L'option militaire américaine contre le programme iranien n'a jamais été officiellement abandonnée et l'accord tacite d'une impossibilité de frappe militaire avait tout au moins réussi. «Une nouvelle guerre dans le Moyen-Orient est la dernière chose qu'il nous faille, écrivait le secrétaire général de la défense, Robert Gates, en 2008. Ce serait un désastre à plusieurs niveaux.» Il évoquait, à cette époque, le recours à la diplomatie et à la pression économique pour parvenir à un accord sur le nucléaire, même s'il y a peu d'espoir qu'une telle idée aboutisse. Ce doute était partagé par Léon Panetta, directeur de la CIA sous Bush, sur ABC News. Le président américain avait qualifié, en 2007, cette guerre contre l'Iran de troisième guerre mondiale. On s'aperçoit, ainsi, que loin d'être totalement écarté, le militaire est toujours d'actualité. La preuve en est le souhait des Etats-Unis d'installer en Europe leur site antimissiles, une dizaine d'intercepteurs, trois à six étant déjà implantés en Alaska, pour faire obstacle aux attaques iraniennes. Mais après de multiples concertations et face à la rigueur des iraniens, la France, l'Allemagne, la Grande-Bretagne, la Russie et la Chine proposent à Téhéran d'échanger 1,2 tonne de son uranium faiblement enrichi (3,5%), pour de l'uranium enrichi à 20 % à usage médical et de recherche. Cependant, l'armée américaine ne baisse pas les bras, annonçant avoir fait de réels progrès des frappes ciblées. Ici apparaît la perversité d'Israël qui, loin de rester en observateur, est intégré dans le processus de planification car les officiels américains ont peur de l'éventualité d'une prise de décision de la l'équipe de «vauriens» du gouvernement de Netanyahu, décidés de porter une frappe contre les Iraniens. Mais les Américains les tiennent encore en laisse. Toutefois, c'est par le biais de sa diaspora aux Etats-Unis, profilée dans les bureaux d'Obama, que celui-ci et ses alliés montent au créneau, appelant à faire pression sur Téhéran, le menaçant de sanctions sévères qu'ils font miroiter à la Chine encore prudente, l'Iran étant parmi ses premiers fournisseurs de pétrole. En Europe, Sarkozy, du haut de sa tribune, envisage des sanctions au début de l'année 2011 hors du cadre d'une résolution du Conseil de l'ONU. Redoutable le petit bonhomme ! La communauté iranienne en France, pays des droits de l'homme, déplore que Paris s'engage dans un conflit où leur peuple, sans aucun doute, périra. Ils ont tous devant les yeux la tragédie irakienne causée par des politiques véreux. Toute cette effervescence, au dernier sommet de la sécurité nucléaire à Washington, a fait dire à Obama que «le risque d'une attaque nucléaire avait augmenté». «Ce risque, disait-il, ne provient pas d'un pays ennemi mais de mouvements terroristes qui recherchent les armes nucléaires.» (Nouvel Obs du 13/04/2010). Youcef El Otaiba, ambassadeur des Emirats arabes unis, disait, le 6 juillet dernier, être favorable à une frappe militaire contre l'Iran même si cela avait des conséquences économiques pour son pays. Cela est à l'image d'une attitude de plus en plus inflexible dans la région. En outre, les officiels américains rapportent que les Saoudiens, les Turcs et les Jordaniens menacent d'acquérir, eux aussi, l'arme nucléaire si les Iraniens venaient à le faire. Joe Klein, éditeur du New York Times, s'interroge sur le risque qu'encourt la région si la monarchie saoudienne obtenait la bombe atomique et que la monarchie immortelle était renversée par la mouvance islamiste radicale. A l'heure actuelle, les dirigeants européens et américains, en marge du sommet du G20, déclarent que les activités iraniennes en matière nucléaire représentent «un défi direct au principe de non-prolifération nucléaire». Le 25 septembre dernier à Pittsburg, Obama et le Premier Ministre britannique disaient : «Ne laissons pas les dirigeants iraniens gagner du temps pendant que les centrifugeuses tournent.» Les pays du Golfe s'attellent à cette position bien qu'ils sachent, tout comme les Européens, que ces sanctions sont difficilement prévisibles en raison des relations économiques et financières qui lient toutes ces régions. Considérons juste les exportations pétrolières iraniennes vers l'Europe bloquées et le prix de l'or noir flambera ! Résultat flagrant d'un échec de la diplomatie des Européens et des Américains : on en a pour preuve le rapport officiel de l'ex-directeur de l'AIEA Mohamed El Baradei qui a validé la position iranienne dont les visées, déclarait-il, sont strictement civiles. Il a ajouté fermement, à l'inverse des discours européens et américains, que la position de l'Iran est de poursuivre ses activités sous l'égide de l'AIEA. En effet, le 26 octobre dernier, la Russie a chargé du combustible dans le premier réacteur civil dans la centrale de Busheir qui sera, l'espèrent les ingénieurs iraniens, opérationnelle en janvier 2011. Mais l'Occident redoute que l'Iran en profite pour se doter de l'arme atomique. L'épée de Damoclès est suspendue au-dessus de la tête de l'Iran. Cherche-t-on un remake de la «sale guerre» d'Irak ?