Le siège du Centre africain d'études et de recherche sur le terrorisme d'Alger, (CAERT), abrite, depuis hier, une rencontre d'experts des Etats membres de l'Union africaine pour l'examen du projet de loi type sur la lutte contre le terrorisme, essentiellement sur la question du payement des rançons. La rencontre d'Addis-Abeba de 2004 sanctionnée par l'adoption de directives pour les membres de l'Union africaine a permis de dégager la voie pour une coordination des efforts dans l'assistance technique palliant aux déficiences de certains Etats en moyens antiterroristes. La clôture de la rencontre se fera aujourd'hui, après les dernières retouches des experts. Le projet de loi en question servira de guide aux pays membres de l'UA, dans l'élaboration et le renforcement des lois relatives à la prévention et la lutte contre le terrorisme, sans oublier la mise à jour des législations nationales en conformité avec les instruments juridiques internationaux (ONU) et ceux de l'Union africaine. Lors de la rencontre de septembre dernier au siège de l'ONU sur la stratégie mondiale de lutte contre le terrorisme, Alger avait mis l'accent sur «la nécessité et l'importance de respecter» la résolution onusienne 1904 adoptée en décembre 2009, portant sur la criminalisation du payement de rançons aux terroristes. Rappelons à cette occasion le non-respect par la France, membre permanent du Conseil de sécurité, de la résolution 1904, alors que Paris souligne son rôle dans la lutte contre le terrorisme sur le plan national. Cela au moment où ses partenaires au sein du Conseil de sécurité, à l'exemple de la Grande-Bretagne et des Etats unis refusent de céder aux terroristes par le paiement de rançons. A ce propos, le responsable américain en charge de la lutte contre le terrorisme avait eu à souligner que les Américains et les Britanniques lors de leurs déplacements à Alger ont déclaré que «l'Algérie, le Royaume-Uni et les Etats-Unis sont parmi les quelques gouvernements qui refusent de payer des rançons aux terroristes pour des otages». Si Alger a mis l'accent lors de la rencontre en septembre à l'ONU sur la pertinence de la résolution 1904, c'est pour avertir sur les conséquences gravissimes induites par le paiement de rançons par certains Etats. Un procédé qui ne vise qu'à alimenter les caisses des réseaux terroristes en soutien à ceux de trafic de drogue et d'armes. Le paiement de rançons aux terroristes par des Etats constitue une brèche dans la lutte contre le terrorisme au niveau mondial. L'Afrique, même si elle enregistre des défaillances sur ce plan-là pour des raisons objectifs, montre sa volonté politique et sa conviction de mener une lutte sans merci aux terroristes, au Sahel ou ailleurs. La rencontre de mars dernier, à Alger, des ministres des Affaires étrangères des sept pays du Sahel s'est félicitée dans sa déclaration finale de l'adoption par l'UA, en juillet 2009, de la décision 256 (XIII) portant sur la «condamnation du versement de rançons aux groupes terroristes». Aussi, le projet de loi type de lutte contre le terrorisme sera un message fort à l'adresse de la communauté internationale pour le respect des résolutions onusiennes, dont la 1904, par l'ensemble des Etats, de surcroît les membres de l'ONU. Il est à noter que le Mozambicain Francisco Caetano José Madeira, représentant spécial de l'UA pour la coopération dans le domaine de la lutte contre le terrorisme, a été installé, hier à Alger, dans ses fonctions de nouveau directeur du Centre africain d'études et de recherche sur le terrorisme (CAERT). Mandaté, entre autres, pour coordonner les efforts de mise en œuvre des principaux instruments de lutte contre le terrorisme de l'UA dont la loi modèle antiterroriste africaine, Francisco Caetano José Madeira a soutenu, hier, qu'il était chargé de participer à «la mobilisation de la communauté internationale et de nos partenaires dans la mise en œuvre des décisions et déclarations de l'UA relatives à la lutte contre le terrorisme». De son côté, Jean Ping, président de la commission de l'UA a indiqué, le même jour à Alger, que l'Afrique a beaucoup à apprendre de l'expérience algérienne de lutte contre le terrorisme, en rappelant que «l'installation à Alger du siège du CAERT participe de cet hommage bien mérité et concourt à cet objectif de généralisation des enseignements tirés de la lutte antiterroriste de l'Algérie». Ajoutant qu'il «s'agissait, maintenant, tout en poursuivant les efforts de renforcement du cadre existant, de travailler plus résolument à la mise en œuvre des engagements pris».