Qualifié par certains de ministre pressé, il marque un point dans le projet d'amendement de la loi 02-03 du 17 février 2003 qu'il compte présenter dès le mois prochain. A quelques semaines du rendez-vous national à Alger de tous les acteurs du secteur du tourisme et de l'artisanat devant conduire à rétablir une configuration plus équilibrée des moyens existants ou à créer, Smaïl Mimoune est sorti de sa réserve. Il l'a fait pour préparer ce qui ressemble à une offensive tendant au développement du tourisme et de l'artisanat en Algérie. A ceux qui lui reconnaissent une intuition exceptionnelle des opportunités à exploiter et récusent ses qualités d'homme de terrain, le ministre a rétorqué par un plaidoyer en faveur du tourisme local, de la location en gérance libre au lieu de la privatisation des établissements hôteliers et touristiques publics, de la vente aux enchères des assiettes de terrain dans les zones d'extension touristique aux investisseurs intéressés par la réalisation d'hôtels et autres infrastructures de tourisme. D'où son insistance sur certaines dispositions de la loi 02-03 fixant les modalités d'utilisation et d'exploitation du littoral. Notamment celle relative à la préférence nationale à accorder aux investisseurs nationaux. Comme il a plaidé pour la réhabilitation des hôtels en désuétude pour les transformer en des établissements modernes new-look où le touriste sera roi. En impliquant dans sa démarche les présidents des APC et les chefs de daïra, il donne à son ministère les moyens de contrôler beaucoup en investissant peu. «C'est la seule façon de donner un ancrage solide à une démarche appelée à garantir le développement du secteur sans se soumettre aux appétits étrangers», diront plusieurs cadres du ministère présents à la rencontre régionale de Annaba. A une époque où plus de 1,5 million d'Algériens partent annuellement passer leurs vacances dans des pays étrangers avec les pertes en devises qui en découlent, il n'est plus question de ne pas considérer l'aspect qualitatif dans la prestation de services proposés en Algérie. «Tout animateur du secteur touristique doit se définir comme un manager prenant en compte les réalités du terrain sur lequel il opère. De nos jours, un manager doit être aussi un bon designer, ne serait-ce que pour défendre son entreprise de la concurrence extérieure», a estimé M. Mimoune au détour d'un phrase de son discours d'ouverture de la conférence régionale de Annaba. A-t-il été entendu par les participants qui ont parlé de période de vacances hivernales ou estivales ayant des allures d'exode des Algériens vers l'étranger ? Partout où ils peuvent se rendre, en France, Turquie, Tunisie ou Syrie, les Algériens dépensent sans compter pour leurs loisirs, détentes et acquisitions de produits censés être artisanaux et qui sont loin de l'être. Que faut-il faire pour les inciter à choisir une des régions de leur pays et y séjourner le temps de quelques jours de vacances ? Quels moyens mettre en application et quelle démarche adopter ? Quelles prestations de service à offrir à même de les satisfaire ? Tant de questions et bien d'autres sur lesquelles ont planché les participants de la rencontre de Annaba et sur lesquelles plancheront leurs homologues de Tipasa et Mostaganem. Comme pour les guider sur le chemin de la réflexion, M. Mimoun a parlé du transfert de l'école supérieure de l'hôtellerie d'Alger vers Tipasa. Comme il a annoncé la création d'une commission nationale de gastronomie appelée à réhabiliter les plats traditionnels algériens. Avant d'aborder le chapitre de l'artisanat, le ministre s'est longuement attardé sur les dispositions à prendre dans le cadre du tourisme balnéaire. Il a appelé au respect de la gratuité d'accès aux plages, à la prise en charge de l'entretien et l'embellissement des plages ainsi que des structures d'accueil, à la mise en place de camps de toile et structures légères d'hébergement et à l'organisation du marché du logement de vacances chez l'habitant. Dans le domaine de l'artisanat, le ministre a estimé qu'il est grand temps que l'on s'occupe de cet aspect. Tout en estimant qu'il est indissociable du tourisme, il a affirmé que le marché algérien de l'artisanat produit beaucoup mais écoule peu. «Notre ministère entamera des cycles de formation dans cette activité. Il ne se transformera pas pour autant en ministère formateur. Nous allons également collaborer avec le ministère de la Culture pour la réhabilitation des sites historiques et des vieilles villes dans toutes les régions du pays», a annoncé le ministre. Il a, par ailleurs, indiqué que ses services planchent actuellement sur une étude à même de permettre de mieux maîtriser les rouages de l'écoulement des produits artisanaux. Il a précisé que pour le court terme, des chapiteaux seront créés sur les plages et des stands seront prévus dans les relais autoroutiers pour le commerce des produits artisanaux.