Le verdict dans le procès en appel de l'affaire dite du thon rouge, dans laquelle sont impliquées 9 personnes et qui s'est tenu devant la cour de justice d'Annaba sera connu le 14 juillet prochain. Au terme d'une audience non-stop qui a vu défiler un à un à la barre chacun des accusés et des témoins cités dans cette affaire où il est question de passe-droits, de corruption et de dilapidation des ressources halieutiques protégées nationales et internationales, comme l'a souligné la présidente du tribunal, Mme Aïcha Hannachi, l'accusation a demandé la reconduction des peines prononcées en première instance par le tribunal correctionnel d'Annaba, le 5 avril dernier, à savoir 3 ans de prison ferme assortis d'une amende collective de 800 milliards de centimes comme dédommagement pour le Trésor public et d'une autre, collective également, de 7,2 milliards de centimes. Des réquisitions, qui ont littéralement anéanti ces derniers, lesquels ont tous plaidé l'innocence depuis le début de ce procès interminable intenté contre eux par la Direction des pêches de la wilaya d'Annaba. L'affaire avait éclaté, rappelons-le, il y a maintenant plus d'une année, c'est-à-dire depuis le 10 juin 2009, lorsque les éléments des gardes-côtes du groupement territorial d'Annaba, alertés par la direction centrale de la pêche sur la présence suspecte de navires turcs à hauteur des eaux territoriales algériennes, ont procédé à l'arraisonnement de ceux-ci. Une dénonciation qui a permis de déjouer une véritable opération de blanchiment de capture qui se déroulait entre les thoniers turcs et deux navires algériens, ce jour-là. Surpris en flagrant délit, les armateurs turcs ont crié à un complot, qu'auraient monté contre eux les responsables du MPRH en leur laissant croire qu'ils pouvaient participer à cette fameuse saison de pêche, sans pour autant leur délivrer d'autorisation écrite. Tentant de justifier leur présence à l'intérieur des eaux algériennes, ils ont encore une fois assuré qu'ils étaient là dans le cadre d'une “opération commerciale sans plus” alors que l'enquête menée par les gardes-côtes a pu prouver qu'ils ont effectivement pêché les 210 tonnes avec leurs moyens propres et qu'ils avaient blanchi leur capture en l'attribuant “sur papier” aux armateurs algériens. Pour revenir au fil du procès en appel de mercredi, il y a lieu de relever que ce fut un remake de l'audience qui a eu lieu devant le tribunal correctionnel et que de manière générale, les prévenus ont réitéré leurs arguments de défense. Sauf que cette fois, l'assistance a remarqué que les armateurs algériens soupçonnés de connivence avec le secrétaire général du ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques avaient tendance à se rejeter la balle. À une question de la présidente à l'armateur Maâmar Saâdoune, propriétaire du navire “El-Djazaïr” relative au refus par l'administration de la fameuse autorisation de pêche en 2009 alors qu'elle lui avait été accordée sans problème l'année d'avant, celui-ci devait répondre qu'il en ignore les raisons véritables. Insidieux pourtant, Saâdoune a ajouté que le SG a donné son accord pour une autorisation en mai 2009, à condition qu'il s'associe avec Hachemi Hasni, le patron du “Chahid Hasni”. Une déclaration qui a provoqué une certaine panique chez les deux hommes, lesquels réfutèrent catégoriquement cette accusation en soutenant que l'entrevue ne s'est pas du tout passée de cette manière. Le directeur central des pêches, Allam, fut par contre plus convaincant que tous les autres prévenus, dans la quête de vérité sur ce qui s'est passé réellement le 10 juin, alors que depuis le début, sa tutelle l'a présenté comme “celui par qui le scandale arrive”, alors que curieusement il a été le premier à dénoncer dès le 26 mai 2009, à la fois l'opératioan de pêche illicite et à démontrer l'inertie coupable de son ministère. Invité à éclairer le tribunal, il a expliqué, par le détail, le déroulement de la saison de pêche du thon rouge, notamment la procédure exigée avant toute action de transfert de produit halieutique en haute mer. Le directeur des pêches s'est particulièrement étalé sur les modalités, en mettant l'accent sur les recommandations de l'ICCAT (la Commission internationale pour la conservation des thonidés) et sur la présence plus qu'exigée des contrôleurs à bord des embarcations de pêche engagées dans l'opération de capture du thon rouge. Il s'évertuera aussi à démontrer, documents à l'appui, que les armateurs algériens ont enfreint délibérément la réglementation en ne respectant pas les modalités qui leur ont été officiellement notifiées verbalement et par écrit, dans le but évident, selon lui, de “noyer le poisson” en jouant le jeu des pêcheurs pirates turcs, connus mondialement pour ces pratiques. Les plaidoiries qui s'étaient prolongées jusqu'à 22h30 dans la soirée de mercredi, n'apportèrent rien de nouveau par rapport à ce qui s'était déjà dit lors des procès précédents. Rendez-vous a été pris avec le tribunal pour le prononcé du verdict, le 14 juillet, comme annoncé plus haut.