«Nous sommes contre le paiement de rançons par certains Etats pour la libéralisation de leurs compatriotes enlevés », a déclaré hier, Rezag Barra, Conseiller à la présidence de la République, en marge d'un séminaire sur «le terrorisme et le crime organisé», initié par le Centre africain d'étude et de recherche sur le terrorisme (CAERT). Il soulignera, qu'il est établi que l'argent récolté par les groupes terroristes est un moyen de financement de leur «entreprise criminelle», en achetant notamment des armes pour détruire des Etats. Rezag Barra, qui fera savoir que l'Algérie respecte le droit à la vie de tous les citoyens, soulignera que notre pays dispose d'idées et d'une stratégie pour préserver la vie de ces personnes, tout en évitant de payer des rançons qui, précise-t-il encore, serviraient sans aucun doute à fortifier les réseaux terroristes et criminels. Le point essentiel dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé, a-t-il déclaré, c'est de renforcer les Etats de droit à travers le renforcement de la présence de l'Etat en tant que facteur de stabilisation politique et socio-économique dans les régions, notamment subsahariennes en proie à la prolifération de toute sorte de crimes. Rezag Barra a indiqué que le séminaire, organisé hier par le CAERT et financé par le gouvernement espagnol, devra permettre de recommander à tous les Etats de la région un certain nombre de mesures pratiques et opératoires afin, a-t-il dit, de renforcer la paix, la sécurité, la stabilité en respectant la souveraineté des Etats et surtout, d'appeler la communauté internationale pour soutenir les efforts de développement dans cette région. Auparavant, le Conseiller à la présidence de la République a déclaré, lors de son allocution d'ouverture du séminaire, qu'il faut éviter d'exagérer sur l'importance du terrorisme dans notre région sans pour autant sous-estimer ses effets. «L'Algérie a toujours appelé au renforcement de la coopération et à la mobilisation de tous les Etats pour faire face au terrorisme », a-t-il ajouté en soulignant qu'aujourd'hui, toutes les analyses faites par l'Algérie concernant le phénomène du terrorisme sont confortées par l'Union européenne (UE). Le séminaire organisé au siège du CAERT à Alger, et auquel nombre d'experts étrangers prennent part, contribuera, selon ses organisateurs, à atteindre les objectifs de lutte contre le terrorisme assignés par l'Union africaine (UA) et ce, conformément à la convention de l'OUA de 1999 sur la prévention et la lutte contre le terrorisme, le plan d'action (2002) et son protocole (2004) ainsi que dans l'esprit de la Résolution 1373 du Conseil de sécurité des Nations unies de 2001. La rencontre, qui s'étale sur trois journées, entend également faciliter la coopération entre les responsables de la sécurité au niveau national et entre les gouvernements afin, note-t-on, de garantir que les opérations terroristes et du crime organisé régional soient détectées et réprimées. «Le séminaire met l'accent sur le rôle de l'UA et des mécanismes régionaux africains, afin de permettre d'institutionnaliser les capacités de lutte contre le terrorisme et du crime organisé avec une répartition claire des rôles et des responsabilités entre les niveaux national, régional et continental, en vue de garantir la durabilité de la réponse», fait-on savoir dans le «document de conception» distribué à la presse. Le directeur du CAERT, M. Boubacar Gaoussou Diarra, a, par ailleurs, qualifié lors de son intervention le phénomène de l'enlèvement des étrangers dans la région subsaharienne « d'inquiétant », en soulignant que ces opérations constituent un véritable chantage sur les Etats et leurs gouvernements. «La situation s'est aggravée avec la connexion établie des groupes terroristes, les narcotrafiquants et les trafiquants d'armes », a-t-il ajouté non sans tirer la sonnette d'alarme sur le danger que représente cela dans une région qui est en phase de devenir, prévient-il, une sorte de « No man's land » d'une superficie de 8 millions de m² pour les criminels du monde entier. Et d'ajouter que «les terroristes ont emprunté aux groupes criminels leurs méthodes en mettant à part leur conviction politique», ce qui nécessite, a-t-il souligné une coopération plus forte entre les pays africains». «Neutraliser tous ces réseaux et favoriser le commerce, les voyages et le tourisme entre le Nord et le Sud est le défi auquel nous devons faire face », a-t-il déclaré en appelant toutes les organisations et institutions à conjuguer les efforts pour aider les Etats dans la lutte contre les phénomènes du terrorisme et du crime organisé, dont les tenants et aboutissants ne sont pas tous connus ». Et de conclure, qu'au terme de ce séminaire, le CAERT va mettre au point «une expertise» qui déterminera le lien entre le terrorisme et le crime organisé. Les experts africains, européens et même asiatiques devaient se réunir hier, en plénière et dans des ateliers de réflexion pour, notamment évaluer l'état de la menace terroriste et du crime organisé sur le contient africain - pays d'Afrique du Nord et de l'Ouest - mais aussi pour suggérer et renforcer les mesures et mécanismes de riposte déjà existants. Une cinquantaine d'experts africains et de représentants d'agences de sécurité internationales prennent part à ce séminaire qui se tient avec l'étroite collaboration du royaume d'Espagne, qui a dépêché une importante délégation composée de spécialistes de renom dans le domaine de la lutte contre le crime et le terrorisme.