Il est vraisemblable que la rue de Grenade qui monte de la Plaza Nueva vers le très beau palais mauresque de l'Alhambra s'appelle Cuesta Gomerez en remerciement de l'aide donnée par los Gomerez et los Gomeros pour la découverte du Nouveau Monde et en raison de la mort de certains d'entre eux dans ce 1er voyage. Cinq siècles plus tard, le nom de famille Gomerez existe toujours dans la République Dominicaine. Les Gomerez sont métis, car ils se sont mariés avec les Noirs africains, qui sont arrivés plus tard à la République Dominicaine. Une femme dont le nom de famille est Gomerez, originaire de la République Dominicaine, racontait un jour : «Ce qui est frappant chez nous, c'est que nous sommes métis et parmi les Gomerez que nous sommes, il y a des hommes et des femmes qui ont des yeux clairs et surtout de beaux yeux verts… » Elle ajoute : «La majorité des habitants de la République Dominicaine savent d'où ils viennent, sauf nous les Gomerez… ». Enfin, certains d'entre eux, ont immigré vers d'autres pays de l'Amérique et de l'Europe. Références : Christophe Colomb : La découverte de l'Amérique. André Petit : Les Canaries. Claude Dervenn : Les Canaries. Luis de Lucena : Plano Arabe de Granada. Film 1492, Christophe Colomb. Francisco Lopez de Gomara Francisco Lopez de Gomara est un historien espagnol du XVIe siècle, originaire de Séville en Andalousie. Du temps d'Al-Andalus, la présence des Gomaras (Ghomara) était bien connue à Séville et comme il a été mentionné dans un article précédent, et la Giralda de la mosquée de Séville avait été construite par Ali de Gomara au XIIe siècle, lors de la gouvernance des Almohades. Quelques siècles plus tard, les Gomaras étaient toujours à Séville jusqu'à la période où cette ville avait été reprise par les rois chrétiens. Ainsi, Francisco Lopez de Gomara est né en 1510/1511 à Séville. Il a effectué ses études à l'Université d'Alcala, qui était située à Alcala de Henares. En l'an 1540, après un voyage à Rome, Francisco Lopez de Gomara est devenu, prêtre et secrétaire au service du conquistador Hernan Cortès et devint son historiographe officiel. C'est ainsi qu'il a eu accès à des informations de première main de la part de nombreux voyageurs venant des Amériques tels que Gonzalo de Tapia, Bernal Diaz del Castillo. Dans son célèbre livre, l'Histoire générale des Indes, il décrit avec précision la colonisation européenne des Amériques... Ce livre a été publié en espagnol à Saragosse en 1552, ensuite en italien à Venise en 1560 et enfin en Français à Paris 1578. Le 17 novembre 1553, le prince Philippe d'Espagne, futur Philippe II, confisque à Valladolid par décret toutes les copies de ce livre et interdit sa réimpression. Cette interdiction a été levée en 1727 par Don Andreas Gonzalez Martial qui a introduit Francisco Lopez de Gomara dans sa collection des Premiers historiens du Nouveau Monde. Montaigne s'inspire de ce livre quand il rédige son Essai I (Des Cannibales). En l'an 1541, Francisco Lopez de Gomara a accompagné Hernan Cortès lors de sa participation au siège d'Alger auprès de l'empereur Charles V, contre l'Empire ottoman représenté par Barberousse Kheïr-Eddine Pacha. Selon l'historien Michel Hervé, l'empereur Ottoman Soliman le Magnifique avait confié sa flotte à Barberousse Kheïr-Eddine depuis 1533. Finalement, cette expédition s'est terminée par une défaite et ils sont rentrés en Espagne. Après le décès de Hernan Cortès, Francisco Lopez de Gomara était resté à Valladolid (Ballad Walid) en 1556/1557, avant de prendre sa retraite à Séville. Références : Sites sur Internet pour l'histoire de Francisco Lopez de Gomara. Michel Hervé : les Débuts de la Régence d'Alger de 1518 à 1566. Les Gomaras dans l'île de Majorque aux Baléares Introduction La présence humaine dans les îles Baléares remonte à la préhistoire, plus précisément depuis 6 000 à 4 000 ans avant Jésus-Christ : les Carthaginois, les Romains (123 avant J.-C.), les Vandales (l'an 425) et Byzance (l'an 534). La domination de Byzance sera de courte durée, car l'an 707 voit le premier débarquement des musulmans. Après 2 siècles, c'est-à-dire en l'an 903, les îles Baléares sont intégrées à la dynastie des Omeyyades. Les géographes et les historiens arabes les nommaient les îles de Sharq Al-Andalus. Les premiers nous décrivent les contrées paradisiaques et les seconds nous racontent leur histoire, indispensable pour comprendre l'état dans lequel elles se trouvaient à l'arrivée des Catalans. Grâce aux historiens, archéologues et linguistes d'aujourd'hui, Majorquins et continentaux, nous avons une meilleure connaissance de l'origine des populations, de l'organisation social,... Le voile se lève peu à peu sur le passé musulman des îles de Sharq Al-Andalus, nous annoncent Agnès et Robert Vinas dans leur livre la Conquête de Majorque. Les îles Baléares sont composées de : Majorque (Mallorca) : Madinat Mallorca, l'actuelle Palma de Majorque, fut occupée par les Carthaginois, les Romains, les Vandales, les musulmans et les chrétiens. Dans la période musulmane, cette île fut gouvernée par les Omeyyades, les Amirides, le royaume de Saragosse, les Almoravides et les Almohades. Le géographe Ibn Al-Hawqal du Xe siècle, dans son livre Kitab Surat Al-Ard : «Cette île, éloignée de la côte, fait face à la France. Elle est très florissante et abonde en arbres fruitiers ; on y trouve du bétail à bas prix, à cause du grand nombre de pâturages. Il y a un élevage étendu de bestiaux : les épidémies sont inexistantes et la mortalité par maladie extrêmement rare. Il n'y a ni danger d'infection, ni bêtes sauvages, terreurs des troupeaux...» Le grand poète andalous du XIe siècle, Ibn Al-Labbana Al-Andalusi, en parlant de l'île de Majorque, a dit : «C'est un pays auquel la colombe a prêté son collier ; et que le paon a revêtu de sa robe de plumes.On dirait que les cours d'eau y sont vin, et que les patios des maisons sont des coupes.» Le géographe Al-Zuhri du XIIe siècle, dans son livre Kitab Al-Dja'râfiyya : «On trouve en son centre une montagne d'où descend un fleuve qui partage l'île et irrigue l'ensemble de ses terres. L'excédent de ses eaux traverse Médina Mallorca. Dans cette cité, il y a de merveilleuses constructions dont un grand fort visible à une distance de deux jours en mer. Il y a dans l'île une grande et haute forteresse qui est bâtie dans un lieu désertique. Ses fortifiations sont réputées et elle est connue sous le nom de Khisn Alarûn... Dans cette île il y a beaucoup de céréales et de fruits. Ces habitants sèment le coton et le lin. Ils importent la soie d'Al-Andalus... C'est une île où l'air et l'eau sont agréables. Ces habitants sont corrects et consciencieux. Parmi eux, il en est de doux et de braves. Ils sont hommes de bonne conduite et beaux.» Le géographe Ash-Shaqundi du XIIIe siècle, dans son livre Risâla fi fadl Al-Andalus : «L'île de Majorque est l'une des terres de Dieu les plus peuplées et les plus fécondes en semailles, provisions et cheptel... Sa prospérité, son indépendance, la densité de sa population, la surface de ses terres cultivables l'enrichissent. Elle possède en outre bien d'autres avantages.» Le géographe Al-Maqqari du XVIe siècle, dans son livre Nafh-t-Tib : «L'île de Majorque peut être traversée en une journée. Sa capitale est une belle cité et elle possède une séquia où coule l'eau toute l'année.» Selon l'historien Al-Himyari du XIIIe siècle, dans son livre Kitab Ar-Rawd Al-Mi'tar : «L'île de Majorque fut conquise par les musulmans, en 903.» L'expédition catalano-pisane de Ramon Berenguer III, en 1114. Les gouverneurs de l'émir Almoravide Youssef Ibn Tachfin y succédèrent, entre 1114 et 1148. Les membres de la famille des Banu Ghaniya, de Mohammed Ibn Ali Ibn Ghaniya Al-Massoufi jusqu'à Abdallah Ibn Ishaq, gouvernèrent cette île de façon indépendante entre 1148 et 1203, puis ce fut l'arrivée des Almohades en 1203. (A suivre)