Ainsi, Sonatrach s'assimile pour l'instant à toute l'économie algérienne exportant pour 98 % et important à plus de 75 % de nos besoins. C'est la plus importante société algérienne ; elle emploie plus de 50.000 salariés et, avec ses filiales, 125.000 personnes. Elle représente 45 % du produit intérieur brut évalué à 160 milliards de dollars en 2009, selon le FMI, mais, en réalité, avec les effets indirects de plus de 80 % (bâtiment et travaux publics, hydraulique et bon nombre d'autres secteurs étant tirés par la dépense publique via les hydrocarbures), soit plus de 110 milliards de dollars. Le groupe, au niveau intérieur, est donc le véritable moteur de l'économie algérienne, un fournisseur essentiel de revenus d'exportations, de revenus fiscaux et d'emplois. Cela se vérifie sur le plan du financement de l'économie. En effet, concernant les perspectives de financement, un dollar équivalant à 75 dinars contre 64 dollars en 2008, les prix du pétrole brut étant passés, en moyenne annuelle, à 61,5 dollars le baril en 2009 contre 99,2 dollars en 2008, les exportations enjeux pour la sécurité nationale de l'Algérie, problématique du management stratégique de la société des hydrocarbures Sonatrach de l'année 2009, s'élèvent à 44,3 milliards de dollars contre 76,9 milliards en 2008, les produits ayant été de 4.239 milliards de dinars contre 9.095 milliards en 2008, marquant une baisse de 53 %, selon Sonatrach dans son rapport financier 2009 diffusé officiellement à la fin de juillet 2010, les produits de l'exercice 2008 comprenant, en plus des produits propres à l'année, la régularisation des fiscalités pétrolières des années 2006 et 2007. Par rapport aux produits propres à l'année 2008, les produits de l'exercice 2009 ont marqué une diminution de 27 %, soit 1.580 milliards de dinars, due essentiellement à l'effet combiné de la baisse des quantités vendues et du prix du baril, cette baisse du point de vue des recettes fiscales évaluées en dinars ayant été légèrement atténuée par la parité dinars-dollars. La part des associés est passée de 4,2 milliards de dollars en 2008 à 3,9 milliards en 2009, marquant une baisse de 6 % en liaison avec l'effet combiné de la baisse des quantités vendues et du prix du baril, et la taxe sur les profits exceptionnels (TPE), prélevée sur les droits des associés et reversée au Trésor public, s'est élevée à 1,2 milliard de dollars. La rémunération brute des associés, constituant le profit oil, est passée à 407 milliards de dinars en 2009 contre 516 milliards en 2008, marquant une baisse de 21%. Le résultat net de l'exercice 2009 s'est établi à 284 milliards de dinars, en baisse de 52 % par rapport au résultat de 2008. Aux recettes de Sonatrach, il faut ajouter la somme modique de 2 milliards de dollars hors hydrocarbures et soustraire l'autofinancement de Sonatrach, qui, selon les responsables, ne subira pas de changement évalué à 63 milliards de dollars entre 2010 et 2014, montant auquel il faut ajouter les investissements souhaitables pour éviter une très grave crise de Sonelgaz pour environ 15 milliards pour la même période, au total 78 milliards, donc une moyenne annuelle de plus de 19 milliards de dollars par an, soit près de 50% des recettes de Sonatrach sous réserve qu'il n'y aura pas de réévaluation des projets. Il restera pour les autres secteurs de l'économie 45 milliards de dollars au cours du baril en moyenne de 70 dollars à prix constants, moins 19 milliards de dollars, soit 26 milliards. Sans compter la baisse du quota OPEP où le manque à gagner, selon les responsables du secteur, est d'environ 5 milliards de dollars par an. Avec le prix actuel du baril et du prix de cession du gaz, la capacité financière est d'autant plus réduite, l'Algérie ayant réalisé d'importants investissements gaziers alors que, comme analysé précédemment, le prix du gaz naturel a chuté de moitié au niveau mondial. Ainsi, l'Algérie pourrait faire face à une crise interne de financement dans les huit prochaines années si le prix international se maintient à son niveau actuel ainsi que les actuelles prévisions d'exportation et de consommation intérieure. Ce d'autant plus qu'après les nouvelles mesures gouvernementales de limitation de l'investissement étranger dont la modification de la loi des hydrocarbures limitant à moins de 49 % l'apport étranger tant en amont, en aval que dans le transport par canalisations, il y a eu une nette diminution des investissements étrangers dans ce secteur qui requiert des technologies de pointe. C'est que ces mesures pouvaient se justifier en partie pour l'amont (l'essentiel de la rente actuelle), mais pas pour l'aval et les canalisations dont les coûts sont élevés et la rentabilité financière beaucoup plus faible, ce qui explique que, pour l'avenir, Sonatrach devra puiser sur ses fonds propres, les étrangers se limitant à la construction sans prendre de risque commercial ne devant pas attirer de véritables partenaires étrangers dans ces segments en étant majoritaire dans le capital social. C'est que les produits pétrochimiques semi-finis et finis sont soumis à une rude concurrence au niveau mondial et les segments contrôlés au niveau mondial par quelques firmes (marché oligopolistique), l'Algérie n'ayant pas, par ailleurs, investi à temps dans ces filières contrairement à bon nombre de pays du Golfe, les parts de marché pour la sécurité nationale de l'Algérie, problématique du management stratégique de la société des hydrocarbures Sonatrach au niveau mondial sont déjà pris sans compter que l'amortissement a été largement effectué pour ces pays réduisant substantiellement leurs coûts contrairement à l'Algérie qui aura fort à faire pour avoir un prix compétitif du fait de la lourdeur des coûts d'amortissements de départ. Aussi, la question stratégique avec l'hémorragie de ses cadres — 882 experts et ingénieurs auraient quitté Sonatrach entre 2001 et 2009 selon un rapport interne, ce qui a amené le groupe à confier la charge des puits à des sociétés étrangères — qui se pose est la suivante : la Sonatrach a-t-elle les capacités de faire des découvertes intéressantes rentables financièrement, une prospection coûtant et lorsque la rentabilité n'étant pas assurée, ce sont des fonds perdus ? Sonatrach a-t-elle les capacités d'investir seule sans un bon partenariat et sans le partage des risques à l'aval sans être assurée de la commercialisation sachant que, pour diminuer les coûts, il faut une grande capacité des installations et que le marché intérieur est limité ? Quelle est la rentabilité financière des investissements de Sonatrach à l'étranger tant dans sa participation que dans des fonds d'investissement qu'elle aurait réalisés ? Quelle est la rentabilité, Sonatrach s'étant fortement dispersée depuis 2000, devenant un Etat dans un Etat et s'étant éloigné de ses métiers de base, faisant double emploi avec les départements ministériels, dans l'aviation, la construction et les unités de dessalement d'eau de mer. Sonatrach doit revenir à ses métiers de base. Sonatrach et l'environnement international Qu'en est-il de la place de Sonatrach dans le commerce mondial ? Selon le classement du Petrolum Intelligence Weekly (PIVV) dans son rapport de décembre 2008, même s'il semble que ce rapport soit dépassé, Sonatrach est la 13e compagnie mondiale (12e en 2007), ce classement associant les compagnies internationales privées et les sociétés nationales autour de quatre critères (les réserves de pétrole et de gaz, la production de pétrole et de gaz, la capacité de raffinage et les ventes de produits pétroliers), Sonatrach étant classée 7e groupe mondial par la taille de ses actifs, 13e pour le bénéfice net, 22e pour le chiffre d'affaires et 25e pour le nombre d'emplois. Avec environ une production de 1,4 million de barils par jour dont 1,2 million d'exportation, c'est la première compagnie en Afrique, maintenant un très net écart avec ses deux poursuivants sur le podium 2010 des 500 premières entreprises africaines : l'angolaise Sonagol et la sud-africaine Sasol, selon une enquête récente de Jeune Afrique (numéro spécial décembre 2009) sur le top 500. Au niveau local, Sonatrach est suivie de Naftal (34e), Naftec (61e), Sonelgaz (72e), Algérie Télécom (143e), Air Algérie (153e), Cosider (165e), ENTP (266e), l'Entreprise nationale de géophysique (394e), Cevital (69e), OTA (67e) et Watania (225e). Sonatrach est également le deuxième exportateur de GNL et de GPL et le troisième de gaz naturel (GN), notamment à travers ses réseaux Medgaz (Europe via Espagne) et Galsi (Europe via Italie) devant passer de 62 en 2009 à 85 milliards de mètres cubes gazeux à l'horizon 2012 (alors que les exportations en 2009/2010 sont en baisse et se pose la question de savoir si les objectifs sont réalistes) ayant des activités diversifiées touchant toute la chaîne de production : exploration, exploitation, transport et raffinage. En effet, il y a urgence de confirmer ou non les informations de la revue internationale Petroleum Economist d'octobre 2010 qu'en dix ans, les exportations de Enjeux pour la sécurité nationale de l'Algérie, problématique du management stratégique de la société des hydrocarbures Sonatrach GNL, seraient passées de 12 à 6 % du total des échanges mondiaux de ce gaz, alors que, sur la même période, le volume des échanges de gaz dans le monde s'est développé de 8,1 % et que les exportations algériennes ont baissé de 11 %, l'Algérie perdant de plus en plus des parts de marché. En effet, selon Petroleum Economist, l'Algérie a perdu deux marchés de fourniture de gaz en Italie. La Libye a ainsi bénéficié aux dépens de Sonatrach du pipeline Greenstream en Sicile. De même, la Norvège a commencé à fournir l'Italie depuis ses terminaux continentaux en 2001 et les Pays-Bas ont vu leurs échanges avec l'Italie s'allonger. (A suivre)