Est-il vrai que le risque majeur concernent les durées de 5 heures de sommeil et moins ? L'étude des effets de la restriction du sommeil a attiré l'attention sur le rôle joué par le sommeil dans l'équilibre métabolique et cardiovasculaire. La restriction expérimentale de sommeil sur quelques jours augmente l'appétit et la faim par augmentation de la ghréline orexigéne et diminution de la leptine anorexigéne. Elle augmente l'insulino-résistance et diminue la sécrétion de l'insuline, créant un état prédiabétique. Elle augmente la sécrétion de cortisol, de growth hormone (GH) et active le système sympathique. De très nombreuses équipes se sont penchées sur les relations sur la durée de sommeil en population générale et ses corrélaires en termes de santé, constituant un des champs les plus riches en publication ces dernières années. Un temps de sommeil court augmente de 55 % le risque d'être obèse pour un diabète (par rapport à une norme de 7 heures de sommeil en moyenne) et de 9 % pour un enfant. Un temps de sommeil court est associé et également prédictif d'un diabète, indépendamment de l'obésité, il en est de même pour l'hypertension arterielle, les maladies coronaires, la mortalité d'origine cardiovasculaire (Gangwish et 2007,V.VIOT- blanc et 2010). Tous ces éléments sont suffisants pour attirer l'attention des pouvoirs publics et de la population sur les risques associés à une durée de sommeil trop courte et le danger de considérer le sommeil comme une perte de temps. Dormir plus de 9 heures augmenterait les maladies cardiovasculaires chez les personnes de plus de 60 ans ? Les hypersomnies (longue durée de sommeil) qui représentent 4-6 % de la population peuvent être également pathologiques. L'excès du sommeil peut être physiologique en rapport avec le cycle circadien, l'âge la grossesse. Il peut être anormal mais induit dans le cas d'une insuffisance de sommeil, le travail posté, les vols transméridiens, l'alcool et les médicaments. Il est anormal et pathologique, à savoir : Primo : soit primaire dans le cas de certaines pathologies du sommeil (la narcolespsie, hypersomnie idiopathique, le syndrome de Leine Levin). Secundo : soit secondaire à un traumatisme crânien, des infections, pathologies neurologiques, psychiatriques, le syndrome d'apnée du sommeil. Tercio : soit lié à un trouble du rythme circadien (retard et avance de phase). Les troubles du sommeil peuvent-t-il être un facteur de risque de maladies cardio-vasculaires, même chez les personnes en bonne santé ? Les troubles respiratoires du sommeil sont un facteur de risque des maladies cardio-vasculaires. Ceci s'explique par une série de mécanismes et de voies qui peuvent favoriser le développement des maladies cardio-vasculaires. Les apnées obstructives du sommeil (AOS) sont associées à une série de maladies cardiovasculaires allant de l'hypertension à l'insuffisance cardiaque (Bottini P 2003, Dincer HE 2006) .Les AOS constituent un facteur de risque indépendant dans le développement de l'hypertension, l'étude a démontré que les personnes atteintes d'AOS légères à modérés étaient deux fois plus susceptibles de développer de l'hypertension et que les personnes souffrant d'AOS sévères étaient près de trois fois plus exposées aux risques d'hypertension que celles qui ne présentaient pas cette maladie. La prévalence des maladies cardiovasculaires augmente au fur et à mesure de l'aggravation des AOS, les personnes atteintes d'AOS étaient deux fois plus exposées au risque de mort cardiaque subite (Mehrar 2006,Gami AS 2004,2005,Ryan CM 2005 …) Une bonne nuit de sommeil est indispensable à la santé, le manque de sommeil, quant à lui, peut avoir de sérieuses répercussions sur notre qualité de vie, affecter profondément notre santé et augmenter les risques d'accidents. Hélas, avec l'avènement d'une société active 24 sur 24, peu d'entre nous ont le luxe de dormir le nombre d'heures nécessaires pour se régénérer. La relation entre diabète et troubles du sommeil est une réalité scientifique qui ne semble guère intéresser les médecins et les diabétologues : la chronobiologie n'a pour l'instant presque aucune place dans la médecine moderne. Dans les sociétés modernes, la dette de sommeil est un phénomène très général, la vie moderne, le travail de nuit et les horaires variables bousculent tous les rythmes biologiques et hormonaux humains. La durée moyenne de sommeil a diminué de 20% en un siècle dans les pays industrialisés. Le manque de sommeil a de graves conséquences physiques, il diminue l'aptitude à métaboliser le sucre, augmente la faim et l'appétit, aggrave la prise du poids et l'obésité, risque accru du cancer du colon ou du rein. Le manque de sommeil perturbe toutes les fonctions physiologiques et rien dans notre biologie ne nous permet de nous adapter à un tel comportement, où près de 10 millions de personnes seraient concernées par des troubles du sommeil, selon un sondage de (TNS SOFRES MARS 2006). L‘apnée obstructive du sommeil qui est la forme la plus répandue des troubles respiratoires du sommeil est fréquemment retrouvée chez les personnes atteintes de diabète de type 2, des maladies cardio-vasculaires ou d'obésité .Cette pathologie touche 9 % des femmes et 24 % des hommes (Young T 2003). Parmi les facteurs de risque de cette pathologie, on retiendra le sexe masculin, le surpoids et l'obésité, l'âge, le tabac ,l'alcool, les médicaments sédatifs, les anomalies maxillo-faciales (inflammation nasale ou pharyngée, grosse langue, déviation de la paroi nasale, anomalie de la mâchoire, infiltration graisseuse ou tumorale, hypertrophie amygdalienne). Etant donné que ni l'opinion publique ni les professionnels de la santé ne sont suffisamment bien sensibilisés, la grande majorité des cas n'est pas diagnostiquée et reste donc non traitée alors qu'il s'agit d'une maladie grave qui peut avoir de lourdes conséquences. Le dépistage de cette pathologie par la polysomnographie coûte cher et n'est pas proposé dans tous les hôpitaux encore dans notre pays qui commence à développer les centres de sommeil ; ceux-ci sont très peu nombreux et existent uniquement dans la capitale. Tout diabétique de type 2 doit faire suspecter des troubles de sommeil et chez tout patient présentant des troubles du sommeil rechercher un diabète de type 2. Prés de 10 millions de personnes seraient concernées par des troubles du sommeil selon un sondage TNS SOFRES de mars 2006. Il est donc temps d'agir, d'adopter une approche ambitieuse et de faire du sommeil un sujet de santé publique à part entière. Quel bilan faites-vous de ces trois journées du 1er congrès international de la santé au naturel ? Le congrès s'est déroulé dans de bonnes conditions, l'accueil a été chaleureux et convivial et la prise en charge correcte. Je remercie toute l'équipe qui a participé à la préparation de ce congrès international sur la santé au naturel, particulièrement le Dr .Djebli, le recteur de l'université et les jeunes étudiants. (Suite et fin)