huet, Jean de Segrais et le duc de La Rochefoucauld, avec qui elle noua, en 1665, une relation d'amitié qui ne s'éteindra qu'à la mort de celui-ci (1680). Ces intellectuels contribuèrent à former et à exercer son esprit. Familière des salons littéraires de la capitale, citée dans le Dictionnaire des précieuses (1660) de Somaize, Madame de La Fayette ne tarda pas à s'adonner à la littérature. En collaboration avec Ménage, elle composa d'abord une nouvelle, la Princesse de Montpensier, (1662) que, par souci de son rang, elle fit paraître anonymement (il n'était pas d'usage, au XVIIe siècle, qu'un aristocrate, et surtout une femme, publiât un roman). Vraisemblablement en collaboration avec La Rochefoucauld, elle écrivit, ensuite, Zaïde (1669-1670), que signa Segrais. Enfin, en 1678, elle publia, sous l'anonymat, le fameux livre, la Princesse de Clèves. Assez vite attribué à Mme de La Fayette, cet ouvrage passe pour le chef-d'œuvre du roman classique et pour le modèle du roman d'analyse psychologique. Ecrit à la troisième personne, cet ouvrage s'attache à décrire les progrès d'une passion impossible entre l'héroïne éponyme du roman, mariée au prince de Clèves, et le duc de Nemours. Toute une tradition romanesque au XVIIe siècle est fondée sur l'analyse du sentiment amoureux, en particulier les romans précieux, romans-fleuves alourdis d'interminables digressions qui tentent de décortiquer les mécanismes du cœur. Héritier de cette tradition, ce roman qui a marqué son temps, la Princesse de Clèves, doit son exceptionnelle réussite à ce qu'il associe de façon équilibrée l'action et l'analyse psychologique, dans le cadre d'un récit bref, ayant pour toile de fond historique la vie à la cour d'Henri II. De fait, le personnage principal se servait de sa faculté d'introspection comme d'une arme pour lutter contre l'appel de la passion. Evoquant un amour refusé, plutôt qu'un amour impossible, cette œuvre s'inscrivait dans la lignée d'un pessimisme moral, sensible chez de grands auteurs à l'image de Racine et de La Rochefoucauld, et qu'on attribue, souvent, ce qu'il faudrait probablement nuancer, à l'influence du courant janséniste. œuvres principales Madame de La Fayette avait écrit plusieurs œuvres dont on citera : la Princesse de Montpensier (1662), la Princesse de Clèves (1689), Zaïde (1671), Histoire de Madame Henriette d'Angleterre (1720), Mémoires de la Cour de France (1688 et 1689), la Comtesse de Tende (posthume, 1718). Citations Voici, par ailleurs, quelques citations dues à cette grande dame du XVIIe siècle : «Cette sorte d'inclinaison que nous avons pour les personnes dont nous croyons les dispositions pareilles aux nôtres.» (Zaïde) «Il est vrai que l'amour est si dangereux à voir qu'il ne laisse pas d'enflammer lors même qu'il ne s'adresse pas à vous.» (Zaïde) «Il n'y a de passions que celles qui nous frappent d'abord et nous surprennent; les autres ne sont que des liaisons où nous portons volontairement notre cœur. Les véritables inclinaisons nous l'arrachent malgré nous.» «Il n'y a point de femme que le soin de sa parure n'empêche de songer à son amant.» (La Princesse de Clèves) «Il vous a plu, madame, et c'est assez pour vous plaire encore.» (Zaïde) «Je suis si persuadée que l'amour est une chose incommode que j'ai de la joie que mes amis et moi en soyons exempts.» (Lettres) «Les paroles les plus obscures d'un hommes qui plaît donnent plus d'agitation que des déclarations ouvertes d'un homme qui ne plaît pas.» (La Princesse de Clèves) «Les passions peuvent me conduire, mais elles ne sauraient m'aveugler.» (La Princesse de Clèves) «Les personnes galantes sont toujours bien aises qu'un prétexte leur donne lieu de parler à ceux qui les aiment.» (La Princesse de Clèves) «On ne connaît point les femmes, elles ne se connaissent pas elles-mêmes, et ce sont les occasions qui décident des sentiments de leur cœur.» (Zaïde) «La princesse de Navarre lui faisait tous les jours confidence d'une jalousie dont elle était la cause ; cette jalousie la pénétrait de remords, et, quand la princesse de Navarre était contente de son mari, elle-même était pénétrée de jalousie à son tour.» (La Comtesse de Tende) «L'on est bien faible quand on est amoureux.» (La Princesse de Montpensier).