Il s'était exprimé quelques minutes avant qu'il ne comparaisse par deux fois à la barre des accusés du tribunal correctionnel d'Annaba (fin 2009 et début 2010). Il y avait été cité au côté de trois armateurs, deux algériens et un turc, ainsi qu'un de ses proches collaborateurs. En première comme en deuxième instance, ils avaient été condamnés à différentes peines de prison et amendes pour pêche illicite du thon rouge, corruption et trafic d'influences. «Je ne prédis pas de ce que sera l'avenir du quota de notre pays dans les prochaines années. Au vu de ce qui se passe et de la tentative de certains d'écarter par tous les moyens les cadres intègres dont le seul souci est de défendre les intérêts de leur pays, il est certain que l'Algérie sera lésée au profit de nos voisins de l'Est et de l'Ouest» avait-il affirmé sur la base d'informations dont il disposait quant au travail de coulisses effectué par les membres de cette institution internationale. Le justificatif était tout trouvé pour disqualifier l'Algérie de la pêche du thon rouge : l'inexistence de thoniers. En effet, le seul pays du bassin méditerranéen par où transite cette espèce de thonidés pour se rendre dans les eaux maritimes tunisiennes n'ayant pas de flotte spécialisée dans ce type d'activités de pêche est l'Algérie. Et quand on sait qu'en 2009, très prisé par les pays asiatiques, notamment le Japon, le prix du kg dépassait 100 dollars, il y avait de quoi attiser toutes les convoitises. L'interpellation du n°2 du MPRH et celle du directeur de la pêche maritime et océanique (DPMO) feront le reste. C'était à la veille du lancement de la campagne 2010. Pour s'accaparer la totalité du quota algérien, les membres de l'ICCATA décidèrent en l'absence des représentants algériens pris dans l'engrenage judiciaire, de mettre à exécution leur menace d'évincer l'Algérie. La déclaration faite en 2009 par M Smaïl Mimoune, premier responsable du secteur à l'époque avait apporté de l'eau à leur moulin. En effet, à Annaba dans le cadre du lancement des travaux des Journées régionales de sensibilisation, réunissant les hommes de la mer de plusieurs régions côtières du pays, le ministre avait déclaré : «L'expérience que nous avons tentée les précédentes années dans des opérations de pêche en partenariat avec des étrangers n'a pas atteint les objectifs fixés. Aucun investissement ne sera réalisé pour la pêche du thon rouge. Maintenant, si des armateurs sont intéressés, y compris en matière d'infrastructures pour le carénage des bateaux, toutes les facilités leur seront accordées». Si elle a été entendue par l'ICCATA, sa déclaration ne l'a certainement pas été du côté des armateurs. Ces derniers ont pris pour leçon la malheureuse expérience vécue par les 3 thoniers dont le turc qui s'étaient associés pour pêcher les 1 100 tonnes de thon rouge au titre du quota dévolu à l'Algérie pour 2009. D'autres n'avaient pas pu aller au-delà des premières démarches, découragés par les tracasseries administratives et des difficultés financières. Et comme pour mieux démontrer sa détermination, l'ICCATA avait décidé lors d'une de ses réunions où l'Algérie n'était pas une nouvelle fois représentée, de réduire le quota algérien à 138 tonnes. C'est dire que, grâce à des complicités bien placées dans les rouages des administrations et des banques en Algérie, tout avait été planifié pour faire en sorte d'empêcher l'acquisition de thoniers par l'Algérie, y compris par la déstabilisation des hauts responsables du MPRH. Ce n'est donc pas pour une affaire de visas que les Algériens n'ont pas le droit de dépasser 138 tonnes pour la campagne 2011 qui débutera début mars. Bien que donnée, l'alerte ne semble pas faire bouger beaucoup de monde dont les responsables au MPRH qui semblent se complaire dans une position attentiste. Echaudés qu'ils sont, il est vrai, par la malheureuse expérience de leur ex-secrétaire général et le DPMO. La déclaration faite par le premier responsable de leur secteur ce dernier jeudi devant les élus de l'Assemblée populaire nationale n'est pas faite pour les stimuler car limitée à un constat : « Faute de visas, nous n'avons pas pu assister à la réunion de l'ICCATA qui a décidé unilatéralement de nous octroyer un quota de 138 tonnes alors qu'il était de 680 durant la campagne 2010. Les 542 autres donnés profiteront à la Libye, l'Egypte, le Maroc et la Croatie. Nous avons introduit un recours auprès de l'ICCATA pour faire admettre nos droits» a expliqué M Abdallah Khanafou. Ignorant apparemment ce qui se passe dans cette filière de la pêche du thon rouge, le ministre a menacé de représailles les propriétaires de thoniers qui ne participeront pas à la prochaine campagne de pêche. Qui sont donc ces armateurs qui disposent de thoniers et qui refuseraient d'exploiter cette manne ? Le ministre sait il qu'en Algérie, selon le DPMO, il existe une seule embarcation de ce type mais très mal équipée ? Sait il que les Turcs avaient été sollicités parce que justement l'Algérie n'a pas de thonier ? Toutes ces données et bien d'autres sont en possession de l'ex-secrétaire général dont l'appel de sa condamnation d'Annaba interjeté auprès de la Cour suprême est pendant. Il pourrait donner aux responsables actuels du MPRH matière à bien réfléchir sur ce dossier.