Là où vous vous rendez, tout est désolation. La rue Abballah-Bengharsallah, située en face de la kasma FLN de Skikda, en contrebas du vieux quartier napolitain, aux murs délavées et à moitié démolis, ne déroge pas de la règle. Un tracé de terrain appartenant à un « notable de la ville» se dresse au beau milieu de ce quartier. Les travaux de construction entamés à coups de pelle hydraulique n'ont pas été achevés à cause d'un différend survenu, paraît-il, entre le propriétaire et l'entrepreneur. Les riverains, sans doute agacés par la présence de ce trou béant qui dénature et édente la relief existant et pour lequel on a déplacé les poubelles, n'ont d'autre choix que de jeter leurs ordures ménagères dans cette fosse improvisée dépotoir public. Les sachets balancés viennent s'entasser tels des trophées, sur l'enchevêtrement de tréteaux de ferraille jaillissant du sol. Les déblais résultant des travaux de terrassement et faisant corps avec ceux des taupinières brusquement dérangées n'ont pas été évacués vers la décharge publique. On nous a, par ailleurs, signalé que des taupes se baladaient (c'est normal, elles sont bien servies) en plein jour. Dans cet endroit, les jours de pluie, il ne fait pas bon s'y aventurer. Quand la nature est plus clémente, des gosses placent des bidons (sorte de cible) sur des monticules sur lesquels ils lancent des pierres. Ce spectacle incongru et ubuesque à la fois, sans parler des risques sanitaires, montre à quel point il y a urgence à réveiller les consciences collectives.