«Que les citoyens soient tranquilles, il n'y aura pas d'augmentations sur les prix du lait et ceux du pain», a-t-il dit, en ajoutant que «l'Etat a soutenu et continuera de soutenir ces prix». Il expliquera que la sécheresse touche une partie de l'Algérie, notamment les zones où l'on cultive de l'orge, ce qui cause l'inquiétude des éleveurs. Le nouveau dispositif pour la gestion de la filière du lait est mis en place et commence à donner ses fruits. Quand aux céréales, en particulier le blé tendre, l'Algérie a toujours assuré l'approvisionnement, même durant les périodes de sécheresse les plus dures, et ce n'est pas en ces moments de bonne production que cela va s'arrêter. C'est avec beaucoup de sérénité que l'annonce a été faite sur les ondes de la Chaîne III. Toutes ses dispositions anticipent une possible «psychose» engendrant une pénurie artificielle qui deviendra réelle, entretenue par les spéculateurs. «Spéculation sur les prix» est le terme exact qu'il faudrait utiliser, car ce sont les produits de première nécessité qui sont visés par les spéculateurs et la victime n'est autre que le citoyen qui parfois s'empresse d'acheter en grande quantité les produits en question. Les spéculateurs n'ont ni foi ni loi ; ils ne font pas beaucoup d'efforts pour convaincre et ce sont leurs victimes qui prennent parfois le relais : c'est de l'autoflagéllation ! Ces derniers temps, depuis que le ministère de l'Agriculture avait ordonné aux CCLS et OAIC de concasser l'orge afin d'éviter la spéculation sur ce produit, certains minotiers ce sont mis de la partie et ont vite mordu à l'hameçon des spéculateurs des aliments du bétail. Ces derniers achetaient du blé tendre au prix soutenu par l'Etat, 1 285 DA le quintal, auprès des CCLS pour le transformer et le revendre aux boulangers au prix de 2 000 DA. Pour les minotiers «non aguerris», la proposition des spéculateurs qui consiste à leur acheter leur produit brut à 2 000 DA est alléchante. Le minotier, alors, fait des calculs : il ne fera pas tourner les moulins, il n'emploiera pas de personnel, il ne payera pas de charges d'électricité, il n'achètera pas de sacs, et il ne payera pas d'emballage et les frais de publicité et d'étiquetage. Il ne sera pas contraint de vendre du son. Le compte est vite fait. Quant aux boulangers, ils s'approvisionneront ailleurs. Le blé tendre acquis par l'Etat au prix fort de 3 500 DA auprès des céréaliculteurs, et ensuite revendu aux minotiers pour le moudre en farine panifiable, se retrouvera en fin de compte dans la panse des brebis et des moutons qui seront engraissés. En définitive, l'Etat achète au céréaliculteur le blé tendre à 3 500 DA, le revend au minotier à 1 285 DA , qu'il le cède à son tour, transformé en farine panifiable, au boulanger à 2 000 DA pour que le prix de la baguette de pain arrive au citoyen à 8,50 DA. Le spéculateur entre en jeu pour l'acheter au minotier au prix de 2 000 DA en lui faisant miroiter les gains sans qu'il ne se fatigue pour qu'il le revende en tant que blé fourrager aux engraisseurs de moutons à raison de 3 300 DA. Comme ils en achètent sur les marchés mondiaux du blé fourrager impropre à la consommation humaine et le transforment en farine. L'Etat, en pensant au citoyen lorsqu'il augmente les quotas de blé tendre des minotiers, doit aussi penser à la pérennité et il doit vérifier au moins la facture d'électricité des minoteries. Quand aux spéculateurs sur la poudre de lait, l'été est encore loin, les fabriques de glaces sont en «dormance» et d'ici-là, espérons qu'il n'y aura pas de bis répétita.